Avec plus de 55 millions de personnes atteintes de démence dans le monde et un nombre de nouveaux cas en constante augmentation, une étude scientifique souligne l’importance de la prévention tout au long de la vie. En ciblant quatorze facteurs de risque, dont deux récemment identifiés, près de la moitié des cas pourraient ainsi être évités ou retardés.
C’est l’un des maux du siècle que les autorités sanitaires mondiales et nationales ont pris à bras-le-corps et tentent d’endiguer via une amélioration de la prévention. La démence touche plus de 55 millions de personnes à travers le monde, avec près de 10 millions de nouveaux cas chaque année, d’après des données partagées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 2023.
Un chiffre qui pourrait grimper à 78 millions en 2030 et à 139 millions en 2050, selon l’autorité sanitaire mondiale, rappelant l’importance de mettre l’accent sur la recherche et la prévention, et d’améliorer la prise en charge des personnes concernées.
Agir à tous les stades de la vie
Prévenir la démence, c’est justement l’objet d’une nouvelle étude dirigée par des chercheurs de l’University College London (UCL). Laquelle suggère de se focaliser sur quatorze facteurs de risque précis, et ce dès l’enfance, pour parvenir à éviter, ou à retarder, près de la moitié des cas de démence. Publiés dans la revue scientifique The Lancet, ces travaux aboutissent à de nouvelles recommandations à destination des gouvernements et du public pour en réduire significativement le risque.
« Notre nouveau rapport révèle que l’on peut et que l’on doit faire beaucoup plus pour réduire le risque de démence.
Il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour agir, et il est possible d’avoir un impact à tous les stades de la vie », explique Gill Livingston, professeure de psychiatrie à l’UCL et principale auteure de ces recherches, dans un communiqué. Au total, pas moins de 27 experts mondiaux de la démence, formant la Commission Lancet sur la prévention, l’intervention et la prise en charge de la démence, ont travaillé main dans la main pour lister ces facteurs de risque et formuler ces nouvelles recommandations.
Ce sont en réalité deux nouveaux facteurs de risque qui viennent d’être identifiés, s’ajoutant à douze autres mis en cause par la Commission en 2020, à savoir un faible niveau d’éducation, une déficience auditive, l’hypertension artérielle, le tabagisme, l’obésité, la dépression, la sédentarité, le diabète, une consommation excessive d’alcool, des lésions cérébrales traumatiques, la pollution de l’air et l’isolement social. D’après les experts, ces facteurs déjà connus sont associés à 40 % des cas de démence dans le monde.
Cette liste est aujourd’hui complétée par deux nouveaux facteurs à prendre en compte pour prévenir le risque de démence, dont la maladie d’Alzheimer :
- _un taux élevé de lipoprotéines de basse densité, ce que l’on appelle communément le « mauvais cholestérol » ;
- _une perte de vision non traitée à un âge avancé.
Ces deux causes sont liées à 9 % des cas de démence (7 % pour le « mauvais cholestérol » et 2 % pour la perte de vision).
Notons à ce titre que la déficience auditive (7 %), le « mauvais cholestérol » (7 %), un faible niveau d’éducation (5 %) et l’isolement social (5 %) comptent parmi les principaux facteurs de risque.
« Nous disposons aujourd’hui de preuves plus solides indiquant que l’exposition prolongée aux risques a un effet plus important et que les risques agissent plus fortement chez les personnes vulnérables.
C’est pourquoi il est essentiel de redoubler d’efforts en matière de prévention auprès de ceux qui en ont le plus besoin, notamment les habitants des pays à revenu faible ou intermédiaire et les groupes défavorisés sur le plan socio-économique. Les gouvernements doivent réduire les inégalités en matière de risque en faisant en sorte que des modes de vie sains soient le plus possible à la portée de tous », poursuit la professeure Gill Livingston.
Mettre en place des actions
Afin de limiter au maximum le risque de démence, les experts mondiaux ont formulé de nouvelles recommandations à l’attention du gouvernement et des populations. Ils appellent notamment à mettre en place des actions pour traiter la dépression le plus efficacement possible, améliorer la prise en charge de la déficience auditive et réduire l’exposition aux bruits nocifs, traiter le « mauvais cholestérol » dès 40 ans, réduire l’exposition du public à la pollution de l’air et au tabagisme, ou encore favoriser les relations sociales.
« Des modes de vie sains impliquant un exercice physique régulier, l’absence de tabagisme, une activité cognitive au milieu de la vie et l’absence d’excès d’alcool peuvent non seulement réduire le risque de démence, mais aussi retarder l’apparition de la démence. (…) Cela a d’énormes répercussions sur la qualité de vie des individus et permet aux sociétés de réaliser des économies », conclut l’experte sur la démence.
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