Les armes se sont tues. À 4 heures, heure locale (3 heures, heure française), un cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël est entré en vigueur, marquant l’aboutissement de longues semaines de négociations pour parvenir à un accord après plus d’un an d’un conflit entre le Hezbollah et Israël qui a tourné à la guerre ouverte depuis le mois de septembre et fait plusieurs milliers de morts au Liban. Reste que les contours de ce cessez-le-feu demeurent flous sur certains points.
• Un cessez-le-feu « dans la durée »
Comme l’a indiqué Emmanuel Macron dans un message mardi, l’accord de cessez-le-feu conclu s’inscrit dans le sillage de la résolution 1701 adoptée en 2006 par le Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin au précédent conflit entre le Hezbollah et Israël. Ce texte appelait à une « cessation totale des hostilités » ainsi qu’une « cessation immédiate » des « attaques » du Hezbollah et des « offensives militaires » d’Israël.
« Il importe que ce cessez-le-feu soit respecté, qu’il le soit dans la durée, afin de restaurer la sécurité des Libanais la sécurité des Israéliens », a souligné le président de la République, sans donner plus de détails.
De son côté, Joe Biden a affirmé que le cessez-le-feu est censé être « permanent » tandis que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait savoir que la durée du cessez-le-feu dépendra « de ce qui se passera au Liban ».
• Un retrait progressif des troupes sur 60 jours
Avec cet accord, la seule certitude du calendrier porte sur les deux mois à venir, à condition bien sûr que les deux parties respectent le cessez-le-feu.
D’après Joe Biden, « dans les 60 jours à venir, l’armée et les forces de sécurité libanaises se déploieront et prendront le contrôle de leur propre territoire ».
Durant la même période, « Israël retirera progressivement ses troupes qui restent » au Liban afin de permettre aux centaines de milliers de personnes déplacées de regagner leur domicile.
Selon une source américaine citée par la BBC, l’armée libanaise devrait déployer au sud du Liban quelque 5.000 hommes tandis que le nombre de Casques bleus de la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, doit être revu à la hausse.
Le Hezbollah s’engage pour sa part à retirer ses combattants et tout son armement de la zone comprise entre la « ligne bleue », la frontière entre Israël et le Liban tracée par l’ONU en 2000, et le fleuve Litani, située une trentaine de kilomètres plus au nord.
• Israël entend conserver « une liberté d’action totale »
Israël et le Hezbollah en passeront-ils réellement par le comité de surveillance mis en place pour faire valoir leur bon droit en cas d’agression adverse? Il est permis d’être sceptique, notamment après les déclarations de Benjamin Netanyahu. Mardi, le Premier ministre israélien a martelé que l’État hébreu conservait « une liberté d’action totale » au Liban.
Et d’énumérer les cas où l’État hébreu se réservait le droit de riposter: « Si le Hezbollah viole l’accord et essaie de s’armer, nous attaquerons. S’il tente de reconstruire les infrastructures terroristes près de la frontière, nous attaquerons. S’il lance une roquette, s’il creuse un tunnel, s’il amène un camion transportant des roquettes, nous attaquerons », a-t-il affirmé.
Le Hezbollah, qui n’a pas participé directement aux négociations de la trêve et a préféré faire appel au chef du Parlement, Nabih Berri, pour négocier en son nom, n’a lui pas encore commenté l’accord de cessez-le-feu.
• Paris et Washington, premiers garants de l’accord
Impliqués au premier plan dans la conclusion d’un cessez-le-feu, Américains et Français doivent également jouer un rôle majeur pour s’assurer du respect de cet accord. Emmanuel Macron a ainsi assuré que Paris « ne ménagera pas ses efforts pour accompagner (s)a mise en oeuvre » et qu’elle le fera « avec la Force intérimaire des Nations unies au Liban, au sein de laquelle (la France joue) un rôle central ».
Concrètement, la France et les États-Unis vont rejoindre le mécanisme tripartite existant depuis la guerre de 2006 et comprenant la Finul, le Liban et Israël. Ce nouveau comité de surveillance, sous présidence américaine, a pour objectif de maintenir un lien entre les différentes parties et à traiter toute violation grave qui serait constatée afin d’éviter la moindre escalade.
Joe Biden l’a cependant martelé: les États-Unis n’ont pas pour projet de déployer des troupes américaines au sud du Liban. « C’est cohérent avec avec mon engagement auprès du peuple américain de ne pas envoyer des troupes combattre dans ce conflit », a-t-il expliqué.Selon la source américaine sollicitée par la BBC, les États-Unis apporteront un soutien militaire aux forces armées libanaises, « comme ils l’ont fait dans le passé ». « Cela se fera normalement (…) en collaboration avec l’armée française », a déclaré le responsable.
bmftv