Antoine Armand, ministre de l’économie, se dit prêt à « des concessions » sur le budget alors que la menace de censure se précise

Antoine Armand, France's finance minister, after a Council of Ministers meeting at the Elysee Palace in Paris, France, on Tuesday, Oct. 15, 2024. Fitch Ratings put France on negative outlook a day after the government presented its 2025 budget. Photographer: Benjamin Girette/Bloomberg via Getty Images

Le ministre a notamment évoqué la taxe sur l’électricité, dont l’augmentation est jugée « inadmissible » par le Rassemblement national. Le gouvernement met en garde contre une « tempête » économique et financière si le budget n’est pas adopté.

La pression s’accroît sur le gouvernement Barnier, menacé d’être censuré à l’Assemblée nationale dans les prochains jours, sur fond de discussions budgétaire enlisées. Dans ce contexte, le ministre de l’économie et des finances, Antoine Armand, s’est dit, jeudi 28 novembre, disposé à faire « des concessions » sur les textes budgétaires, afin d’éviter la « tempête » économique et financière qu’entraînerait selon lui la chute du gouvernement sans budget.

« Quelles que soient les différences de valeur qu’on a, on est aujourd’hui face à une situation extrêmement grave pour le pays.

Le premier ministre a parlé de “tempête”. Ce n’est pas un mot choisi au hasard, c’est un mot qui a une résonance financière, économique et budgétaire, et nous sommes évidemment prêts à des concessions pour éviter cette tempête », a déclaré M. Armand sur BFM-TV et RMC, deux jours après l’alarme sonnée par le premier ministre Michel Barnier au « 20 heures » de TF1.

Le ministre a notamment évoqué la taxe sur l’électricité, dont l’augmentation envisagée dans le projet de budget du gouvernement est jugée « inadmissible » par le Rassemblement national (RN). Les députés RN peuvent faire basculer le vote d’une motion de censure, fort de leur contingent de 140 députés (incluant leurs seize alliés du groupe d’Eric Ciotti)

Pression du RN capable de faire chuter le gouvernement
Le parti d’extrême droite accentue donc la pression sur le gouvernement Barnier. Marine Le Pen a notamment réclamé cette semaine des « engagements clairs et fermes sur l’abandon des 3 milliards d’euros de hausses du prix de l’électricité [au budget de l’Etat], l’abandon du déremboursement de nouveaux médicaments et de la désindexation des retraites », menaçant sinon, de faire tomber le gouvernement.

Jeudi, Antoine Armand a mis en garde l’ensemble des formations tentées par le vote d’une motion de censure, alors que les partis de gauche alliés dans le Nouveau Front populaire (NFP) – PS, LFI, PCF et Ecologistes – ont promis d’en déposer une dès que le premier ministre fera usage de l’article 49.3 de la Constitution pour permettre l’adoption du budget de l’Etat et/ou de la Sécurité sociale dans l’Hémicycle.

« Ce que je dis aux partis politiques qui n’ont rien en commun, tout à droite ou tout à gauche de l’hémicycle, c’est [que] ce n’est pas parce qu’on n’a pas un accord avec un gouvernement qu’on affaiblit son pays. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas d’accord avec une politique qu’on met un pays dans le rouge. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas d’accord avec un premier ministre et avec un gouvernement qu’on plonge le pays dans l’inconnu budgétaire et financier », a lancé M. Armand.

Comme le reste du gouvernement, le ministre macroniste a mis la pression sur les soixante-six députés du groupe socialiste, en appelant à leur responsabilité, alors que ces derniers pourraient permettre au gouvernement Barnier de rester en place, s’ils s’abstenaient lors du vote. Ces derniers se sont toutefois affichés solidaires du reste du NFP, actant en réunion de groupe qu’ils voteraient la censure pour empêcher l’adoption d’un budget auquel ils s’opposent.

Si le gouvernement Barnier tombe, sans qu’un budget ait été voté, « on risque de décrocher comme un avion qui est en altitude et qui à un moment risque de perdre le contrôle.

Or, il y a un chemin : ce chemin, c’est ce budget », a de nouveau mis en garde le ministre de l’économie, tout en reconnaissant que celui-ci pouvait être amélioré. A l’opposé, « il y a le chemin de l’inconnu, il y a le chemin de la dégradation, il y a le chemin de la dislocation du pays, il y a le chemin du saut dans l’inconnu budgétaire, économique et financier », a poursuivi le ministre, à la veille de la décision de l’agence de notation S&P sur la dette de la France.

Le Monde

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