Le gouvernement suédois souhaite augmenter l’aide au retour volontaire des migrants dans leur pays d’origine, en la faisant passer à 30 000 euros par personne. Les autorités espèrent que cette nouvelle mesure permettra de réduire l’immigration.
La Suède multiplie les mesures visant à faire baisser l’immigration dans le pays. La coalition de droite au pouvoir a proposé jeudi 12 septembre d’augmenter le montant de l’aide au retour volontaire des migrants dans leur pays d’origine. Le gouvernement souhaite le faire passer à 30 000 euros par personne.
Actuellement, un adulte peut recevoir une allocation de retour d’un maximum de 10 000 couronnes (879 euros), de 5 000 couronnes (439 euros) par enfant et d’un maximum de 40 000 couronnes (3 512 euros) pour une famille.
« Nous franchissons de nouvelles étapes dans la réorientation de la politique migratoire », a déclaré dans un communiqué le ministre des Migrations Johan Forssell dont le gouvernement auquel il appartient est soutenu par le parti d’extrême droite des Démocrates de Suède (SD).
Une allocation « peu connue » et peu utilisée
« Cette allocation existe depuis 1984 mais est relativement peu connue, elle est faible et peu de personnes l’utilisent », a estimé Ludvig Aspling, un parlementaire SD, au cours de la conférence de presse présentant les nouvelles mesures de politique migratoire. Selon lui, en augmentant son montant et en le faisant connaitre, plus de migrants auraient recours au retour volontaire.
Le ministre des Migrations a affirmé qu’une seule personne a accepté l’allocation l’an dernier.
Ce triplement du montant de l’allocation pourrait séduire plusieurs centaines de milliers de migrants qui sont chômeurs de longue durée ou dont les revenus doivent être complétés par les aides sociales pour s’en sortir, a pour sa part lancé le parlementaire des Démocrates de Suède. « Nous pensons que ce public pourrait être intéressé », a insisté Ludvig Aspling.
Un rapport d’enquête commandé par le gouvernement et rendu public en août avait pourtant déconseillé d’augmenter substantiellement cette allocation de retour, jugeant qu’elle serait peu efficace au regard de son coût.
Elle risquerait en outre de freiner les efforts d’intégration des migrants, a jugé l’auteur de ce rapport, Joakim Ruist.
D’autres pays européens proposent une aide au retour, de plus de 13 000 euros au Danemark, d’environ 1 300 euros en Norvège et de jusqu’à 2 500 euros en France.
Une succession de mesures pour freiner l’immigration
Cette nouvelle mesure n’en est qu’une parmi tant d’autres pour tenter de réduire l’immigration en Suède. Ces dernières années, le pays a considérablement durci sa politique migratoire en restreignant le regroupement familial et relevant le niveau de salaire minimum nécessaire pour octroyer un permis de travail aux migrants extérieurs à l’Union européenne.
Fin 2023, le gouvernement avait aussi annoncé son intention de durcir les conditions d’octroi des prestations sociales aux migrants non européens : en introduisant un plafond pour le cumul des aides, et en imposant un délai entre l’arrivée des exilés en Suède et le moment où ils pourront toucher ces aides.
En mai dernier, une autre mesure a provoqué un tollé dans le pays.
La coalition au pouvoir avait proposé une loi visant à obliger les travailleurs du secteur public à dénoncer aux autorités les personnes sans-papiers avec lesquelles ils sont en contact. Mais cette mesure, jugée raciste et discriminatoire, s’est heurté à une très forte opposition au sein des services publics, qui avait appelé à la « désobéissance civile ».
« Les sans-papiers sont déjà assez marginalisés.
Une telle proposition est très négative. Cela équivaut à instaurer une espèce d’État policier. Et c’est pour cela qu’on demande à ce qu’elle soit complètement abandonnée », expliquait à RFI Michèle Le Voy, présidente de PICUM, une ONG de défense des droits des sans-papiers.
Mais pour l’heure, l’idée n’est pas encore abandonnée. La mission d’information parlementaire sur cette proposition de loi très controversée doit durer jusqu’à l’automne.
La Suède, un pays réputé accueillant
Depuis les années 1990, la Suède était considérée comme un pays accueillant pour les personnes fuyant les guerres. Le pays a accueilli un grand nombre de personnes souhaitant immigrer sur son sol, principalement en provenance de régions en proie à des conflits, notamment d’ex-Yougoslavie, de Syrie, d’Afghanistan, de Somalie, d’Iran et d’Irak.
Sur la seule année 2015, pendant la crise des migrants en Europe, la Suède a accueilli 160 000 demandeurs d’asile, soit le taux d’accueil le plus élevé par habitant dans l’Union européenne.
Mais l’année 2015 a marqué un tournant puisque le gouvernement social-démocrate de l’époque avait déclaré qu’il ne serait plus en mesure de poursuivre sa « politique de la porte ouverte ». Ainsi, depuis cette date, les gouvernements successifs s’emploient à freiner les arrivées de migrants dans le pays.
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