Dans les fonds marins au large du continent africain, une partie du patrimoine historique est encore invisible et inexploité. Épaves de bateaux de différentes époques, villages préhistoriques enfouis sous l’eau, objets du quotidien tombés de navires. Quelques archéologues ou professionnels du patrimoine commencent depuis une dizaine d’années à s’intéresser à ce qui se cache sous l’eau.
Certains se sont retrouvés en juin 2024 au Cap Vert dans le cadre d’un chantier-école de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) pour renforcer leurs capacités.
Au large de Cidade Velha, première ville coloniale du Cap-Vert, Cezar Mahumane remonte sur le bateau, une bouteille d’oxygène dans le dos.
Il vient d’explorer à vingt mètres de profondeur un site où sont concentrés des poteries, des céramiques et des ancres, a relaté, dans un reportage, l’envoyée spéciale de Radio France internationale (RFI) à Praia, Théa Ollivier.
« C’est très intéressant de faire la comparaison entre ce que nous avons ici et là-bas.
À cause des distances, vous pouvez avoir une idée de l’ampleur des contacts et comprendre que la mondialisation dont nous parlons aujourd’hui n’est pas nouvelle. Et heureusement, le matériel archéologique peut le prouver », a dit l’archéologue qui plonge depuis dix ans et venu du Mozambique pour renforcer ses compétences au Cap-Vert.
RFI rappelle qu’au Mozambique, les archéologues fouillent les fonds marins depuis 2014, tout comme au Sénégal.
Moussa Wele, l’un des premiers archéologues sous-marins sénégalais, a fait une thèse sur le potentiel subaquatique de son pays. « Ce sont des sites liés à la préhistoire, surtout avec la période néolithique. Nous pouvons remonter jusqu’à des phases historiques comme les deux guerres mondiales, mais aussi des périodes plus récentes », a expliqué M. Wele.
Pour sa part, Musa Foon a souligné que d’autres pays, comme la Gambie, ont encore des vestiges subaquatiques inexploités.
M. Foon travaille au centre national des arts et de la culture de la Gambie. Il est le premier à avoir été formé à l’archéologie sous-marine dans son pays. « Nous avons beaucoup d’épaves et des artefacts qui sont encore actuellement sous l’eau. Deux grands bateaux ont coulé dans le fleuve Gambie autour du 18ème siècle mais personne ne les a jamais explorés pour voir dans quelles conditions ils se trouvent ».
Pour l’historien portugais João Paulo Oliveira e Costa, qui dirige la chaire de l’Unesco sur le patrimoine des océans, l’archéologie sous-marine est importante sur le continent car elle permet de remonter à plus de 10 000 ans.
« Les matériaux les plus anciens qu’un archéologue subaquatique travaille, ne sont pas des navires mais des villages néolithiques submergés dans la Méditerranée ou la Mer noire. Il y a des villes avec des statuts et des bâtiments plus développés qu’un village néolithique », a-t-il expliqué dans le reportage réalisé par nos confrères de RFI. La convention de 2001 de l’UNESCO pousse à connaître, documenter et protéger le patrimoine culturel subaquatique.
VivAfrik