En quête d’un gouvernement équilibré et renouvelé, Michel Barnier se retrouve sous la pression de sa famille politique qu’il recevra à nouveau lundi, et des macronistes qui voudraient limiter le poids de la droite, alors que des échéances budgétaires cruciales se rapprochent.
Le temps presse pour Michel Barnier qui tente de composer son gouvernement sans braquer ni les macronistes, ni la droite. Et ce, alors que le projet de loi de finances doit en principe être présenté à l’Assemblée nationale le 1er octobre.
Le nouveau Premier ministre s’était fixé pour objectif de nommer son gouvernement cette semaine. Le locataire de Matignon souhaite une équipe non seulement « de droite » mais avec des « gens de gauche » et « peut-être » des sortants, tout en incarnant une « rupture ».
Il n’y a guère de formule magique et le gouvernement ne devrait pas être connu « avant dimanche », selon le porte-parole des députés Les Républicains (LR) Vincent Jeanbrun.
Michel Barnier a « une équation complexe à résoudre » pour composer un exécutif qui devra comprendre notamment « des gens qui ont de la bouteille » pour faire voter le budget, ajoute le député.
Michel Barnier reçoit à nouveau lundi après-midi les responsables de son propre parti, LR : Gérard Larcher, président du Sénat, Laurent Wauquiez, patrons des députés républicains et Bruno Retailleau, à la tête du groupe LR au Sénat.
Les trois ténors avaient déjà rencontré Michel Barnier à Matignon, le 6 septembre, au lendemain de sa nomination. Le Premier ministre s’était à son tour rendu devant les parlementaires LR pour leur rentrée à Annecy (Haute-Savoie) jeudi dernier.
L’appétit grandissant de la droite
Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau sont cités comme de possibles ministres. Mais ils font monter les enchères et exigent que soit menée une « vraie politique de droite » et de « rupture », avec « plus de sécurité » et « moins d’immigration ».
La nomination surprise du ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné lundi à la Commission européenne après la démission de Thierry Breton tranche un dilemme puisqu’il souhaitait conserver son portefeuille.
Et le ministre sortant de l’Intérieur Gérald Darmanin, lui aussi membre du parti présidentiel Renaissance, ne fait pas mystère de son intérêt pour le poste.
Mais c’est bien l’appétit grandissant de la droite qui commence à indisposer ses partenaires potentiels au sein de la future coalition gouvernementale. Le président du MoDem François Bayrou a appelé Michel Barnier à ne pas donner trop de poids dans son gouvernement à sa famille politique. Un exécutif à forte dominante de LR, « ça ne marcherait » pas, a-t-il prévenu.
LR ne dispose que de 47 députés sur 577, même s’il occupe une position pivot dans la nouvelle Assemblée nationale.
Un groupe de cette taille « ne peut pas imposer sa politique », a aussi mis en garde le chef de file des députés du parti centriste Marc Fesneau.
Le Premier ministre est pressé par le temps, et doit former une équipe qui ne soit pas simplement une « suite de personnalités qui n’ont jamais travaillé ensemble et se retrouvent face à un parlement rugueux », selon un responsable ministériel.
La date butoir pour le vote du budget sans doute dépassée
Michel Barnier envisage de ne présenter le budget 2025 qu’après avoir prononcé sa déclaration de politique générale « début octobre » devant l’Assemblée nationale, a fait savoir Matignon. La date butoir du 1er octobre ne serait donc pas tenue et le projet de loi de finances ne serait soumis au Parlement que le 9 octobre.
Mais il est déjà pressé par le président de la commission des Finances de l’Assemblée, Eric Coquerel.
Le député LFI, qui a menacé de venir en personne à Matignon réclamer les lettres-plafonds qui fixent les crédits pour chaque ministère, juge « problématique » de dépasser le 1er octobre. Le respect de cette date est pour lui « une question de principe et de temps de débat ».
Michel Barnier a promis de lui adresser lundi « un courrier » sur le projet de budget avec des « éléments susceptibles de répondre aux questions » de la commission des Finances, ont précisé ses services.
D’après une source au sein de l’exécutif, Matignon conserverait les crédits qui ont été fixés par le gouvernement sortant, et qui ont été considérablement limités pour ne pas aggraver un déficit public en plein dérapage.
Côté partenaires sociaux, en attendant la réunion d’une éventuelle « conférence sociale », ce n’est pas Michel Barnier mais son directeur de cabinet Jérôme Fournel qui recevra à compter DU 17 septembre les syndicats, en commençant par Cyril Chabanier, président de la CFTC, François Hommeril (CFE-CGC) et la patronne de la CGT Sophie Binet.
AFP