«La rentrée est à haut risque, en particulier en France», le CAC 40 risque de plonger

La rentrée de septembre s’annonce particulièrement dangereuse en France, d’un point de vue politique, économique et sociétal, et même pour le CAC 40, à la Bourse de Paris, avertit notre chroniqueur Marc Touati, président d’ACDEFI.

Comme chaque année, la rentrée de septembre suscite toutes les inquiétudes.

En effet, l’être humain est ainsi fait qu’il se pose en permanence des questions qui sont souvent sources d’appréhension. Ainsi, après le «break» de l’été et l’enthousiasme des JO, c’est désormais le moment de remettre les pendules à l’heure et peut-être aussi de se remettre en question. Pour les jeunes bien sûr, qui se demandent à quelle sauce ils vont être mangés pendant leur année scolaire, mais aussi pour les adultes qui s’interrogent sur leur avenir personnel et professionnel, et bien sûr pour les entreprises et les investisseurs qui s’inquiètent sur leurs perspectives d’activité.

Face à ces inconnues, deux comportements sont possibles : soit l’espoir du renouveau, soit la crainte d’un avenir difficile. Depuis 2009 aux Etats-Unis et à partir de 2015 dans la Zone Euro, puis avec une largesse mondiale incroyable à partir de 2020, les banques centrales ont usé à l’excès de la «planche à billets», finançant une dette publique de plus en plus extravagante.

Face à ces excès inextinguibles, les investisseurs, analystes et finalement le «monde entier» se sont mis à croire que le ciel n’avait plus de limite. Dans ce cadre, une sorte d’aveuglement collectif s’est installé, permettant notamment à la Bourse de flamber et aux taux d’intérêt des obligations d’Etat de s’effondrer et devenant même parfois négatifs, en dépit de dettes publiques pléthoriques.

Les risques à venir sont pléthore, le CAC 40 risque «une baisse marquée»

Malheureusement, ou peut-être heureusement, tous les excès ont une fin, y compris lorsqu’ils sont agréables. Autrement dit, après avoir commencé à se dégonfler en 2018-2019, pour mieux se reformer en 2020-2021, pour ensuite se redégonfler de nouveau en 2022 avant de repartir de plus belle en 2023-2024, les bulles sur la Bourse, les obligations ou l’immobilier vont forcément connaître un mouvement de correction baissière marquée et durable. Et ce, d’autant que les risques à venir sont pléthore. Essayons d’en dresser une liste évidemment non-exhaustive.

Commençons par les risques géopolitiques et terroristes.

Certes, aussi horrible que cela puisse paraître, les investisseurs se sont habitués à ce type de dangers. Ainsi, que ce soit face aux risques qui prévalent dans la guerre Ukraine-Russie, au Proche et au Moyen Orient ou encore en mer de Chine, en Afrique et en Amérique Latine, sans parler des attentats qui ensanglantent régulièrement la planète, les marchés financiers restent de glace.

Mais pour combien de temps ?

Aussi, dans la mesure où ces risques sont incommensurables, il est malheureusement très possible qu’un ou plusieurs attentats et/ou chocs géopolitiques inattendus de par leur ampleur affectent massivement l’économie mondiale et les marchés financiers internationaux.

L’économie mondiale reste «très fragile», la Bourse risque d’être déçue

Mais sans attendre ces occurrences et en espérant qu’elles ne se produiront pas, d’autres risques économico-financiers pèsent déjà sur la bonne santé de l’économie et des places boursières de la planète. Il s’agit tout d’abord de l’évolution de la croissance mondiale. En effet, comme l’ont montré les derniers indicateurs avancés de l’activité économique à travers le monde, cette dernière reste très fragile.

Et ce notamment parce que la croissance décélère dans la Zone Euro, au Japon et aux Etats-Unis, mais aussi en Chine et dans l’ensemble du monde émergent.

Un ralentissement plus fort que prévu par les marchés est donc très probable. Dans ce cadre, les perspectives de dividendes reculeront, ce qui entachera de nouveau les cours de la Bourse (CAC 40, Wall Street, etc.).

