Vendredi, les autorités espagnoles ont secouru une pirogue au large d’El Hierro aux Canaries. À son bord se trouvaient 174 personnes dont six bébés, huit femmes et le corps sans vie d’un homme. Les arrivées de migrants explosent dans l’archipel depuis le début de l’année, saturant les centres d’accueil. Le gouvernement espagnol a débloqué une enveloppe de 50 millions d’euros en urgence.
Vendredi 23 août, les autorités espagnoles ont remorqué jusqu’au port de La Restinga, au sud d’El Hierro, une pirogue en détresse. À son bord, se trouvaient 174 personnes, principalement d’origine subsaharienne, dont six bébés et huit femmes. Le corps d’un homme se trouvait également parmi les survivants.
Selon des informations de l’agence de presse EFE, l’embarcation a été détectée vers 6h du matin à moins de deux kilomètres des côtes de la petite île.
La semaine dernière, huit pirogues sont arrivées à El Hierro pour un total de 802 personnes, selon les décomptes fournis chaque jour par les services d’urgence des Canaries.
Les passagers sont en majorité originaires du Sénégal, du Mali, de Gambie, de Mauritanie et de Guinée. Quelques ressortissants du Bangladesh et du Pakistan ont également été recensés parmi les rescapés.
Les arrivées explosent dans l’archipel espagnol. Entre le 1er janvier et le 15 août, 22 304 personnes au total ont débarqué aux Canaries, soit 126 % de plus qu’en 2023 à la même période, d’après le ministère de l’Intérieur. L’année dernière, ils étaient 40 000.
Conséquence, les centres d’hébergement de l’archipel sont saturés, notamment ceux qui accueillent les mineurs isolés – non accompagnés par un membre de leur famille. Plus de 5 200 jeunes sont actuellement pris en charge aux Canaries, pour une capacité de 2 000 places. Face à la situation, les autorités canariennes réclament plus de soutien du pouvoir central et appellent depuis des mois à plus de transferts d’exilés sur la péninsule.
Non-solidarité des autres régions espagnoles
Les Canaries réclament aussi une modification de la loi espagnole (article 35 de la loi sur l’immigration) afin que les autres régions – celles du continent – soient obligées d’accueillir ces mineurs. Pour l’heure, aucune réforme n’a eu lieu : l’accueil de mineurs en provenance des Canaries reste donc dépendant du bon-vouloir des communautés autonomes espagnoles, l’équivalent des régions françaises.
En visite de crise vendredi sur l’archipel, le Premier ministre Sanchez s’est engagé à débloquer une enveloppe de 50 millions d’euros – un montant réclamé par le chef de l’Exécutif régional des Canaries, Fernando Clavijo.
La reunión con el presidente Sánchez ha sido cordial y en ella hemos podido hablar de los temas que más preocupan en Canarias, principalmente del fenómeno migratorio.
Espero que esta vez se dé un impulso a la negociación para conseguir la modificación de la Ley de Extranjería y… pic.twitter.com/Ktpew645LE
— Fernando Clavijo (@FClavijoBatlle) August 23, 2024
Il y a un mois, un transfert de 400 jeunes des Canaries vers la péninsule avait été décidé.
Y compris vers des régions dirigées par la droite espagnole, le Parti populaire (PP), qui jusqu’ici rechignait à accueillir ces mineurs. Mais ces transferts sont encore trop peu nombreux, selon les autorités canariennes.
Pour noircir encore un peu plus le tableau, des polémiques ont surgi ces derniers mois dans l’archipel après plusieurs témoignages faisant état de mauvais traitements au sein de centres d’accueil de mineurs isolés.
Au mois d’avril, cinq personnes travaillant dans le centre pour mineurs La Santa de Lanzarote ont été provisoirement suspendus.
Ils sont soupçonnés d’avoir forcé au moins cinq jeunes à commettre des délits (vol, destruction de mobiliers…) dans la structure, pour saboter son fonctionnement. Les jeunes qui refusaient étaient privés de sortie, et d’activités de loisirs.
Les employés retardaient aussi leur procédure d’obtention de papiers en Espagne. Ceux qui acceptaient percevaient un « salaire hebdomadaire ».
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