De 2015 à 2022, l’ONG Ocean Cleanup a utilisé différentes méthodes afin d’évaluer les changements qui se sont opérés au sein du continent de plastique, aussi appelé « vortex de déchets du Pacifique Nord ».
C’est l’une des plus remarquables illustrations de la pollution plastique dans le monde : le vortex de déchets du Pacifique Nord (NPGP), aussi connu sous le nom de « continent de plastique ». Constitué sous l’impulsion du gyre subtropical du Pacifique Nord concentrant en un même lieu des déchets provenant de sources lointaines, sa quantité de débris plastiques flottants était estimée à 79.000 tonnes en 2015.
Comment a-t-il évolué ces dernières années ?
Dans une nouvelle étude, l’ONG Ocean Cleanup dont l’objectif est de développer des technologies permettant de retirer le plastique des océans, a analysé l’évolution du continent de plastique durant sept ans, de 2015 à 2022. L’analyse se base sur plus de 1000 échantillons récoltés dans la zone par des chaluts spécialisés, 74 évaluations aériennes et 40 extractions provenant du système de nettoyage S002 d’Ocean Cleanup.
Un nombre moyen de plastiques qui a explosé
Les résultats de ces travaux, publiés le 19 novembre 2024 dans la revue Environmental Research Letters, sont catastrophiques. « Le nombre moyen de microplastiques (0,5 à 5 mm), de mésoplastiques (5 à 50 mm) et de macroplastiques (50 à 500 mm) collectés par nos chaluts de surface à l’intérieur du NPGP est passé de 960.000 à 1.500.000 éléments par km2, de 34.000 à 235.000 éléments par km2 et de 800 à 1800 éléments par km2, respectivement, en sept ans », est-il détaillé dans l’étude.
Et la concentration massique moyenne mesurée a aussi augmenté pour les microplastiques et les mésoplastiques avec respectivement 4,3 kg par km2 et 10,4 kg par km2 en 2022 contre 1,7 kg par km2 et 1,4 kg par km2 en 2015. Celle des objets plus grands n’a pas changé significativement en sept ans. Les objets flottants plus petits pourraient donc devenir de plus en plus nombreux au sein du NPGP.
Ils ne proviendraient pas de la dégradation des objets plus larges mais seraient, dans une proportion comprise entre 74% et 96%, de nouveaux déchets amenés par le courant. Une autre possibilité est que les grands déchets se fragmentent via un mécanisme que les chercheurs ne connaissent pas encore et qui permettrait de coller au modèle mathématique.
Dans les zones où les déchets de petites tailles (0,5 mm à 5 mm) sont hautement concentrés (les hotspots), cette concentration est passée de 1 million de morceaux par km2 en 2015 à plus de 10 millions de morceaux par km2 en 2022. Il est cependant difficile « d’évaluer dans quelle mesure la masse totale accumulée dans le NPGP a évolué », préviennent les chercheurs.
Dans l’attente d’un traité mondial de lutte contre la pollution plastique
Ces méthodes de comptage ont toujours des limites (certains objets sont mieux détectés que d’autres grâce à leur couleur, certains coulent dans la colonne d’eau et restent donc invisibles en surface…). Mais elles illustrent tout de même une triste tendance dans une région où le volume de déchets en plastique est supérieur à celui des organismes vivants, des animaux étranglés par les filets ou encore étouffés par les débris qu’ils avalent.
Un objectif fixé en 2022 est de finaliser un traité mondial de lutte contre la pollution plastique d’ici la fin de l’année 2024.
Une session de négociations internationales s’était déroulée en avril à Ottawa, au Canada. Elle avait permis de souligner la persistance de nombreux points de désaccord entre les partis. Une dernière session devrait débuter fin novembre en Corée du Sud.
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