Augmenter les impôts face au déficit? Pour Pierre Moscovici, « le débat fiscal ne doit pas être tabou »

Afin de réduire la dette française, Pierre Moscovici appelle à ne pas exclure une augmentation des impôts, mais à « viser juste ». Charge au Parlement et au futur gouvernement de s’entendre sur le budget 2025 pour arbitrer cette question.

Pour lui, c’est une priorité absolue. « Nous devons impérativement maîtriser notre dette, sans quoi notre situation budgétaire, déjà sérieuse, voire préoccupante, pourrait devenir dangereuse », alerte le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.

Et pour réduire le déficit public, Pierre Moscovici estime qu’une hausse des impôts ne doit pas être exclue. « Le débat fiscal ne doit et ne peut pas être tabou », lance-t-il dans une interview au Parisien.

Attention, toutefois, à ce que le levier fiscal « vise juste ».

« Nos concitoyens, notamment les classes populaires et moyennes, ont le sentiment que pèsent sur eux des charges fiscales lourdes, alors que d’autres y échapperaient. »

Pour arbitrer ces questions, ce débat « se déroulera forcément entre le gouvernement et le Parlement », notamment avec les discussions autour du budget 2025, qui s’annoncent particulièrement ardues.

Il plaide d’ailleurs pour ne pas partir des dépenses de l’année 2024, qui seraient ensuite amendées lors des discussions: « Cela ne réduirait pas suffisamment les déficits, et la qualité de la dépense publique ne serait pas améliorée », juge-t-il. Il plaide plutôt pour qu' »un vrai projet de loi de finances, complet et détaillé, soit déposé ».

« On peut faire des économies intelligentes »
Mais alors qu’est-ce qui doit figurer dans ce nouveau budget, autrement dit, sur quels leviers agir pour réduire la dépense publique? Mis à part le levier fiscal « qui ne doit pas être tabou », il appelle à ne pas attendre « de remède miracle par la croissance, même s’il faut la préserver et investir davantage ».

« On peut faire des économies intelligentes, qui ne dégradent pas les services publics. »
« Si on décidait, par exemple, de diminuer le nombre de contrats d’apprentissage en fonction du niveau de diplôme, on pourrait réduire la dépense de plusieurs milliards selon les scénarios », assure Pierre Moscovici.

Pour le premier président de la Cour des comptes, ce budget doit permettre de réduire la dépense publique mais de manière réaliste.

L’objectif de revenir sous les 3% de déficit en 2027 est « caduque ». « Pour y parvenir il faudrait faire une centaine de milliards d’euros d’économie en trois ans. C’est brutal, c’est difficilement faisable politiquement, peu acceptable socialement et économiquement guère cohérent », assène-t-il.

Pierre Moscovici est également revenu sur la gestion des comptes publics ces quatre dernières années.

S’il a salué le « quoi qu’il en coûte » pendant le Covid, il est plus mitigé sur les dépenses « massives » réalisées après, notamment sur l’inflation ou l’énergie. « La Cour des comptes a en outre montré que les bénéficiaires n’ont pas été seulement les consommateurs mais aussi les fournisseurs d’énergie », dénonce-t-il.

bfmtv

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