Emeutes au Royaume-Uni : Elon Musk défie le gouvernement britannique

Le multimilliardaire américain, soutien de Donald Trump, multiplie les interventions sur sa plateforme X (ex-Twitter), pour afficher sa sympathie à l’égard des slogans anti-immigration. Londres dénonce des commentaires «irresponsables» et «injustifiables».

Il vient mettre de l’huile sur le feu. Alors que le Royaume-Uni est en proie à une vague de violences d’extrême droite après l’attaque au couteau qui a tué lundi 29 juillet trois fillettes âgées de 6 à 9 ans dans la ville de Southport (nord de l’Angleterre), Elon Musk multiplie les interventions sur sa plateforme X (ex-Twitter) pour afficher sa sympathie à l’égard des slogans anti-immigration des émeutiers. Il attaque par ailleurs frontalement le gouvernement de Keir Starmer, remonté contre le rôle des réseaux sociaux dans cette crise.

Dimanche 4 août, Elon Musk a notamment estimé qu’«une guerre civile est inévitable».

Il répondait alors à un message posté sur X faisant un lien entre les violences actuelles et «l’immigration de masse» ainsi que «l’ouverture des frontières». C’est l’une de ses nombreuses prises de position sur les émeutes, qui ont démarré sur fond de rumeurs non étayées et en partie démenties sur l’origine et la religion du suspect de l’attaque au couteau. Ce dernier est un jeune homme de 17 ans, né à Cardiff (Pays de Galles) et, selon les médias britanniques, d’une famille d’origine rwandaise.

Un rappel à l’ordre qui ne semble pas calmer le sulfureux propriétaire de X.

Ce mardi, Elon Musk a interpellé le Premier ministre britannique Keir Starmer sur sa promesse de protéger les attaques contre les mosquées et la communauté musulmane. «Pourquoi toutes les communautés ne sont-elles pas protégées au Royaume-Uni ?», a-t-il posté sur sa plateforme, partageant une vidéo d’un rassemblement à Birmingham (centre) où selon des médias, des hommes de confession musulmane se disaient prêts à défendre la rue face à l’extrême droite.

Mises en garde du gouvernement britannique
Elon Musk a par ailleurs écrit ou reposté une série de messages faisant référence à des crimes attribués à des migrants, dénonçant une supposée police à deux vitesses qui serait laxiste envers les minorités ou encore critiquant l’inculpation d’un homme de 28 ans pour incitation à la haine pour des publications sur Facebook sur les émeutes. Le milliardaire va même jusqu’à se demander si «on parle du Royaume-Uni ou de l’Union soviétique ?»

Depuis le début des émeutes, le gouvernement britannique a plusieurs fois mis en garde les réseaux sociaux et leurs dirigeants.

Lundi, Keir Starmer a rappelé que «la loi s’applique aussi bien en ligne qu’hors ligne». Le même jour, le secrétaire d’Etat aux Technologies Peter Kyle a rencontré des représentants de X, mais aussi de Meta (Facebook, Instagram), Google et TikTok. Il leur a demandé de faire en sorte que les utilisateurs propageant des contenus haineux n’aient «nulle part où se cacher».

Les spéculations sur l’attaque au couteau de Southport ont été abondamment relayées sur la plateforme d’Elon Musk par divers influenceurs proches des mouvances d’extrême droite.

Le masculiniste Andrew Tate a par exemple qualifié le suspect de «migrant illégal». Depuis 2022 et le rachat de la plateforme par le milliardaire et une vague massive de licenciements, les équipes de modération sont décimées. X défend une vision radicale de la liberté d’expression.

L’audience des messages de l’agitateur antimusulman Tommy Robinson a également bondi, car repris par Elon Musk – 193 millions d’abonnés. Autrefois supprimé par ce qui était alors Twitter, le compte X de Tommy Robinson, Stephen Yaxley-Lennon de son vrai nom, a été rétabli par son nouveau propriétaire l’année dernière. Il critique actuellement Keir Starmer, qui a qualifié les casseurs de «voyous».

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