Romy Andrianarisoa, l’ancienne directrice de cabinet du président malgache est apparue libre samedi 3 août sur la chaîne TV5 Monde et a promis son retour prochain à Madagascar. Deux mois plus tôt, l’ex-bras droit d’Andry Rajoelina avait été condamné à 3 ans et demi de prison par la justice britannique pour flagrant délit de corruption. Face aux justifications de l’intéressée livrée à la télévision française samedi soir, et à l’absence de toute réaction britannique, scepticisme et interrogations à Madagascar.
Sa condamnation par les juges londoniens avait fait date le 10 mai 2024. « Je suis totalement blanchie » et « libre » assure désormais Romy Andrianarisoa qui justifie cette décision par une « conduite exceptionnelle » pendant sa détention.
En l’absence, pour l’heure, de communication officielle des autorités britanniques, cette version des faits comme les circonstances de sa libération interrogent.
À noter que l’ex-cheffe de cabinet de la présidence, détenue près de 11 mois, a purgé un quart de la durée totale de sa peine, soit la durée minimale requise pour pouvoir activer le dispositif dit de libération anticipée prévue dans la loi britannique pour les détenus étrangers.
« Il n’y a pas de blanchiment »
Alors que le Royaume-Uni, confronté à une crise d’ampleur dans ses prisons, multiplie les efforts pour alléger sa population carcérale, Romy Andrianarisoa pourrait en avoir bénéficié, estime Aurélien Antoine, professeur et spécialiste du droit anglais.
« Cette délinquance en col blanc bénéficie souvent de ce type de remise de peine, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont libérés sans contrôle.
Pour le cas de la personne intéressée [Romy Andrianarisoa], elle n’aura pas vocation à rester sur le territoire britannique, par exemple. Évidemment, il n’y a pas de blanchiment. Ce n’est pas parce que vous sortez de prison que les actes qui vous ont été reprochés et qui ont conduit à devoir supporter une peine, ont disparu. »
« L’occasion d’actionner la justice anticorruption » à Madagascar
Ketakandriana Rafitoson, membre de l’association de lutte contre la corruption Transparency International – Initiative Madagascar regrette le signal envoyé par cette décision. La directrice exécutive de Publiez de ce que vous payez, mouvement mondial engagé dans la transparence dans le secteur minier, fait partie des voix qui s’élèvent pour ouvrir une enquête à Antananarivo sur l’affaire Romy.
« C’est l’occasion, ou jamais pour la République de Madagascar, d’actionner cette justice anticorruption.
Nous avons des lois ici en vigueur, nous avons des juridictions spécialisées. Autant faire usage maintenant, sinon ce sera le signe que nous vivons dans un système complètement pourri. »
Jointe par RFI, Lova Ranoromaro, la porte-parole de la présidence malgache, assure que les propos tenus par Romy Andrianarisoa « n’engagent que sa propre personne ».
Et de rappeler que « le président de la République n’est nullement impliqué dans cette affaire et poursuit activement sa lutte contre la corruption sous toutes ses formes ».
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