L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a relevé que les récentes inondations au Sahel, amplifiées par des précipitations largement supérieures à la moyenne, menacent l’agriculture et la sécurité alimentaire dans une région déjà fragilisée, touchant des millions de personnes et des milliers d’hectares de terres cultivées.
D’après un communiqué publié jeudi 12 septembre 2024 par l’organisation onusienne, soulignant que la situation est particulièrement alarmante, avec une augmentation significative des terres agricoles inondées, notamment au Mali et au Nigéria, et des impacts dévastateurs sur la sécurité alimentaire, les inondations dévastatrices qui frappent actuellement les pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger, Nigeria, Tchad) font craindre une crise agricole et alimentaire majeure dans la région.
Ces phénomènes en ligne avec les prévisions saisonnières de la région, touchent déjà plus de 700 000 personnes et mettent en péril les moyens d’existence de millions d’habitants du Sahel, a indiqué le document.
Qui a rappelé qu’en avril 2024, les Prévisions saisonnières en Afrique de l’Ouest et au Sahel (PRESSAS) avaient annoncé une saison des pluies particulièrement humide sur la bande sahélienne, avec des écoulements supérieurs aux moyennes dans les principaux bassins fluviaux. Celles-ci se sont révélées exactes, avec des précipitations records enregistrées au cours des 30 derniers jours.
La FAO a signalé en outre que dans certaines zones de la bande sahélienne, notamment au Tchad, au Niger, au Mali, en Mauritanie et au nord du Burkina Faso, les pluies ont été supérieures de 120 % à 600 % à la moyenne des années précédentes (1991-2020), causant des débordements de cours d’eau et des inondations.
Selon le bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest, avec l’appui de l’équipe Data In Emergencies (DIEM), la situation est suivie de près grâce à des outils de surveillance qui mesurent l’étendue des zones inondées, y compris les terres agricoles.
À la date du 14 août 2024, ces inondations avaient touché une superficie bien plus vaste que l’année précédente, avec une augmentation notable des zones inondées au Cameroun, au Mali et au Nigéria. Les dégâts ne cessent de s’accroître au fur et à mesure que les pluies se poursuivent.
Des impacts dévastateurs sur l’agriculture
Les conséquences des inondations sur l’agriculture sont dramatiques. A en croire la FAO, au moins 113 619 hectares de terres agricoles ont été inondés au Mali, représentant 35 % des zones touchées, tandis que le Nigéria enregistre 204 803 hectares de terres agricoles submergées, soit plus de 33 % des zones inondées.
Ces pertes compromettent les récoltes dans des régions où l’agriculture est non seulement une source de subsistance, mais aussi un pilier de la sécurité alimentaire.
En plus des terres inondées, les infrastructures agricoles sont également endommagées, rendant difficile l’accès aux champs et aux marchés. Les zones rurales, souvent moins dotées en infrastructures et en services de base, sont particulièrement vulnérables.
Les fermiers qui ont perdu leurs cultures font face à des difficultés croissantes pour nourrir leurs familles et maintenir leurs moyens de subsistance, alors que l’impact de ces inondations se prolonge sur plusieurs mois, a souligné l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture dans son texte.
Une menace pour la sécurité alimentaire
L’ampleur de ces inondations aggrave une situation alimentaire déjà fragile dans le Sahel, où « 52 millions de personnes sont menacées par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. »
La prochaine analyse du cadre harmonisé, prévue en octobre-novembre 2024, permettra de mesurer plus précisément l’impact de ces inondations sur la production agricole et la sécurité alimentaire. Toutefois, les premières estimations indiquent que des millions de personnes pourraient être confrontées à une aggravation de leur situation alimentaire, en raison des pertes agricoles et de l’inaccessibilité des denrées alimentaires.
Le bulletin publié par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) fait état de plus de 700 000 personnes affectées dans neuf pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Ce chiffre pourrait augmenter, car les précipitations continuent de faire des ravages dans les zones déjà sinistrées.
L’urgence d’une réponse adaptée
Dans son communiqué, la FAO souligne l’importance de renforcer les systèmes d’alerte précoce et les capacités locales à anticiper et atténuer les impacts des catastrophes climatiques. « Les tendances observées confirment la nécessité de s’investir davantage dans des systèmes d’alerte précoce solides et accessibles aux populations locales », indique l’organisation dans sa note diffusée jeudi 12 septembre 2024.
L’anticipation des catastrophes, par la préparation et la mise en œuvre d’actions localisées, pourrait réduire les dégâts, sauver des vies et protéger les moyens d’existence des populations les plus vulnérables.
Face à ces désastres, estime la FAO, les gouvernements et les organisations humanitaires doivent agir rapidement pour soutenir les communautés affectées, en mettant en place des mesures de secours et en soutenant la reconstruction des infrastructures agricoles.
VivAfrik