« Ils essaient de nous faire peur pour qu’on ne sorte pas de chez nous » : à Birmingham, des manifestants se mobilisent contre l’extreme-droite

De nombreux rassemblements ont été organisés dans la soirée de mercredi dans de nombreuses villes du Royaume-Uni. Le but : s’opposer aux rassemblements violents d’extrême droite de ces derniers jours. InfoMigrants se trouvait, mercredi soir, à Birmingham, dans le centre de l’Angleterre.

Des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi 7 août dans plusieurs villes britanniques pour s’opposer aux émeutes d’extrême droite qui secouent le pays depuis une semaine. A Birmingham, dans le centre du pays, environ 200 personnes étaient venues défendre un centre d’aide aux réfugiés menacé de destruction par l’extrême droite. « Je suis là pour contrer la English Defence League« , explique Annie, une Française installée à Birmigham depuis 40 ans, postée devant l’entrée du bâtiment.

« Je veux les empêcher de semer la terreur et la haine », confie-t-elle à InfoMigrants.

Un peu plus loin, une autre manifestante, une médecin retraitée d’origine indienne, veut, elle, montrer qu’elle ne se laissera pas impressionner les militants fascistes. « Je veux leur prouver que je peux me déplacer librement », a-t-elle confié à nos micros. « Ils essaient de nous faire peur, ils veulent qu’on reste chez nous. Mais je suis venue pour leur dire que je décide de mes mouvements.

Les réfugiés ne sont pas le problème du Royaume-Uni ».

Un peu partout autour des deux femmes, des slogans ont retenti comme « Disons-le fort et clair, les réfugiés sont les bienvenus ici ».

Certains tenaient des pancartes sur lesquelles était écrit « le fascisme n’est pas le bienvenu ».

Depuis le début de la journée, mercredi, les forces de l’ordre craignaient des dizaines de nouvelles manifestations racistes et islamophobes, et de possibles éruptions de violence, notamment contre des mosquées et des hôtels hébergeant des migrants.

2 000 personnes à Brighton, des rassemblements à Bristol, Liverpool…

Mais ce soir-là, à Birmingham, comme dans de nombreuses villes du pays, rien n’a dégénéré.

« Les manifestants anti-haine se sont opposés aux voyous », comme l’écrit en Une de son édition de jeudi le tabloïd The Daily Mail.

"Votre ennemi, c'est un yacht ou une limousine, pas un 'small boat'", peut-on lire sur la pancarte à gauche. Birmingham, 7 août. Crédit : InfoMigrants

Dans le nord-est de Londres, une manifestation d’extrême droite était redoutée dans le quartier de Walthamstow, mais plusieurs milliers de contre-manifestants sont venus aussi, a constaté un journaliste de l’AFP.

A Brighton, 2 000 personnes ont participé à une manifestation « pacifique », selon la police.

D’autres rassemblements ont eu lieu à Bristol (ouest), à Liverpool (nord) aux abords du bâtiment d’une association d’aide aux demandeurs d’asile, Sheffield (nord), Newcastle (nord) ou encore Oxford (centre), et se sont dispersés dans le calme.

Tensions à Aldershot, dans le sud du pays

Des tensions ont toutefois éclaté sporadiquement, comme à Aldershot (sud) où l’agence PA rapporte que la police a dû s’interposer entre des militants antiracistes et un groupe de personnes qui criaient « Arrêtez les bateaux », en référence aux migrants qui arrivent au Royaume-Uni par la Manche sur des bateaux pneumatiques.

La ministre de l’Intérieur Yvette Cooper a salué mercredi soir le travail des agents présents sur le terrain « pour protéger et soutenir les communautés locales ».

Plus de 400 personnes ont été arrêtées depuis le début des heurts la semaine dernière, et plus de 120 personnes ont été inculpées, selon le parquet. Les premières condamnations sont également tombées. « Voilà l’action rapide que nous prenons », s’est félicité sur X le Premier ministre Keir Starmer, qui a multiplié les messages de fermeté face aux casseurs.

Le chef de la police antiterroriste Matt Jukes a prévenu que les autorités n’excluaient pas d’avoir recours à la législation antiterroriste face à certaines violences.

Une voiture de police brûle dans les rues de Hartlepool, en Angleterre. Crédit : Owen Humphreys/PA Wire/dpa/picture alliance

Cela fait une semaine que le Royaume-Uni est confronté à des scènes de violences racistes, après la circulation d’informations en partie démenties sur le profil de l’auteur d’une attaque au couteau dans un cours de danse, à Southport (nord-ouest de l’Angleterre). Trois fillettes de 6 à 9 ans ont été tuées.

Le suspect a été présenté comme un demandeur d’asile de confession musulmane.

Il est en fait né à Cardiff, au Pays de Galles, et sa famille est selon les médias britanniques originaire du Rwanda.

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Depuis, mosquées et hôtels ont été pris pour cible.

A Tamworth, en banlieue de Birmingham, un hôtel qui hébergeait des centaines de demandeurs d’asile a été saccagé, dimanche.

Le gouvernement avait indiqué que 6 000 policiers supplémentaires spécialisés dans le maintien de l’ordre seraient sur pied cette semaine et que 567 places de prison seraient disponibles pour incarcérer les fauteurs de troubles. 

Un sondage Savanta publié mercredi montre que 67% des Britanniques s’inquiètent de la montée de l’extrême droite.

Selon un autre sondage publié par YouGov, l’immigration est le principal défi posé au pays pour 51% des personnes interrogées, à un niveau inédit depuis près de 10 ans.

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