Alexandre et Tapper, deux pongistes des JO de Paris en route pour les Jeux paralympiques

Les pongistes brésilienne Bruna Alexandre et australienne Melissa Tapper vont disputer les Jeux paralympiques (28 août – 8 septembre) après avoir participé aux JO de Paris il y a quelques semaines. Un exploit pour la première qui a affirmé “réaliser un grand rêve”, un peu moindre pour la seconde qui a déjà réalisé ce doublé lors des mêmes Olympiades en 2016 et en 2021.

Elles ont en commun la pratique du tennis de table et sont les deux seules athlètes qui participeront à la fois aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Bruna Alexandre va disputer pour la première fois les deux compétitions lors des mêmes Olympiades, contrairement à Melissa Tapper qui va rééditer cette performance pour la troisième fois consécutive – après les Jeux de Rio en 2016 et ceux de Tokyo en 2021.

Ce qui est sûr, c’est que les deux athlètes rejoignent le cercle très fermé des sept athlètes à avoir réussi ce doublé dans l’histoire des Jeux – dont la plus célèbre incarnation a été le Sud-Africain Oscar Pistorius à Londres, en 2012.

« Ça fait des années que j’essaie de me qualifier pour les JO. Je savais que ce serait difficile car la concurrence est très forte au Brésil. Mais j’ai réussi, aujourd’hui je suis ici et je réalise un grand rêve », a expliqué début août à l’AFP Bruna Alexandre, 29 ans, dont 22 ans à pratiquer le tennis de table.

Si la pongiste brésilienne a déjà vécu plusieurs éditions des Jeux paralympiques et remporté trois médailles – dont l’argent en individuel à Tokyo – vivre les Jeux olympiques a été une première pour elle. Une première, aussi, pour une para-sportive de son pays. La pongiste brésilienne amputée d’un bras a disputé le huitième de finale par équipes face à la Corée du Sud. Défaite 3 à 1, mais l’essentiel n’était pas là : Bruna Alexandre a été ovationnée par l’Arena Paris Sud, un “moment inoubliable” pour elle.

“Je ne pense pas que j’aurais pu espérer plus”

Si la pongiste est la première Brésilienne dans cette situation, elle n’est pas la seule à avoir disputé les Jeux avec les athlètes valides à Paris. À 34 ans, Melissa Tapper va aussi vivre cette expérience – pour la troisième fois. Paralysée du bras droit depuis la naissance, elle a déjà disputé les Jeux olympiques et paralympiques à Rio, à Tokyo et maintenant à Paris.

Au tournoi de simple, la pongiste australienne a été éliminée par la Coréenne Shin Yu-bin. Mais parvenir au niveau olympique était déjà une fin en soi pour l’athlète.

« Je ne pense pas que j’aurais pu espérer plus”, a déclaré Melissa Tapper en conférence de presse après sa défaite. “Peut-être que la victoire aurait été sympa, mais au niveau olympique, je n’avais jamais gagné un set. J’ai pu en prendre deux et j’ai failli remporter le match. Donc pour moi, c’est un rêve absolu. »

À la fin de sa compétition, le 6 août, elle a donné rendez-vous à ses fans sur Instagram “dans deux semaines pour le round 2”, tout en remerciant le public français “incroyablement enthousiaste”.

Pour Bruna Alexandre, le chemin pour parvenir à disputer les JO et les paralympiques n’a pas été un long fleuve tranquille, comme elle l’a expliqué à RMC Sport : “Il y a quelques années, on m’a dit que c’était très difficile d’atteindre les JO mais j’ai eu confiance en moi. La Confédération olympique brésilienne qui travaille avec moi a aussi beaucoup cru en moi.”

Quel que soit leur parcours respectif pour en arriver là, Bruna Alexandre et Melissa Tapper rendent hommage à la pongiste polonaise Natalia Partyka, qui leur a ouvert la voie en participant à toutes les éditions des Olympiades entre 2000 et 2012 – ce qui en fait la recordwoman avec quatre participations consécutives.

 « C’est une source d’inspiration.

Elle a inspiré beaucoup de gens, pas seulement moi, mais aussi Melissa Tapper », souligne la pongiste brésilienne au sujet de celle dont elle regardait des vidéos sur YouTube.

“Je n’ai pas souffert de préjugés”

À cette source d’inspiration s’ajoute pour les deux athlètes le fait qu’elles ont pu grandir avec leur handicap, comme le raconte L’Équipe : “Dès leur plus jeune âge (…) elles ont réalisé leurs classes avec les valides, se confrontant très tôt au plus haut niveau international.” Grâce à des résultats sportifs à la hauteur de leurs ambitions, Bruna Alexandre et Melissa Tapper sont parvenues à atteindre leur objectif l’une après l’autre.

Le quotidien sportif rappelle que pour participer aux JO de Paris, les deux athlètes se sont attelées à la tâche.

Melissa Tapper a écrasé le tournoi de qualification australien qui s’est déroulé à Ballarat en mai dernier, avec neuf victoires en neuf rencontres face à des athlètes valides. Bruna Alexandre a, quant à elle, brillé aux championnats du monde à Busan (en Corée du Sud) où elle a gagné quatre matches en simple, en février dernier.

« Au début, c’était très difficile de jouer avec un seul bras.

Mais j’ai réussi, au bout d’un an, à m’adapter. Et aujourd’hui, mon service est l’un des points forts de mon jeu », précise la pongiste brésilienne. « Je pense que c’est parce que j’ai joué avec des personnes valides depuis mon enfance, que je n’ai pas souffert de préjugés. Dans la rue, à l’école, je ne les ai jamais ressentis. Ça m’a beaucoup aidée. »

À l’aube des Jeux paralympiques, les deux athlètes sont déjà comblées par leur parcours parisien. Il ne manque plus qu’une médaille d’or pour rendre leur trajectoire plus brillante encore.

AFP

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