A l’appel des Forces vives de Guinée (FVG), il est prévu, les 30, 31 juillet et 1er août 2024, des manifestations de rue sur toute l’étendue du territoire. Les organisateurs entendent ainsi exiger des autorités, la libération de tous les activistes arrêtés ou enlevés, la restitution des agréments des médias fermés afin de faciliter leur réouverture.
Et, conjoncture nationale oblige, les FVG comptent également saisir l’occasion pour interpeller les autorités sur le renchérissement du coût de la vie doublé de la baisse du pouvoir d’achat des Guinéens. En réaction, les autorités, plutôt que de se montrer réceptives en prenant en compte les préoccupations soulevées, ont préféré bander les muscles. En effet, dans un communiqué rendu public, le procureur général près la Cour d’appel de Conakry, menace de poursuivre les organisateurs de ces manifs.
Il les invite expressément à y renoncer sous peine de se voir opposer la loi dans toute sa rigueur.
Pour le parquetier, les manifestations de rue étant interdites jusqu’à nouvel ordre, ce serait de la bravade que de ne pas se plier à cette règlementation en vigueur. Dont acte ! Le président Mamadi Doumbouya marche dans les pas d’Alpha Condé, s’il ne fait pas pire que celui qu’il a renversé et qu’il accusait de tous les péchés… de la Guinée.
Car, voilà un homme qui est arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat, du reste, salué par bon nombre de ses compatriotes, et qui, envers et contre tous, a verrouillé tous les espaces, quand il ne porte pas allègrement atteinte aux libertés individuelles et collectives.
Si Mamadi Doumbouya veut d’une transition apaisée, il gagnerait à tendre la main aux FVG
Voilà un homme qui, après près de deux ans de transition, ne semble pas prêt à rendre le pouvoir aux civils et ce, alors même que la Guinée, contrairement aux pays du Sahel en transitions, ne fait face à aucune crise majeure rendant impossible l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes. Et, comme s’il était convaincu de son fait, il mène tout le monde au pas, se refusant à tout dialogue avec les forces politiques et sociales de la Guinée.
Tel un tyran des temps modernes, il fait place-nette, procédant systématiquement à l’étouffement de toute voix discordante dans son pays.
En témoigne l’enlèvement, dans les conditions que l’on sait, des deux cadres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) que sont Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah. En tout cas, Mamadi Doumbouya, avec ses méthodes spartiates dignes de Néron, file du mauvais coton. S’il veut d’une transition apaisée, il gagnerait à tendre la main aux FVG qui, faut-il le rappeler, ne comptent pas pour du beurre.
Car, cette plateforme, composée d’acteurs politiques et de la société civile, dispose d’une grande capacité de nuisance.
Si fait qu’à défaut de l’avoir avec soi, il faudra éviter de se la mettre à dos. Et Doumbouya, mieux que quiconque, le sait. N’est-ce pas cette plateforme qui a pourri la vie à Alpha Condé, ouvrant la voie au putsch du 5 septembre 2021, lui ayant permis d’accéder au pouvoir ?
Le Pays