Au Venezuela, cela fait plus de deux semaines que l’opposition et la communauté internationale contestent les résultats de la présidentielle. Alors que le Parlement s’apprête à examiner mardi 20 août un nouveau projet de loi « contre le fascisme », le candidat de l’opposition, qui revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet, a lui exhorté le président Nicolas Maduro à se « mettre de côté ».
Dans une vidéo postée ce lundi 19 août sur les réseaux sociaux, Edmundo González Urrutia se dit « prêt au dialogue ». Il appelle le président à « respecter » le vote des Vénézuéliens. « Le peuple est fatigué de tant d’abus et de corruption. Monsieur Nicolas Maduro, vous êtes le responsable de tant de pauvreté et de douleur.
Vous et votre gouvernement devez vous mettre de côté, et faire le nécessaire maintenant, pour commencer une transition en paix, demande-t-il. Chaque jour où vous entravez la transition démocratique, les Vénézuéliens souffrent d’un pays en crise et sans liberté.
S’accrocher au pouvoir ne fait qu’exacerber les souffrances de notre peuple. »
Seguimos firmes exigiendo respeto a la soberanía popular expresada el 28 de julio. pic.twitter.com/ie1XazXawi
— Edmundo González (@EdmundoGU) August 20, 2024
Mais Nicolas Maduro continue de faire la sourde oreille.
Après une première loi liberticide pour les ONG, le Parlement examine ce mardi un autre texte. Il permet, entre autres, la dissolution des partis politiques coupables d’actions jugées « fascistes », un terme souvent utilisé par le pouvoir pour désigner l’opposition. Pour les jours qui viennent, le gouvernement promet une troisième loi répressive sur les réseaux sociaux.
Une loi jugée liberticide
La « loi contre le fascisme, le néofascisme et les expressions similaires » reprend « le meilleur des lois européennes relatives au phénomène du nazisme et du fascisme et nous l’adaptons au Venezuela », assure le président Maduro. « Nous ne permettrons pas que le fascisme prenne le pouvoir au Venezuela », a-t-il juré lundi, clamant que « nous sommes dans une phase d’offensive et d’expansion de nos forces. »
Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Volker Türk, a appelé la semaine dernière les autorités à ne pas « adopter ces lois et toute autre loi qui porte atteinte à l’espace civique et démocratique ». « Dans un climat de peur, il est impossible de mettre en œuvre les principes démocratiques et de protéger les droits humains », a ajouté sa porte-parole, Ravina Shamdasani.
La cheffe de l’opposition Maria Corina Machado, et Edmundo Gonzalez Urrutia vivent dans la clandestinité alors que le parquet a ouvert une enquête pénale contre eux, notamment pour « incitation à la désobéissance aux lois, incitation à l’insurrection, association de malfaiteurs ». Le procureur général Tarek William Saab a menacé de les inculper lundi.
Le Conseil national électoral a ratifié début août la victoire de Nicolas Maduro avec 52 % des voix, sans fournir le décompte exact ni les procès-verbaux des bureaux de vote, assurant avoir été victime d’un piratage informatique.
L’opposition et de nombreux observateurs mettent en doute la réalité de ce piratage. Selon l’opposition, qui a rendu publics les documents électoraux obtenus grâce à ses scrutateurs, Edmundo Gonzalez Urrutia a remporté plus de 60 % des voix.
Maduro ne cesse, lui, de répéter qu’il fait face à une tentative de « coup d’État » et a lancé dimanche à ses partisans : « ils ne pourront jamais nous vaincre, parce que nous portons en nous la force de l’histoire, la force de la patrie, la force de Dieu. Nous avons gagné. »
rfi