Diarrhée du voyageur : une maladie fréquente auprès des vacanciers

Qu’on l’appelle poétiquement  » courante  » ou tourista, la diarrhée épargne rarement les voyageurs. Et si la distance parcourue semble statistiquement augmenter le risque de la contracter, nul n’est à l’abri de l’indésirable même dans les pays voisins. Question d’hygiène et de santé intestinale. En compagnie du docteur Laurence Bamps, spécialiste des Maladies infectieuses aux Cliniques Universitaires Saint-Luc, nous faisons le tour de la question.

Une perturbation du transit, qui peut être aussi bien accéléré que ralenti, peut être liée au voyage lui-même. Un déplacement en voiture de plusieurs heures, un vol en avion avec toute la nervosité que cela peut comporter peut déjà perturber nos organismes. Ce type de désagrément ne présente aucun caractère de gravité.

 » On sait que le stress peut agir sur le système digestif.

On va changer ses habitudes, peut-être manger autrement, plus épicé, sur le pouce à l’aéroport, sans vraiment prendre le temps. Cela peut peser sur les voyageurs présentant une fragilité intestinale ou souffrant d’un côlon irritable. Cette diarrhée-là passera comme elle est arrivée. D’elle-même sans soins particuliers « .

Par définition, une diarrhée significative est celle qui vous conduit aux lieux d’aisances pour y évacuer des selles liquides ou molles au moins 3 fois par jour.  » Lorsque les symptômes apparaissent de façon aiguë, elle peut être d’origine infectieuse. C’est une maladie liée à des micro-organismes transmise soit par autrui, soit au travers de la consommation d’eau ou d’aliments contaminés « .

Parmi les responsables on trouve des bactéries comme E. coli, Salmonella, Shigella, ou Campylobacter.

Mais aussi des virus comme le Norovirus ou le Rotavirus et encore des parasites comme Giardia, Cryptosporidium ou encore Cyclospora.

Notons que régulièrement, les germes en cause ne sont pas retrouvés dans les échantillons cliniques des patients.

Toujours une notion de salubrité et d’hygiène

Que l’on contracte l’agent pathogène par contact, par ingestion ou par respiration, on trouve fréquemment un déficit hygiénique.  » Mains mal ou pas lavées, eau contaminée utilisée dans la préparation des aliments, ou encore chaîne du froid non respectée  » précise le docteur Bamps.

 » Les symptômes dépendront bien sûr de l’agent infectieux et de sa virulence ; il est fréquent qu’il disparaisse spontanément après quelques jours sans qu’un traitement soit nécessaire. Les symptômes accompagnants varient entre ballonnements, crampes abdominales, nausées et vomissements. Dans les cas les plus sévères, les selles seront accompagnées de sang, de pus ou de glaires, et l’infection se caractérisera souvent par de la fièvre.

Une attention particulière doit tout de même être portée sur les jeunes enfants, les personnes âgées et fragiles qui se déshydrateront plus rapidement que les autres malades.

Il leur est conseillé de prendre des solutions de réhydratation orale pour compenser les pertes liquidiennes. En effet, pour absorber l’eau, les intestins ont besoin de sucres et de sels, éléments contenus dans ces solutions « .

Quant aux médicaments antidiarrhéiques à l’efficacité reconnue, il faut bien analyser la situation et les bénéfices.

Pour que les selles redeviennent solides, le lopéramide ralentit le transit intestinal et augmente l’absorption d’eau et d’électrolytes dans les intestins. 

 » Mais ce phénomène ralentira l’évacuation des bactéries, virus et autres éventuels parasites des intestins. Il faut en effet se souvenir que la diarrhée est un mécanisme de défense développé par l’organisme. Plutôt que d’être expulsés comme le corps le souhaiterait, les germes seront emprisonnés plus longtemps « .

Une constipation est également un effet indésirable potentiel prévisible à la prise de ce médicament, que tout le monde possède dans sa trousse de voyage.

En l’absence de signes de gravité, un tel médicament peut donc être pris pour contrôler les désagréments d’une diarrhée incommodante. Par contre, il est complètement proscrit en cas de diarrhées présentant des signes de sévérité.

En cas de doute, il est plus prudent de consulter un médecin.

Les diarrhées imposent de disposer rapidement d’un lieu d’aisances

Les cas les plus graves nécessitent un avis médical

La diarrhée peut aussi malheureusement parfois présenter des signes cliniques plus inquiétants.  » C’est le cas lorsque les passages à selles s’accompagnent de sang, de pus ou de glaires combinées à des montées de fièvre ou à des fortes douleurs abdominales. Dans ce cas, une visite médicale s’impose et des antibiotiques seront probablement prescrits « .

Dans certains cas, si les pertes de liquide et d’électrolytes sont importantes, une réhydratation en milieu hospitalier sera nécessaire.

Notons qu’une préparation de ses intestins avant ses déplacements à l’étranger, même si elle est très à la mode, n’a pas démontré formellement de bénéfice. Les probiotiques sont censés renforcer la flore intestinale, qui serait alors plus à même de supporter les hôtes agressifs et indélicats.

 » La littérature récente ne rapporte pas de bénéfice probant à la prise de tels probiotiques dans cette indication « .

Les seuls conseils préparatoires au voyage, surtout dans des pays plus exotiques ou en dehors des flux touristiques, sont ceux du bon sens et de la prudence.  » Se laver soigneusement les mains après un passage aux toilettes et avant de manger. Privilégier des eaux en bouteilles commerciales scellées pour s’hydrater mais aussi pour se laver les dents, éviter les glaçons locaux, certes rafraîchissants mais susceptibles de vous gâcher sérieusement le voyage.

Préférer les aliments bien cuits et bouillis aux crudités peut-être lavé avec de l’eau insalubre. Enfin, pelez systématiquement les fruits et légumes s’ils sont consommés crus « .

rtbf

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