Espagne : plus de 2 000 migrants ont débarqué aux Baléares depuis le début de l’année

Depuis plusieurs semaines, chaque jour ou presque, de petites embarcations chargées d’exilés maghrébins et subsahariens débarquent sur les îles des Baléares, à l’est de l’Espagne, en mer Méditerranée. Une recrudescence des arrivées qui font pression sur les centres d’accueil de l’archipel.

Ce sont des îles le plus souvent associées aux vacances d’été. Mais elles constituent aussi, pour des milliers de candidats à l’exil, l’espoir d’une vie meilleure en Europe.

Depuis plusieurs semaines, des dizaines d’entre eux quittent les côtes algériennes et débarquent quotidiennement à Majorque,

Dimanche 4 août vers 2h du matin, 25 personnes d’origine subsaharienne ont été secourues à environ 70 km de Formentera. « Tous les migrants étaient apparemment en bonne santé », ont rapporté les autorités des Îles Baléares.

La veille, 87 personnes réparties dans trois embarcations avaient débarqué sur cette île située à l’ouest de l’archipel.

L'archipel des Baléares se situe à l'est de la péninsule ibérique. Crédit : Google Maps/Pikotchart

Vendredi 2 août, 22 passagers d’un même canot ont nécessité l’assistance des secours au sud de Cabrera cette fois, petite île au sud de Majorque.

Tous d’origine subsaharienne, ils sont arrivés à terre sains et saufs. Au même moment, 34 exilés débarquaient à Formentera, et s’ajoutaient aux 61 autres personnes arrivées la veille.

Selon un bilan arrêté au 4 août, en 2024, 2 013 personnes ont débarqué aux Baléares contre 2 278 pour toute l’année 2023.

« Surpopulation » dans les centres

Bien moins empruntée que la route des Canaries, la traversée en mer qui mène aux Baléares reste tout de même une option choisie par des milliers de migrants pour entrer dans l’Union européenne.

En 2023 déjà, ce passage en Méditerranée avait connu une augmentation de 46,7% des arrivées par rapport à la même période l’année précédente. La situation avait poussé les autorités à installer un centre d’accueil provisoire à Palma, à Majorque, d’une capacité de 300 places.

Les arrivées actuelles mettent une nouvelle fois sous pression les structures d’accueil de l’archipel.

Un abri appartenant à l’Évêché de Majorque a par exemple été ouvert il y a quelques jours pour accueillir des mineurs, au nombre de 603 sur l’île. Une mesure qui « sert à atténuer temporairement la surpopulation dont souffrent les centres en ce moment », a expliqué à Ok Diario Guillermo Sánchez, à la tête des Affaires sociales à Majorque (IMAS).

En juillet, le huitième étage d’une maison de retraite a aussi été réquisitionné pour accueillir une quarantaine de nouveaux arrivants.

À Majorque, si les autorités poussent les murs, elle déplorent dans le même temps le manque de soutien du gouvernement central. Le 16 juillet, l’IMAS a lancé un appel à Madrid pour pallier le manque de places. Laissée sans réponse, elle a été réitérée le 3 août dernier : en plus de places supplémentaires pour les mineurs, l’IMAS exige davantage de moyens financiers pour leur hébergement, et une réforme de la politique migratoire espagnole.

« Il est essentiel que le gouvernement assume ses responsabilités et agisse de manière décisive, abonde un éditorial du média local Mallorca Diario.

Il faut une stratégie globale qui comprend le renforcement des ressources de sauvetage et d’accueil sur toutes les îles, et l’amélioration des infrastructures d’accueil […] Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons faire face à cette crise humanitaire et garantir les droits et la dignité des migrants ».

Ceuta saturée

Les mêmes exigences se font entendre ces dernières semaines à Ceuta, enclave espagnole frontalière du Maroc. Saturé, son centre d’accueil (CETI) n’accueille plus de nouveaux arrivants depuis le 1er août. Si cette situation s’explique par des arrivées plus régulières dans l’enclave, elle résulte aussi d’une gestion administrative contraignante. Comme aux Baléares, les transferts de migrants – mineurs et adultes – sont en effet organisés au compte-goutte vers le continent, sur décision des régions.

Les migrants se retrouvent donc parfois à patienter durant des mois, faisant pression sur leur structure de première arrivée.

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La fermeture du CETI a fait réagir de l’autre côté de la Méditerranée.

Samedi 3 et mardi 6 août, 109 exilés originaires de Guinée, du Soudan et d’Algérie ont été transférés vers la péninsule, en Andalousie. Ces transferts ont été rendus possible grâce au déclenchement d’un « programme d’assistance humanitaire ». D’après l’agence de presse EFE, une centaine d’immigrés supplémentaires pourraient quitter la ville ce jeudi pour soulager encore un peu plus le centre, d’une capacité de 512 places.

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