Au moins dix civils ont été tués dimanche dans une attaque jihadiste contre un marché à Manni, dans le nord-est du Burkina Faso, a appris l’AFP mardi de sources locales et sécuritaire.
«Manni a connu un dimanche noir. De nombreux terroristes ont attaqué la ville dans la soirée. Ils ont semé la mort et la destruction», a raconté un ressortissant de cette localité située dans la province de la Gnagna.
«Le bilan est difficile à établir, mais il y a plus de 10 morts et plus de cinquante blessés qui ont été évacués au centre médical de Manni», a poursuivi cette source.
«C’est le marché qui a été ciblé par les terroristes. Ils ont ouvert le feu quand ils sont arrivés provoquant une panique générale. Ils ont ensuite pillé des boutiques et mis le feu partout», a expliqué un autre habitant, qui dit «craindre un bilan énorme vu l’ampleur de l’attaque».
«L’hôpital est débordé et les blessés sont pris en charge dans la cour même du centre de santé», a-t-il ajouté.
Des vidéos sur les réseaux sociaux montrent des soignants prenant en charge des blessés dans la cour d’un bâtiment, présenté comme étant le centre hospitalier de Manni.
Une source sécuritaire, jointe par l’AFP, a confirmé «l’attaque jihadiste», assurant que «les forces combattantes sont en action dans la zone», sans plus de précisions.
Aucun bilan officiel n’a été communiqué par la junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir au Burkina Faso il y a deux ans par un coup d’État. Depuis des mois, le régime militaire ne communique que très rarement sur les attaques jihadistes.
Le Burkina continue pourtant d’être régulièrement endeuillé: plus de 26 000 personnes sont mortes dans des attaques depuis 2015, dont plus de 6000 depuis le début de l’année, selon l’ONG Acled qui recense les victimes de conflits dans le monde.
L’attaque de Manni survient au lendemain d’une longue prise de parole du capitaine Traoré qui a répondu aux questions d’auditeurs sur la radio publique.
«Nous sommes en conflit avec des bandits armés qui tuent sans distinction. Nous ne voulons pas nous réconcilier avec eux. Nous allons combattre jusqu’à ce qu’ils soulèvent eux-mêmes le drapeau blanc», a-t-il déclaré.
Fin août, le pays a connu la pire attaque de son histoire, à Barsalogho, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, lié à Al-Qaïda). Selon un collectif de proches de victimes, le bilan est de plus de 400 civils tués, 600 selon une source sécuritaire française.
Le capitaine Traoré a affirmé samedi qu’une enquête était en cours et que les «responsabilités seront situées d’ici quelques jours».
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