Le roi Mohammed VI a gracié plus de 2000 prisonniers, dont trois figures emblématiques emprisonnées depuis plusieurs années. Une décision été accueillie avec soulagement par leurs familles et les défenseurs des droits humains.
La grâce royale offre un souffle d’espoir aux défenseurs des droits humains au Maroc. Trois journalistes et un intellectuel emprisonnés dans ce pays d’Afrique du nord ont été graciés lundi par le roi Mohammed VI, à l’occasion de la fête du trône qui marque son intronisation il y a 25 ans.
Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine, trois journalistes détenus depuis plusieurs années, et Maâti Monjib, historien et défenseur des droits humains, ont été graciés, a indiqué un responsable marocain, sous le couvert de l’anonymat.
Au total, 2 476 l’ont été, a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué.
« La Grâce Royale se démarque par son caractère humain, et a été accueillie avec profonde gratitude par les familles des graciés », a affirmé à l’AFP Hicham Mellati, directeur des Affaires pénales et de grâce au ministère de la Justice.
Punis à cause de leurs opinions ?
En juillet 2023, la Cour de cassation du Maroc, la plus haute instance judiciaire du royaume, avait rejeté le pourvoi de Radi (38 ans) et Raissouni (52 ans), confirmant leurs condamnations à respectivement six et cinq ans de prison ferme dans des affaires d’agressions sexuelles (et d’espionnage pour le premier).
Le pourvoi de Bouachrine, 55 ans, fondateur et éditorialiste d’un quotidien arabophone, avait été rejeté en 2021. Incarcéré depuis 2018, il a écopé de 15 ans de prison pour « viol », « traite des êtres humains » et « agressions sexuelles » à l’encontre de plusieurs femmes.
Les trois journalistes ont nié en bloc les charges et affirmé avoir été punis à cause de leurs opinions.
Mais pour les autorités marocaines, ils ont été jugés pour des crimes de droit commun qui « n’ont rien à voir » avec leur profession ni le respect de la liberté d’expression. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) avait appelé l’an dernier à leur grâce à l’occasion de la fête du trône.
Accusations rejetées
Historien et défenseur des droits humains, Maâti Monjib, 62 ans, a lui été condamné en première instance début 2021 à un an de prison ferme pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’État » au terme d’un procès ouvert en 2015.
Cet intellectuel est aussi sous le coup d’une instruction judiciaire depuis 2019 pour « blanchiment de capitaux », ce qui lui a valu trois mois de détention préventive avant qu’une mesure de liberté provisoire ne lui soit accordée en mars 2021, au terme de 20 jours de grève de la faim.
Il est accusé de malversations dans la gestion d’un centre qu’il avait créé pour promouvoir notamment le journalisme d’investigation. Des accusations qu’il rejette.
leparisien