Le psychologue du sport Dorian Martinez revient sur les difficultés mentales que peuvent rencontrer les sportifs de haut niveau au sortir des Jeux Olympiques.
« Ce problème est trop souvent sous-estimé dans le sport de haut niveau. » Alors que se tiendra samedi à Paris la dernière grande parade des champions français, le psychologue du sport Dorian Martinez nous explique pourquoi ces athlètes professionnels peuvent très mal vivre la période qui s’ouvre après les Jeux Olympiques.
Dépression après les Jeux Olympiques : « un fort sentiment de vide »
« Un fort sentiment de vide. C’est ainsi que peut se décrire le ressenti profond de nombreux athlètes à l’issue des Jeux Olympiques, cet événement marquant souvent le sommet de leur carrière sportive », indique d’abord Dorian Martinez, fondateur de l’organisme de formation Devenir Meilleur. « Cette phase de vide émotionnel et de perte de sens observée à la fin des Jeux Olympiques s’explique notamment par les nombreuses années d’entraînements intensifs, auxquelles s’ajoute une concentration maximale sur un seul objectif », développe-t-il.
Les exemples de ce phénomène ne manquent pas.
« Le nageur Michael Phelps s’était exprimé publiquement sur son mal-être après les Jeux Olympiques de 2012, partageant ses pensées suicidaires et racontant comment son identité semblait être exclusivement absorbée par la natation, ne laissant aucune place à d’autres aspects de sa vie », rappelle ainsi l’expert en coaching sportif.
« Et il n’est pas le seul. Shaun White, triple champion olympique de snowboard, a décrit des sentiments similaires, avouant se sentir « incroyablement vide » après chaque compétition majeure », poursuit-il. « Les Jeux Olympiques représentent l’apogée d’une carrière sportive, mais le véritable défi se pose au-delà », résume-t-il.
Dépression après les Jeux Olympiques : comment l’éviter ?
Parvenir à contrer ce blues post-Jeux Olympiques est néanmoins possible. Pour ce faire, le psychologue invite les professionnels de santé proches des athlètes de haut niveau à se former sur la problématique évoquée dans cet article et les sportifs professionnels à bien s’entourer. « Un coach ne peut se limiter à l’aspect technique ; il doit être un guide dans la transition de vie de l’athlète en l’accompagnant sur le plan émotionnel. Aujourd’hui, mon rôle est de fournir aux coachs les outils nécessaires pour soutenir leurs athlètes dans leur quête de sens et d’équilibre, tant sur le terrain qu’en dehors », juge le spécialiste.
« Se former sérieusement à la préparation mentale des sportifs de haut niveau permet : de comprendre les mécanismes cérébraux qui influencent à la fois la performance et le bien-être ; d’aider à fixer des objectifs post-compétition afin de maintenir une motivation durable chez les sportifs, même après l’euphorie des JO ; de proposer des outils neuropsychologiques pour aider les athlètes à gérer leurs émotions, à rebondir après un échec ainsi qu’à continuer à progresser dans leur carrière et leur vie personnelle », détaille-t-il.
D’une manière plus globale, des études récentes ont révélé qu’environ 35 % des sportifs professionnels souffrent de troubles mentaux à un moment de leur carrière, un chiffre considérable et bien plus important que pour ceux appartenant au commun des mortels (13 % des femmes françaises et 6,4 % des hommes, NDLR). « Cette donnée inquiétante souligne un enjeu de santé publique. Il y a urgence à mettre la santé mentale des grands sportifs au premier plan pour prévenir l’autodestruction voire le suicide », conclut Dorian Martinez.
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