À la tête de la contestation après l’annonce de la victoire de Daniel Chapo, Venâncio Mondlane continue d’exiger un recomptage des voix.
Le chef de l’opposition mozambicaine a appelé ses partisans à trois jours de deuil à partir de ce 20 novembre pour les 50 personnes qui, selon lui, ont été tuées par les forces de sécurité lors des manifestations qui ont suivi les élections contestées d’octobre.
Un lieu secret à l’étranger
Dans un discours diffusé sur Facebook et suivi par des dizaines de milliers de personnes, Venâncio Mondlane a de nouveau exigé un recomptage des voix du scrutin du 9 octobre, qui, selon la commission électorale, a été remporté haut la main par Daniel Chapo du parti Frelimo, au pouvoir depuis 49 ans.
« Nous avons perdu 50 personnes abattues par les autorités qui étaient censées les protéger.
Ils sont morts en martyrs d’une révolution, d’un changement », a ajouté l’opposant qui dénonce, une nouvelle fois, des résultats électoraux « frauduleux ». Venâncio Mondlane s’exprimait depuis un lieu non dévoilé, après avoir assuré la semaine dernière se trouver à l’étranger, disant craindre pour sa sécurité.
Dans un discours à la nation, le président Filipe Nyusi, qui doit passer la main à son successeur Daniel Chapo en janvier, a condamné une « tentative d’installer le chaos dans notre pays ».
« Venancio », comme l’appelle la rue, exhorte ses partisans à porter du noir pendant les trois jours de deuil et à ne pas redescendre dans la rue au risque d’être ciblés par la police.
Officiellement, cet ancien animateur de radio de 50 ans a remporté 20 % des suffrages contre près de 71 % pour Daniel Chapo, qui sera investi si le Conseil constitutionnel confirme les résultats au moins deux semaines avant.
« Les jeunes réalisent la valeur du vote »
Le chef de l’État sortant a appelé au dialogue entre les deux principaux candidats et leurs deux autres concurrents Ossufo Momade du parti Renamo et Lutero Simango du Mouvement démocratique mozambicain (MDM). « Tous les problèmes peuvent être résolus à l’aide d’une compréhension mutuelle et d’une recherche de consensus », a-t-il estimé.
Des groupes de défense des droits humains ont dénoncé l’usage de balles réelles contre les manifestants de l’opposition.
« La police utilise du gaz lacrymogène, des balles en caoutchouc ou réelles, au prétexte qu’il s’agit de garantir l’ordre public », a dénoncé Ivan Mausse, chercheur à l’ONG anticorruption Public Integrity Center (CIP). « Nous n’avons jamais connu d’élections aussi tendues dans un contexte où le niveau d’information est plus élevé, et où les jeunes réalisent la valeur de leur vote. »
AFP