JO-Paris : la qualité de l’eau de la Seine se fait désirer

Un nouvel entraînement dans la Seine a été annulé mardi, à deux jours des épreuves olympiques de nage en eau libre afin de protéger les nageurs.

Quatre entraînements des triathlètes avaient subi le même sort, tandis que l’épreuve masculine du triathlon avait dû être décalée d’un jour la semaine dernière. Certains sportifs se sont plaints de ces « stop and go », d’autres ne veulent plus s’exprimer sur le sujet.

Ces compétitions olympiques dans la Seine sont le prélude à la baignade des Parisiens promise à l’été 2025 par la maire PS de Paris Anne Hidalgo.

Mais la Seine, star de ces JO, est régulièrement restée impropre à la baignade depuis dix jours.

Seuls deux jours sur les huit où les athlètes devaient y plonger, en entraînement ou en compétition, ont été ouverts à la baignade: le 31 juillet pour les triathlons masculin et féminin et le 5 août pour le relais mixte de triathlon.

Le feu vert est donné par les fédérations sportives internationales en s’appuyant sur des analyses bactériologiques (Escherichia Coli et entérocoques), généralement réalisées 24h avant, mais aussi sur la météo.

La décision est théoriquement prise dans la nuit quelques heures avant l’entrainement ou la compétition, lors d’une réunion réunissant le comité d’organisation, la fédération et ses médecins, Météo-France, la mairie de Paris et la préfecture de la région Ile-de-France.

– Frustration –

Pour expliquer l’annulation de l’entraînement de mardi, le Cojo et la fédération internationale de natation (World Aquatics) ont invoqué leur « extrême prudence », selon un communiqué conjoint.

Ils ont expliqué s’être appuyés pour cette annulation sur des résultats de prélèvements insatisfaisants sur des échantillons récoltés le 4 août à la mi-journée.

Or entretemps, le 5, les épreuves de natation du relais mixte de triathlon s’y sont bel et bien tenues. Mais le Cojo assure que les dernières analyses, effectuées le jour de la course, répondaient aux normes. Difficile parfois de s’y retrouver dans les méthodologies qui fluctuent.

Plusieurs sportifs ont d’ailleurs regretté l’incertitude sur les entraînements et la tenue des compétitions. Le patron du triathlon français, Benjamin Maze avait fait part « d’un petit sentiment de colère » et de « frustration » des sportifs.

Le Comité olympique (COIB) et la fédération belges ont demandé que des « leçons soient tirées » pour les prochains JO, afin que soit assurée une « garantie des jours d’entraînement, des jours de compétition et du format des compétitions » et « qu’il n’y ait pas d’incertitude pour les athlètes ».

« Si la priorité était la santé des athlètes, alors cette course aurait été transférée depuis longtemps sur un autre site.

Nous ne sommes que des marionnettes », s’était indigné un triathlète belge, Marten van Riel, 4e des JO de Tokyo en 2021. L’équipe belge a déclaré forfait du relais après qu’une de ses membres, qui avait participé à l’épreuve féminine, est tombée malade.

Les autorités sanitaires n’ont reçu « aucun signalement sanitaire susceptible d’être lié aux épreuves en eaux naturelles », ont-elles indiqué à l’AFP.

– « Fake news » –

Martin Fourcade, président de la commission des athlètes du comité d’organisation des JO, avait expliqué lundi que les athlètes sont « les premiers à avoir envie de plonger ». « Nous on est là pour que ce soit fait dans des conditions de santé acceptables », a-t-il dit.

« Si on avait appliqué ces critères (sanitaires), on n’aurait jamais nagé dans la baie de Rio », a confié à l’AFP Béatrice Mouthon, ancienne triathlète qui a participé en 2000 aux Jeux de Sydney.

Nageur en eau libre, Marc-Antoine Olivier trépigne de plonger vendredi dans ce « site mythique ».

Au-delà de ces analyses, la propreté de la Seine est l’objet de nombreuses « fake news » sur les réseaux sociaux: fausse Une de Libération, étude imaginaire qui montrerait que la Seine serait plus sale que le Gange…

Mais, il n’en demeure pas moins que l’opération baignade olympique est plus compliquée que prévu, malgré les lourds investissements dédiés à l’assainissement du fleuve.

Si les épreuves de triathlon ne pouvaient être déplacées, il y a un plan B pour la natation en eau libre: le site de canoë-kayak de Vaires-sur-Marne.

AFP

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