Le Premier ministre est plus que jamais menacé d’une motion de censure qui devrait être votée ce mercredi 4 ou ce jeudi 5 décembre à l’Assemblée nationale par une grande majorité des députés du Nouveau Front populaire (NFP) et du Rassemblement national (RN). La France est sur le point d’entrer dans une crise politique et institutionnelle.
Moins de 72 heures avant la chute? Sauf énorme retournement de situation, le gouvernement de Michel Barnier tombera d’ici jeudi soir. Le Premier ministre, qui a déclenché ce lundi 2 décembre l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale, est désormais menacé par deux motions de censure.
Celle déposée par le Nouveau Front populaire devrait être votée, le Rassemblement national ayant promis de joindre ses voix à celles de la gauche. Mais que se passera-t-il ensuite? BFMTV.com vous présente le déroulé – probable – de la semaine.
• Macron anticipe la chute de Barnier depuis plusieurs jours et teste des noms
Avant même le 49.3 déclenché par Michel Barnier et le dépôt de motions de censure par le NFP et le RN, Emmanuel Macron anticipait déjà la chute de son Premier ministre. En effet, selon nos informations, le président de la République a entrepris dès la semaine dernière des rendez-vous physiques et téléphoniques avec différents interlocuteurs pour tester des noms de successeurs à Michel Barnier.
Pourtant, les services d’Emmanuel Macron démentaient publiquement fin novembre des propos attribués au chef de l’État et rapportés par le Parisien: « Le gouvernement va tomber. Elle (Marine Le Pen) va le censurer à un moment donné et plus tôt qu’on ne le pense ».
La Constitution est claire: seul Emmanuel Macron peut nommer le Premier ministre qui succédera à Michel Barnier en cas de censure.
Plusieurs sources indiquent à BFMTV que le président de la République ne penche pas vers une hypothèse de nomination de Premier ministre issu du Nouveau Front populaire. « Il ne voit pas la solution à gauche », confie un proche à BFMTV.
« Même Bernard Cazeneuve, je ne suis pas sûr que ça ne ferait pas perdre une partie de la Droite républicaine », estime une autre source, avant de préciser: « ça aurait peut-être pu marcher en septembre, là j’en doute ».
• La motion de censure votée par le NFP et le RN, place au gouvernement d’affaires courantes
Depuis la rentrée et l’arrivée de Michel Barnier à Matignon, la situation n’a pas changé à l’Assemblée nationale: aucun bloc (NFP, « socle commun » ou RN) ne dispose d’une majorité absolue et tous pourraient être censurés par les deux autres. Ce sera très probablement le cas cette semaine pour le gouvernement composé de ministres issu du « socle commun » (Les Républicains-Renaissance).
La motion de censure déposée par le Nouveau Front populaire ce lundi sera débattue à l’Assemblée nationale d’ici la fin de la semaine, au plus tôt ce mercredi. Marine Le Pen et le Rassemblement national la votera, a annoncé la cheffe des députés d’extrême droite. Sauf énorme retournement de situation, elle sera donc largement adoptée.
Dès l’annonce des résultats du vote par Yaël Braun-Pivet dans l’hémicycle, Michel Barnier ne sera plus Premier ministre: le gouvernement sera démissionnaire et en attendant la nomination d’un nouvel exécutif, Michel Barnier et son équipe gouvernementale géreront uniquement les affaires courantes. Au Sénat, les débats actuellement en cours sur le projet de loi de finances s’arrêteront immédiatement.
• Un nouveau Premier ministre nommé rapidement?
La suite dépend d’Emmanuel Macron. Après la démission de Gabriel Attal en juillet dernier, le président de la République avait pris 51 jours avant de nommer un nouveau Premier ministre. Cette fois-ci, ses proches plaident pour une nomination rapide, a appris BFMTV.
Mais qui? À gauche, Lucie Castets reste la candidate officielle du NFP, mais son nom semble donc être exclu par le locataire de l’Élysée. Dans la soirée, les socialistes ont plaidé pour la désignation « d’un Premier ministre partageant les valeurs de la gauche » et « ouvert au compromis ».
À droite et au centre, les noms de Sébastien Lecornu, François Bayrou, Bruno Retailleau ou encore Gérard Larcher ont été évoqués, selon nos confrères de RTL. Emmanuel Macron peut aussi… renommer Michel Barnier. Une option qui pourrait déclencher la colère des parlementaires.
Quant au RN, il garde toujours l’option Jordan Bardella. Mais « pas maintenant », a dit Julien Odoul sur BFMTV ce lundi. « On voit bien que, sans majorité, un cap pour le pays est impossible. Nous souhaitons qu’il y ait prochainement une dissolution, quand cela sera possible, avec une majorité Rassemblement national », a affirmé le député de l’Yonne.
• Pas de nouvelles élections avant juillet prochain, sauf si…
Que faire, donc, face à une crise politique et institutionnelle que la France n’a pas connue depuis la dernière censure du gouvernement, en 1962? À l’époque, le président de la République Charles de Gaulle avait convoqué de nouvelles élections législatives. Problème: Emmanuel Macron ne peut pas dissoudre l’Assemblée nationale avant juillet prochain.
« Notre Constitution est claire: lorsqu’il existe une crise politique grave, le président de la République a trois possibilités: le remaniement, la dissolution et sa démission », a plaidé devant la presse Marine Le Pen. Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon à lui aussi renouvelé son appel à la démission du locataire de l’Élysée. « La chute de Barnier est actée. Macron sera le prochain », a promis la présidente des insoumis à l’Assemblée nationale Mathilde Panot.
Fin novembre, un sondage Elabe pour BFMTV révélait que 63% des Français sont favorables à la démission de Macron en cas de censure du gouvernement.
En cas de démission d’Emmanuel Macron, une élection présidentielle anticipée sera organisée sous 35 jours, comme le prévoit la Constitution. Mais cette hypothèse semble balayée depuis des mois par le principal intéressé.
En juin, dans l’entre deux-tours des élections législatives, Emmanuel Macron avait exclu de démissionner « quel que soit le résultat des législatives », y compris donc en cas de crise politique sans précédent.
afp