Pour faire la promotion de l’Afrique qui marche, les professionnels des médias sont appelés à bâtir leur propre narratif sur le continent. Ainsi, ils pourront véhiculer une image « plus juste » du continent avec sa diversité, ses richesses et son énorme potentiel.
« L’actualité africaine, sauf celle négative, n’est pas prioritaire à leurs yeux.
En construisant leur propre narratif, les Africains pourront, changer les perceptions, ils pourront également affirmer leur identité et leur place dans le monde car selon le président de la BAD l’Afrique est encore victime de stéréotypes négatifs et de récits inexacts.
Selon Adesina Akinwumi, le narratif sur l’Afrique véhiculé par les médias occidentaux cause, au plan économique, d’énormes préjudices. « L’Afrique n’est pas le continent le plus risqué mais le narratif développé fait que les investisseurs sont réticents à y investir », a-t-il dit, ou tout au moins, ils le font au prix fort. En effet, les pays africains paient 2,9 % de plus de taux d’intérêt que les autres Etats, à cause de cette image négative.
Son plaidoyer est un appel à l’action pour tous les Africains pour prendre le contrôle de leur récit et partager leur histoire avec le monde.
L’idée d’un Prix Africain des Médias a fait du chemin au forum des Leaders des Médias d’Afrique, tenu à Nairobi (au Kenya du 8 au 11 mai 2024). Elle bénéficie aujourd’hui du soutien de diverses personnalités et institutions. L’objectif est de récompenser et de célébrer les journalistes et les organes de presse africains qui racontent les meilleures histoires positives et inspirantes sur le continent.
Parmi les institutions qui soutiennent le projet, il y a bien entendu la Banque Africaine de Développement (BAD).
Il a suggéré également aux institutions de développement en Afrique de créer un référentiel commun de récits, de vidéos et de contenus vérifiés et standardisés qui faciliteront le regroupement et la rédaction d’histoires sur ce qui est réalisé en Afrique.
Le président de la Bad a aussi proposé, en collaboration avec All Africa Global Media et les entreprises africaines, l’octroi de bourses aux journalistes et correspondants africains « afin de contribuer à construire et à renforcer les capacités des journalistes et correspondants travaillant sur l’Afrique ».
Organisation panafricaine des médias, All Africa Global Media soutient l’initiative du Prix Africain des Médias. Son co-fondateur et président exécutif Amadou Mahtar Ba a déclaré que ce prix contribuerait à donner une voix aux Africains et à changer le récit sur le continent, car selon lui, « L’information est devenue stratégique ; il faut donc travailler les contenus. Aujourd’hui, les plus grandes victoires ou défaites sont d’abord médiatiques », a-t-il affirmé.
Citant le président de la Banque Africaine de Développement, M. Bâ rappelle que l’Afrique perd, en moyenne 75 milliards de dollars par an du fait de la mauvaise image et des stéréotypes projetés sur le continent. D’où l’importance pour l’Afrique de développer son narratif, conforme à la réalité. « L’Afrique a des challenges, mais elle a beaucoup de succès, estime-t-il.
Tant que ces succès ne seront pas montrés, le continent va peiner à attirer les investissements nécessaires pour son développement.
Le président exécutif d’All Africa a appelé à davantage de collaboration entre les professionnels des médias.
Pour le moment, les détails de l’organisation du Prix Africain des Médias n’ont pas encore été finalisés. Mais c’est une initiative prometteuse qui peut avoir le potentiel de promouvoir des récits positifs sur l’Afrique et de soutenir le journalisme de qualité sur le continent.
Plateforme médiatique panafricaine, All Africa Global Media joue un rôle crucial dans la promotion d’un journalisme de qualité à travers le continent africain. Lors du forum de Nairobi, cette organisation a voulu célébrer le remarquable travail abattu par les professionnels des médias africains, en décernant des prix à des icônes des médias africains comme Marie Roger Biloa du Cameroun et à des jeunes pour promouvoir l’excellence dans ce secteur.
« Nous devons reconnaître et magnifier le travail des gens qui se sacrifient pour ce métier.
Malgré les risques et les tentations, il y a des gens qui se sont sacrifiés des années durant pour faire avancer le journalisme et les médias dans leur pays. Il est important que ces personnes puissent être récompensées en leur donnant un prix pour l’ensemble de leur œuvre ; elles sont des exemples à donner à la jeune génération », poursuit-il.
Le président exécutif d’All Africa précise que le jury a travaillé sur des critères bien définis pour choisir les lauréats.
En Afrique, les médias des pays anglophones sont plus puissants que ceux des autres pays.