Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI à l’occasion de l’anniversaire des 25 ans de son règne, Emmanuel Macron dit considérer que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ». Un pas de plus vers la reconnaissance de la « marocanité » de ce territoire, cheval de bataille diplomatique du Maroc depuis de nombreuses années.
La France a fait un pas important en direction de Rabat mardi, renforçant son soutien au plan marocain pour le Sahara occidental désormais considéré comme « la seule base » permettant de résoudre le conflit avec les indépendantistes du Polisario, vieux de près de 50 ans. Le Cabinet royal marocain a salué une « évolution importante et significative en soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara ».
Sans reconnaître expressément la « marocanité » du Sahara, le président français Emmanuel Macron, affirme dans la lettre qu’il a adressée au souverain marocain que « pour la France, l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue. Notre soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant. Il constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ».
Un soutien attendu par Rabat
« Cette annonce de la République française, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, constitue une évolution importante et significative en soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara », a estimé le Cabinet royal dans un communiqué.
Ce geste, décrié par Alger, qui soutient les indépendantistes sahraouis, était attendu par le Maroc, pour qui la question du Sahara est une « cause nationale » et dont les relations avec la France s’étaient fortement refroidies ces dernières années.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est contrôlé en majeure partie par le Maroc – qui propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Ce territoire riche en phosphates et aux eaux poissonneuses est aussi revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, qui réclament un référendum d’autodétermination prévu lors d’un cessez-le-feu en 1991 mais qui n’a jamais été organisé.
La France emboite le pas des États-Unis et de l’Espagne
Enhardi par la reconnaissance par l’administration américaine de Donald Trump, fin 2020, de sa souveraineté sur ce territoire, en contrepartie d’un rapprochement avec Israël, le Maroc déploie depuis une diplomatie offensive pour rallier d’autres pays à ses positions.
En 2022, l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale au Sahara occidental, avait fait volte-face en abandonnant sa neutralité sur le sujet et en jugeant l’initiative marocaine « comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend », réchauffant ainsi des relations tendues avec Rabat.
Avec ce geste, Emmanuel Macron, semble vouloir tourner la page d’une période de tensions extrêmement fortes entre le Maroc et la France, ancienne puissance coloniale où vit une importante diaspora marocaine. La politique de rapprochement avec l’Algérie notamment, voulue par Emmanuel Macron depuis son élection en 2017,avait irrité le Maroc au plus haut point.
L’Algérie fait part de sa « désapprobation »
Cependant la lettre adressée au roi du Maroc mécontente fortement Alger. L’Algérie « tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française » et dont le gouvernement français « assume seul la pleine et entière responsabilité », a menacé le ministère des Affaires étrangères algérien.
Informé quelques jours plus tôt, Alger dénonce « des puissances coloniales, anciennes et nouvelles, [qui] savent se reconnaître, se comprendre et se tendre des mains secourables », dans une allusion à la France et au Maroc.
L’Algérie a rompu en 2021 ses relations diplomatiques avec le Maroc en raison d’ »actions hostiles » imputées au royaume chérifien.
afp