Nommé nouvel entraîneur du club croate du Hajduk Split, Gennaro Gattuso commence très mal son aventure en Croatie. Entre une élimination surprenante au 3ème tour de qualification de la Ligue Europa Conférence, des conférences de presse houleuses et des supposés conflits avec des joueurs cadres, l’ancien coach de l’OM semble vivre une nouvelle désillusion sur un banc.
Libre depuis son départ de l’Olympique de Marseille en février dernier, Gennaro Gattuso a retrouvé un banc. Le champion du monde 2006 rejoint la Croatie, et plus précisément l’Hajduk Split. Le technicien italien s’est engagé jusqu’en 2026 avec le dernier 3e du championnat croate, comme l’a indiqué le club de Split sur son site officiel : «HNK Hajduk est très heureux de confirmer aujourd’hui que notre première équipe sera dirigée par le légendaire Gennaro Gattuso pour la nouvelle saison !
Il a signé un contrat avec l’équipe blanche jusqu’à l’été 2026 et il arrivera à Split la semaine prochaine, au début de la préparation de l’équipe première, lorsque nous le présenterons officiellement à Poljud», était-il écrit dans le communiqué officiel.
Un véritable coup de maître opéré par le directeur sportif du club qui n’est autre que Nikola Kalinić, ancien grand buteur international croate passé par la Fiorentina, l’Atlético de Madrid, l’AS Roma ou encore l’AC Milan. Un joli carnet d’adresses en Italie et aussi à grande échelle dans son pays natal qui a permis d’attirer une star sur le banc comme Gennaro Gattuso et de convaincre Ivan Rakitić de quitter les pétrodollars d’Arabie Saoudite, où il lui restait encore deux ans de contrat, pour une aventure dans le championnat croate.
Deux stars d’un projet pharaonique qui commence déjà à s’effondrer.
En seulement quelques semaines, Gennaro Gattuso s’est placé lui-même dans l’oeil du cyclone. Les belles promesses que laissait présager sa présentation semble être un lointain souvenir. Avec une énorme désillusion en C4, il sera désormais temps de se concentrer sur les compétitions nationales. Mais la mauvaise image laissée face au club slovaque de Ruzomberok doublée de multiples conflits en interne inquiètent les supporters.
Pour le moment, il n’existe aucun indice qui montre que Hajduk Split puisse menacer la tyrannie dominatrice de son plus féroce rival : le Dinamo Zagreb. Cela fait presque deux décennies que Split n’a pas remporté de championnat (depuis 2005). Durant cette période, le Dinamo a remporté 18 titres et le reste a été remporté par Rijeka en 2017.
Les Coupes de Croatie de 2022 et 2023 deviennent de maigres lots de consolation pour un club qui a dominé, avec trois championnats de 2001 à 2005, le début de ce siècle en Croatie. Gennaro Gattuso, qui considère comme des échecs ses dernières aventures d’entraîneur, (il a disputé 18 matches de championnat à Valence et 16 à l’Olympique de Marseille), craint un nouvel échec notoire.
Pétages de câble, conflits avec des joueurs…
Déjà réputé pour son tempérament volcanique et sa tendance à vite s’emporter sur les terrains lorsqu’il officiait en tant que footballeur, Gennaro Gattuso n’a pas changé d’un poil en ayant endossé le costume d’entraîneur. Si l’ancien joueur de l’AC Milan s’était montré plutôt calme lors de son court passage à l’Olympique de Marseille la saison dernière, l’ex-international italien s’est frité violemment avec un journaliste croate qui avait émis des critiques envers les choix tactiques de l’Italien au cours de la rencontre opposant son club à Havnar Boltefelag (Îles Féroé) en C4 : «Et la première mi-temps ?
Me posez-vous seulement des questions sur les choses négatives ?
Allez, répondez. Parlez d’abord des choses positives, puis des choses négatives. Vous et moi, nous commençons mal, vous savez. Vous et moi, nous partons du mauvais pied. Pendant 60 minutes, nous avons joué un football incroyable et vous me demandez pourquoi nous avons mal joué pendant 30 minutes ?».
Malgré la qualification contre le Havnar Boltefelag au 2ème tour de qualification de la Ligue Europa Conférence, le Hajduk Split a encaissé une terrible désillusion au tour suivant en se faisant sortir à domicile face au modeste club slovaque du MFK Ružomberok (0-0, 0-1), sixième du championnat la saison passée, lors du 3ème tour de qualification.
Quelques jours plus tôt après le score vierge du match aller (0-0), Gattuso avait dit à son joueur Filip Krovinović, assis à ses côtés en conférence de presse devant tous les journalistes : «Filip, ne parle pas trop, allez dépêche-toi, réponds vite et va te faire foutre». Plaisanterie ou non, le Rino a rapidement instauré une situation de malaise dans la press room. Une élimination qui fait perdre une dizaine de millions d’euros de bénéfices prévue dans les comptes du club qu’avait promis la direction aux sponsors.
Mais au-delà des résultats sportifs en deçà, c’est toute la gestion de Gennaro Gattuso qui questionne en Croatie.
L’épisode le plus marquant reste l’énorme brouille entre l’entraîneur italien et Ivan Perišić, qui avait signé son grand retour à Split en prêt à l’hiver dernier. Nikola Kalinić avait dû éteindre l’incendie, promettant un départ du joueur : «Nous regrettons qu’une atmosphère ait été créée qui a eu un impact extrêmement négatif sur le club, mais surtout sur Ivan et sa famille, qui ont subi de nombreux désagréments sans le mériter. Depuis le premier jour, on savait qu’Ivan resterait probablement jusqu’à la fin de l’été.
Malheureusement, ces derniers jours, il y a eu des désaccords qui ont abouti à un accord à l’amiable et les deux parties ont calmement conclu que la coopération ne se poursuivrait pas.
Dans les prochains jours, nous déciderons si la séparation prendra la forme d’un transfert ou d’une résiliation mutuelle du contrat». Un bras de fer remporté par Gattuso mais qui fait déjà enrager les supporters de Split, tant le retour de Perišić avait apporté du romantisme et du bonheur dans les travées.
Une bien belle histoire qui n’aura pas duré très longtemps : Gattuso voulait mettre la star sur le banc, Perišić aurait manqué de respect à son tacticien. Un départ était donc inévitable, ce qui n’a pas amélioré la cote de popularité du Rino auprès des supporters et des journalistes croates. Et comme si cela ne suffisait pas, Marko Livaja, l’attaquant et l’une des stars de l’équipe et du vestiaire, a critiqué cette semaine la stratégie de l’entraîneur transalpin face à Ruzomberok : «Nous aurions dû prendre plus de risques, aussi bien à Split qu’en Slovaquie. Nous ne jouons pas un football attrayant». Le divorce semble presque inévitable après seulement 6 matchs…
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