Plusieurs opérations de sauvetage ont eu lieu au large des îles Canaries jeudi. Au total, 144 exilés ont été débarqués dans l’archipel espagnol après une opération d’assistance.
Journée chargée pour les secours espagnols, jeudi 8 août. La Garde civile a mené une première opération de sauvetage aux premières heures du jour et a permis de secourir 75 migrants qui se dirigeaient, avec une embarcation de fortune, vers Gran Canaria. Ils ont été transportés jusqu’au port d’Arguineguin, où ils ont pu avoir accès à un médecin. L’un des migrants, blessés à la main, a été admis à l’hôpital dans la foulée.
Quelques heures plus tard, vers 15 heures, les autorités ont été prévenues d’une pirogue en détresse à environ 10 km au sud d’Arguineguín.
Une autre opération a donc été lancée par le centre de coordination des secours de Las Palmas. Ainsi, vers 17h00, 69 hommes subsahariens, dont 4 mineurs, ont pu débarquer au port d’Arguineguín, dans la municipalité de Mogán, au sud de Gran Canaria.
Deux autres sauvetages ont eu lieu dans la journée, cette fois-ci au large de l’Espagne. Quinze personnes, dont une femme, ont été sauvées à 40 km au sud-ouest de Cabo de Gata. Leur embarcation a été remorquée jusqu’à Almeria.
Et quelques instants plus tard, une dernière opération, lancée suite à une alerte effectuée au 112, a permis de secourir 26 personnes (4 femmes et 1 mineur) qui ont été transférés à Algésiras.
Route meurtrière
Fuyant les crises économiques ou politiques, les migrants, subsahariens majoritairement, sont de plus en plus nombreux à prendre la mer pour tenter de rejoindre l’Europe, notamment l’Espagne. Entre le 1er janvier et le 31 juillet 2024, 27 640 migrants sont arrivés en Espagne par voie maritime. Sur la même période l’année dernière, ils étaient 15 603 (soit une hausse de 77%).
Les Canaries concentrent la grande majorité de ces arrivées puisque sur les 27 000 personnes, 21 470 ont débarqué sur les iles au large de l’Afrique de l’Ouest.
Si certains exilés parviennent à atteindre le sol espagnol, d’autres n’ont pas cette chance car cette route des Canaries est particulièrement meurtrière.
Plus de 4 800 migrants sont morts en tentant de rejoindre les Canaries par la mer de janvier à mai, selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras. Soit 33 décès par jour.
Si par malheur, une embarcation dévie trop de sa trajectoire initiale le long des côtes africaines – à cause des forts courants marins – et se retrouve au large, c’est la mort assurée. Dans l’immensité de l’océan Atlantique, les pirogues n’ont presque aucune chance d’être retrouvées et les passagers sont condamnés à mourir de soif et de faim.
Ce fut vraisemblablement le cas mardi 6 août. Une pirogue avec 14 cadavres a été retrouvée au large de la République dominicaine, en mer des Caraïbes et selon les premiers éléments retrouvés à bord, dont des documents d’identité mauritaniens et sénégalais, la pirogue avait pris la route des Canaries avant de dériver de l’autre côté de l’Atlantique.
Un autre drame similaire avait eu lieu à la mi-juin.
Des sauveteurs espagnols avaient retrouvé six cadavres dans un canot à 800 km au large de l’île de Tenerife. Plus de 80 personnes sont toujours portées disparues après la découverte de ce canot surchargé qui avait quitté Nouakchott, en Mauritanie, quelques semaines plus tôt.
infomigrants