Dimanche, la Guardia civile a été confrontée à de nombreuses tentatives d’entrée au niveau de la frontière sud de l’enclave espagnole de Ceuta. Quelque 300 jeunes, dont de nombreux mineurs, ont pris la mer dans la nuit, selon les médias locaux, alors qu’un important brouillard s’était installé sur le littoral. La plupart ont été interceptés par la marine marocaine, les autres ont été ramenés à terre par les Espagnols avant d’être renvoyés au Maroc.
C’était une nuit de brouillard, avec une visibilité limitée. Pourtant, dans la nuit du dimanche 25 ou lundi 26 août, plusieurs centaines de migrants ont tenté d’atteindre l’enclave espagnole de Ceuta à la nage, parfois aidés de flotteurs. La plupart ont été interceptés par la marine marocaine mais environ 80 rescapés ont atteint les eaux espagnoles.
Les secours en mer espagnols ont identifié des Marocains et des Algériens, a rapporté le journal El Faro de Ceuta.
Parmi ces rescapés : des adultes mais aussi de nombreux mineurs et une unique jeune femme.
En raison du brouillard et de la mauvaise visibilité, la Guardia civile a dû s’aider de laser pour identifier les personnes et leur porter secours. Ces opérations délicates ont duré jusqu’à l’aube, rapporte le média local.
La plupart des candidats à l’exil ont été déposés sur la plage de Tarajal par les secours maritimes espagnols. Là, ils ont reçu des couvertures de survie et des vêtements secs avant d’être renvoyés vers le Maroc.
La plage de Tarajal évacuée
Dimanche matin, les forces de l’ordre espagnoles avaient déjà dû faire évacuer la plage de Tarajal après que des migrants marocains, dont de nombreux mineurs, étaient arrivés sur les lieux à la nage, a rapporté El Faro de Ceuta. Les exilés s’étaient mêlés aux plaisanciers sur la plage.
L’enclave de Ceuta, comme l’archipel des Canaries, fait face cet été à un fort afflux de migrants irréguliers.
Ceuta est l’une des deux seules frontières terrestres de l’UE avec le continent africain – l’autre étant à Melilla, une autre enclave espagnole plus à l’est au Maroc.
Pour Ceuta et Melilla, l’inquiétude majeure concerne les migrants mineurs arrivant seuls, connus en Espagne sous le terme de Mena (mineurs étrangers non accompagnés).
Le gouvernement de Ceuta a notamment indiqué au média El Diario qu’au moins 12 mineurs avaient été pris en charge dimanche dans ses centres d’hébergement.
La difficile prise en charge des mineurs par les régions
Si les migrants adultes relèvent de la compétence financière de l’État central, ceux ayant moins de 18 ans, en revanche, sont de la responsabilité exclusive des régions. Ces dernières situées en première ligne sont donc complètement débordées face à l’explosion du nombre de migrants mineurs qu’elles doivent prendre en charge.
À Ceuta, le nombre de mineurs dépasse largement la capacité d’accueil de la ville. « Nous avons actuellement un nombre de mineurs proche de 500, ce qui représente une surpopulation des ressources ordinaires de la ville de 470 %. Jusqu’à présent, en août, nous avons une augmentation [des arrivées de mineurs] par rapport à l’année précédente de 467 % », a indiqué Alberto Gaitán , conseiller de la Présidence et du Gouvernement de la Ville Autonome de Ceuta au média en ligne El Independiente.
Aux Canaries, le problème est le même : le gouvernement régional doit actuellement subvenir aux besoins de 5 100 mineurs étrangers, alors que la capacité de ses centres d’accueil n’est que de 2 000 personnes.
Pour résoudre ce problème, le gouvernement de Pedro Sánchez a essayé de faire voter en juillet par le Parlement une modification de la loi sur l’immigration, afin de donner au gouvernement central le droit de répartir les mineurs étrangers dans toutes les régions du pays. En vain.
Le Parti populaire (droite), Vox (extrême-droite) et le parti indépendantiste catalan de Carles Puigdemont, qui prônent un durcissement de la politique contre l’immigration clandestine, ont empêché toute discussion du texte de loi.
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