Présidentielle contestée au Venezuela : Nicolas Maduro menace d’envoyer ses opposants en prison

De plus en plus sous pression internationale pour justifier de sa réélection contestée, le président vénézuélien Nicolas Maduro répond par l’attaque. Il a menacé, mercredi 31 juillet, d’emprisonner les deux chefs de l’opposition, la dirigeante Maria Corina Machado et son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia.

« Edmundo Gonzalez Urrutia, montrez votre visage, sortez de votre cachette, ne soyez pas lâche, Maria Corina Machado (…) vous avez du sang sur les mains », a déclaré Nicolas Maduro lors d’une conférence de presse avec des correspondants étrangers au palais présidentiel de Miraflores. « Ils n’arriveront jamais au pouvoir. (…)

Ces personnes doivent être derrière les barreaux et la justice doit être rendue. »

Il s’agissait de la première conférence de presse organisée depuis presque deux ans avec la presse étrangère, au cours de laquelle Nicolas Maduro a brandi la Bible, a affirmé avoir « le soutien de Dieu », se disant « David contre Goliath », dans un discours plein de défiance contre « l’impérialisme » américain, les pays occidentaux ou encore l’Union européenne… « Nous ne laisserons pas semer la haine, la division et le fascisme au Venezuela », a-t-il encore lancé.

La cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, déclarée inéligible, avait été remplacée au pied levé par Edmundo Gonzalez Urrutia.

Tous deux sont à la pointe du mouvement de contestation du scrutin, alors que l’opposition conteste dans la rue les résultats et dénonce une « fraude massive ». Ils affirment détenir les preuves de la victoire de leur candidat et ont demandé au Conseil national électoral (CNE) de publier le détail du vote, tout en exigeant que les bulletins soient recomptés de manière transparente.

Répression des mobilisations

Dans un message sur X, Maria Corina Machado a appelé à la mobilisation. « Nous avons proposé au régime d’accepter démocratiquement sa défaite (…) mais il a choisi la voie de la répression (…) Il nous appartient maintenant à tous de faire valoir la vérité. Mobilisons-nous », écrit-elle.

Depuis lundi, au moins onze civils ont été tués au cours des manifestations, selon des ONG.

Les autorités ont fait état d’un douzième mort, un soldat tué par balle. Selon le parquet, 77 fonctionnaires ont été blessés, et plus de 1 000 personnes interpellées. La cheffe de l’opposition, Maria Corina Machado, a parlé mercredi d’un nouveau bilan de « 16 meurtres » et « 11 disparitions forcées » notamment.

« J’alerte le monde sur l’escalade cruelle et répressive du régime », a-t-elle dénoncé sur X, fustigeant les « crimes » et la « réponse criminelle de Maduro au peuple vénézuélien descendu dans la rue ».

Plusieurs ONG, dont Amnesty International, ont dénoncé mercredi dans un communiqué commun « l’usage disproportionné de la force par les forces de sécurité vénézuéliennes » et exigé des autorités qu’elles « respectent et garantissent la liberté d’expression et de réunion pacifique ».

Mercredi, à l’appel du pouvoir, des centaines de partisans de Nicolas Maduro sont descendus dans la rue pour rallier le palais présidentiel de Caracas et leur faire part de leur soutien. Ils ont notamment scandé : « No volveran », allusion au « No pasaran » des Républicains espagnols contre les franquistes.

Les partisans du président vénézuélien Nicolas Maduro lors d'un rassemblement à Caracas, mercredi 31 juillet 2024.

Un peu plus tôt dans la journée, lors d’une visite au siège de la Cour suprême au côté de son épouse, Nicolas Maduro s’est dit « prêt à publier 100 % » des pièces justifiant de sa réélection.

« Très bientôt, ils vont voir que Dieu est avec nous et que les preuves sont déjà apparues. (…) Je suis prêt à être convoqué, interrogé, de toutes parts (…), a assuré Nicolas Maduro, en forme de réponse à la pression internationale croissante depuis ces dernières 24 heures.

Appel à de la transparence concernant les résultats

À l’unisson de la plupart des pays occidentaux, les États-Unis, se disant « à bout de patience », ont réclamé que les « autorités électorales vénézuéliennes » publient « les résultats entiers et détaillés de cette élection, pour que tout le monde puisse voir les résultats ».

Dans la matinée, le G7 a appelé Caracas à « publier en pleine transparence les résultats électoraux détaillés », tandis que le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a appelé à « mettre fin à la répression et à la rhétorique violente contre les membres de l’opposition ».

Mercredi, le Conseil permanent de l’Organisation des États américains (OEA) a rejeté, faute de majorité, une résolution exigeant la publication des détails du vote ainsi qu’une « vérification complète des résultats en présence d’observateurs internationaux ».

Luis Almagro, secrétaire général de l’OEA, va demander à la Cour pénale internationale (CPI) d’inculper le président Nicolas Maduro et d’émettre un mandat d’arrêt à son encontre pour le « bain de sang » au Venezuela.

Lors d’un discours devant l’OEA, le chef de la diplomatie américaine pour l’Amérique latine, Brian Nichols, a déclaré que Edmundo Gonzalez Urrutia avait « clairement » battu Nicolas Maduro, affirmant que l’écart se comptait même en « millions de voix ».

Dans la région, le président colombien Gustavo Petro, qui a pourtant renoué les liens ces deux dernières années avec le Venezuela chaviste, a lui aussi exprimé de « sérieux doutes » sur les résultats et demandé un « décompte transparent » des voix et des procès-verbaux.

AFP

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