Mettant en scène des drag-queens réunies autour d’un banquet, un tableau de la cérémonie d’ouverture interprété comme une représentation de la Cène fait polémique.
Au milieu de son époustouflante cérémonie d’ouverture, Thomas Jolly a glissé la fresque mythique de Leonard de Vinci reconstituant le dernier repas du Christ au milieu de ses apôtres.
Seulement voilà, les principaux personnages du chef-d’œuvre du peintre italien étaient cette fois incarnés en chair et en os par des drag-queens, un mannequin transgenre et sur la table, sous une cloche géante, Philippe Katerine en Dionysos quasiment nu.
L’un des moments les plus spectaculaires de la soirée pour les uns.
L’un des plus choquants pour les autres. L’audace du metteur en scène n’a pas du tout plu à l’Eglise. Dans un communiqué publié samedi, la Conférence des évêques de France (Cef) a déploré une cérémonie qui «a malheureusement inclus des scènes de dérision et de moquerie du christianisme».
«Ce matin, nous pensons à tous les chrétiens de tous les continents qui ont été blessés par l’outrance et la provocation de certaines scènes», écrit aussi l’Episcopat français, tout en ajoutant que la cérémonie d’ouverture a offert «de merveilleux moments de beauté, d’allégresse, riches en émotions et universellement salués».
«L’idée est d’apporter un regard nouveau»
«On ne tourne rien en ridicule, se défend Piche, drag-queen révélée par l’émission Drag Race qui a participé à la séquence. Personne n’était habillé en Jésus, personne ne le parodiait, ni dans les accoutrements ni dans les comportements. L’idée est d’apporter un regard nouveau.
Dans le passé, il y a eu énormément de représentations de la table des apôtres et cela n’a jamais choqué personne. Comme par hasard, quand ce sont les Lgbt et les drags, cela dérange. Mais on est habitués. Les gens sont obsédés par les questions de genre qui dérangent les conservateurs.»
De son côté, Thomas Jolly assume ses intentions de départ.
«Cette cérémonie est politique pour moi, dans le sens de polis, le mot grec, elle réunit la cité, le continent, le monde, a souligné le metteur en scène de la cérémonie samedi matin en conférence de presse. Il n’y a pas de volonté d’être subversif ou de choquer, mais de dire que nous sommes ce grand Nous, avec les idées républicaines d’inclusion, de générosité, de solidarité dont nous avons follement besoin.
Ici, la création artistique est libre, on a cette chance.
Il n’y a pas la volonté de passer des messages militants, mais des messages républicains : en France on a le droit de s’aimer comme on veut, en France on a le droit de croire ou ne pas croire. L’idée était de faire transparaître ces valeurs-là.»
Le Parisien