Le réquisitoire des deux avocats généraux a pris fin ce mercredi 27 novembre à Avignon dans la matinée. À une exception près, toutes les peines requises par le ministère public contre les accusés sont égales ou supérieures à 10 ans de prison.
Entamée lundi matin, le réquisitoire des avocats généraux dans le procès des viols de Mazan a pris fin ce mercredi 27 novembre, journée qui sera marquée par le début des plaidoiries pour la défense. Des peines de 4 à 20 ans de prison ont été réclamées par l’accusation contre les 51 accusés comparaissant devant la cour criminelle de Vaucluse d’Avignon.
• La peine maximale requise contre Dominique Pelicot
Le réquisitoire avait commencé lundi matin avec Dominique Pelicot, décrit comme le « chef d’orchestre » de la décennie de viols sur son épouse, Gisèle Pelicot, qu’il droguait aux anxiolytiques pour la livrer à des inconnus recrutés sur internet.
L’accusation a requis contre le septuagénaire 20 ans de réclusion criminelle, la peine maximale encourue pour viols aggravés.
« 20 ans, c’est à la fois beaucoup, car c’est 20 ans d’une vie, quel que soit son âge. Mais c’est aussi trop peu au regard de la gravité des faits qui ont été commis et répétés », a souligné Laure Chabaud, la représentante du ministère public.
L’avocate général a également demandé « qu’à la fin de sa peine (l’accusé) fasse l’objet d’un réexamen en vue d’une éventuelle mesure de rétention ».
Le ministère public a requis une peine de quatre ans de prison contre Joseph C. pour atteinte sexuelle. Le retraité de 69 ans est le seul accusé à ne pas être poursuivi pour viols aggravés ou tentative de viol aggravé.
Venu une seule fois au domicile des Pelicot dans la nuit du 9 au 10 juin 2020, Joseph C. nie les faits. « À aucun moment, il (Dominique Pelicot, NDLR) ne m’a parlé de viol, ni que son épouse était sous médicament. À aucun moment je n’ai senti un mensonge de sa part », a -t-il déclaré la semaine dernière à la barre.
• 10 à 18 ans de prison requis contre les autres accusés
Pour les 49 autres accusés, toutes les peines requises vont de 10 et 18 ans de réclusion criminelle. Le ministère public a ainsi requis de 10 ans à 14 ans de prison contre 38 d’entre eux. Une peine de 15 à 18 ans de prison est réclamée pour les 11 derniers.
Ces réquisitions des avocats généraux Jean-François Mayet et Laure Chabaud sont sensiblement plus sévères que la moyenne générale des condamnations pour viols en France, qui était de 11,1 ans en 2022 d’après les chiffres du ministère de la Justice.
• Un procès comme « une pierre à l’édifice »
Mercredi matin, en conclusion de son réquisitoire, Laure Chabaud s’est adressée à la cour criminelle du tribunal d’Avignon et estimé qu’elle signifiera par son verdict, attendu au plus tard le 20 décembre, « que le viol ordinaire n’existe pas » et « que le viol accidentel ou involontaire n’existe pas ».
Tout en regrettant qu’il se soit « parfois dégagé de (la) salle une communion dérangeante entre les accusés, menant à une décontraction inappropriée » pendant les débats, l’avocate générale a jugé qu’il « il y aura un avant et un après » à l’issue de ce procès.
« Ce procès est une pierre à l’édifice que d’autres continueront à construire », veut-elle croire. « Votre verdict sera le message d’espoir à toutes les victimes » et « rendra une part d’humanité volée à Gisèle Pelicot ».
AFP