C’est la France qui inquiète le plus, le CAC 40 est à risque

A côté de ce ralentissement inévitable, d’autres risques pourraient également aggraver la situation de l’économie mondiale et des places financières internationales : instabilité politique aux Etats-Unis, crise immobilière et de l’emploi en Chine, chaos au Venezuela…

Mais, pour cette rentrée de septembre, en plus des dangers non négligeables que nous venons d’évoquer, c’est la France qui inquiète le plus. En effet, en l’absence de majorité claire et a fortiori absolue à l’Assemblée Nationale, l’avenir du pays reste bloqué.

Et ce, d’autant que la France continue de pâtir de l’absence d’un gouvernement stable.

Ainsi, en temps normal, le budget 2025 aurait déjà dû être prêt à ce stade de l’été, de manière à ce que dès septembre, le Projet de Loi de Finance (PLF) puisse être transmis pour avis au Conseil d’État et au Haut conseil des finances publiques, la loi imposant qu’il soit ensuite déposé au plus tard le premier mardi d’octobre au Parlement.

Compte tenu du retard accumulé et de la faible probabilité qu’une majorité se dessine pour voter le budget 2025, le risque de blocage de l’administration publique à partir du 1er janvier 2025 grandit de jour en jour. En outre, n’oublions pas que l’Etat français fait toujours l’objet d’une procédure pour déficit excessif et doit présenter un projet de réduction de ce dernier au plus tard le 20 septembre…

La crise sociétale en France risque de devenir explosive

«Qu’importe ! diront certains, les taux d’intérêt de l’OAT à 10 ans restent relativement bas, à environ 3 %, il n’y a qu’à continuer de déverser des milliards d’euros et d’augmenter les déficits publics et la dette !». Quel manque de discernement ou plutôt quelle supercherie !

Car ne soyons pas dupes, ni aveugles : la dette publique coûte de plus en plus cher, avec une charge d’intérêt de bientôt 75 milliards d’euros par an. Or, comme la croissance française est et restera faible, cette «fuite en avant» se traduira inévitablement par de nouvelles hausses d’impôts, donc moins de croissance, plus de chômage et plus de tensions sociales.

Endormie à coup de milliards d’euros depuis des années, la crise sociétale risque ainsi de devenir explosive.

Sans attendre la rentrée, l’indice INSEE du climat des affaires n’a d’ailleurs que très faiblement augmenté en août, restant en zone de contraction de l’activité, à précisément 96,6, après 93,9 en juillet. Pour ne rien arranger, l’indice INSEE du climat de l’emploi est aussi resté en zone de forte baisse, passant de 95,9 en juillet à désormais 97,6. De quoi anticiper une nette hausse du chômage au cours des prochains mois…

Et ce, d’autant que les défaillances d’entreprises ont continué de flamber en juillet.

Sur 12 mois, elles ont ainsi atteint le niveau impressionnant de 63 095 entreprises, un plus haut depuis décembre 2015 et seulement 1,3 % en deçà du pic historique d’avril 2015. Hors micro-entreprises, la facture est encore plus salée, avec un niveau qui culmine à 10,4 % au-dessus du sommet historique de septembre 2009.

Malheureusement, tous les secteurs d’activité sont concernés par ce drame, à commencer par la construction et l’immobilier, avec des glissements annuels du nombre de défaillances de respectivement + 35,6 % et + 48,0 %.


Récession, Instabilité, Surévaluation, Krach en Bourse… attachez vos ceintures !

A l’évidence, que ce soit d’un point de vue politique, économique et sociétal, la rentrée de septembre en France s’annonce particulièrement dangereuse. En conclusion, nous dansons collectivement sur un volcan en ébullition, qui finira forcément par exploser selon le processus habituel : Récession, Instabilité, Surévaluation, Krach (en Bourse). Quatre mots dont les initiales forment justement le mot RISK !

Quelle coïncidence ! Bonne rentrée à toutes et à tous !

Marc Touati, économiste, président du cabinet ACDEFI, auteur de 8 best sellers économiques, dont RESET II – Bienvenue dans le monde d’après, sorti en septembre 2022.

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