En amont de la COP29 en Azerbaïdjan, une répression accrue sur les voix dissidentes

Dans un mois, la conférence annuelle de l’ONU sur le climat s’ouvre dans un pays où exprimer des positions critiques à l’égard du pouvoir en place peut valoir la prison. La pression sur les militants des droits de l’homme, les journalistes et, dans une moindre mesure, sur les défenseurs de l’environnement, s’est accrue depuis que Bakou s’est vue attribué, en décembre 2023, l’organisation de la COP29, alors que Bakou venait de récupérer par la force le territoire du Haut-Karabagh.

Anar Mammadli allait chercher son fils à la crèche quand la police l’a appréhendé. Des hommes masqués l’ont emmené à bord d’un véhicule noir, selon Amnesty international. C’était le 29 avril 2024. Depuis, il n’est pas ressorti de prison. S’il est reconnu coupable, il encourt huit ans d’enfermement pour « complot en vue d’introduire illégalement de l’argent dans le pays », selon son collègue Bashir Suleymanli. Encore faudrait-il qu’il y ait un procès.

Et celui-ci n’aura très probablement pas lieu avant la conférence onusienne pour le climat, du 11 au 22 novembre 2024.

Connu pour son action de surveillance des processus électoraux en Azerbaïdjan depuis plus de dix ans, Anar Mammadli a effectué plusieurs longues peines de prison pour cette activité. Il était en cellule en 2014 lorsqu’il a reçu le prix Vaclav Havel du Conseil de l’Europe. En février dernier, ce défenseur des droits avait cofondé COP29-Initiative pour un climat de justice, un petit groupe d’ONG qui souhaitent profiter du grand raout de Bakou pour dénoncer les violations des droits humains et promouvoir une justice civique et climatique.

L’économiste Gubad Ibadoghlu, lui, est enseignant à la prestigieuse London School of Economics et critique de l’oligarchie au pouvoir, notamment de la corruption endémique.

Il rendait visite à sa famille à Bakou lorsqu’il a été arrêté, le 23 juillet 2023, racontait sa fille à RFI qui l’a rencontré à Bonn, en avril, à l’occasion de la réunion préparatoire de la COP29. « Leur voiture a été percutée par des voitures de police. On les a extirpés de force. Puis mon père a été emprisonné pendant neuf mois sans accès à l’eau potable, sans nourriture correcte, ni soins ni médicaments.

Grâce à la pression internationale, il a été assigné à résidence.

Le problème, c’est qu’il a une maladie cardiaque et il a besoin d’une opération qui ne se fait pas en Azerbaïdjan », confiait Zhala Bayramova, tandis qu’un portrait de Gubad Ibadoghlu était projeté sur des façades d’immeubles, juste devant l’hôtel où logeaient les officiels azerbaïdjanais.

Il risque jusqu’à 17 ans de prison.

Lui non plus n’a toujours pas été jugé pour les faits qui lui sont reprochés : fabrication de fausse monnaie et extrémisme, « des accusations forgées de toutes pièces, s’insurge Amnesty international, vraisemblablement en représailles de son travail de lutte contre la corruption et de ses critiques à l’égard des autorités azerbaïdjanaises ».

« Le procès de mon père a été délibérément suspendu, tandis que d’autres sont confrontés à des détentions provisoires prolongées jusqu’après la COP29, a récemment déclaré son fils Ibad Bayramov. Leur objectif est de laisser passer la COP29 sans procéder à aucun procès pour les prisonniers politiques, dans l’espoir d’éviter tout examen minutieux ».

vivafrik

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