Le président français Emmanuel Macron entame ce lundi 2 décembre une visite d’État de trois jours en Arabie saoudite. Le royaume saoudien est le deuxième plus grand importateur d’armes au monde et le premier en termes de dépenses militaires dans la région. Et à ce titre, il intéresse particulièrement les entreprises françaises de défense. L’Arabie saoudite souhaite également diversifier son économie.
Sur le carnet de commandes d’armes françaises, l’Arabie saoudite était le deuxième pays le plus important l’an dernier.
« La France a vendu beaucoup de matériels historiquement, depuis de nombreuses années, à l’Arabie saoudite », explique Renaud Bellais, qui codirige l’Observatoire de la défense de la fondation Jean Jaurès, également conseiller pour le fabricant de missiles MBDA.
« Beaucoup de pays sont soit leur propre producteur, et donc n’importent pas, soit ont des partenariats avec d’autres pays comme les États-Unis ou la Russie. Les pays du Golfe, dont l’Arabie saoudite, sont des marchés ouverts, dans ce sens où ils sont prêts à acheter le matériel à plusieurs fournisseurs », ajoute-t-il.
D’éventuels contrats d’armement scrutés de près
La France aimerait notamment vendre des avions de chasse, des Rafale, au royaume saoudien. Mais les éventuels contrats d’armement seront scrutés de près, car des experts de l’ONU accusent Riyad de crimes de guerre au Yémen.
« Aujourd’hui, la difficulté, c’est de concevoir qu’on puisse vendre des armes encore à l’Arabie saoudite avec un potentiel risque d’utilisation au Yémen », pointe Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer sur les armes pour Amnesty International. « Rien n’indique que la France aurait obtenu de nouvelles garanties que ses équipements seraient utilisés dans le respect du droit international humanitaire par l’Arabie saoudite, potentiellement, par exemple, au Yémen. »
Selon l’ONG, l’Arabie saoudite n’a pris aucune mesure jusqu’à maintenant pour faire la lumière sur les possibles crimes de guerre commis au Yémen, dans le conflit qui dure depuis 2014.
La diversification économique du royaume
La signature de contrats ne sera pas le seul enjeu de la visite, étant donné la situation dans la région, en pleine guerre à Gaza et après la signature d’un cessez-le-feu entre Israël et le Liban. Mais la France espère tout de même profiter de la volonté de Riyad de diversifier son économie et de sortir du tout-pétrole.
« Il y a évidemment le souhait de toujours développer les relations économiques puisqu’en plus, il y a une réunion sur place, il y a un sommet sur l’eau auquel participera le président français ; ce qui s’inscrit d’ailleurs dans le grand plan Vision 2030 du prince héritier. C’est son plan majeur », note David Rigoulet-Roze, chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique.
Il y a un changement de paradigme en Arabie saoudite. C’est dans ce cadre-là que s’inscrivent les efforts de partenariats économiques multiples, d’ailleurs. La France faisant partie de ses relations privilégiées.
À cause des cours du pétrole très volatils, la pétromonarchie saoudienne a toutefois revu à la baisse ces derniers mois ses ambitions sur certains projets, notamment sur les investissements à l’étranger et sur sa future ville géante The Line. Au lieu d’accueillir 1,5 million d’habitants, l’agglomération, située en plein désert, ne devrait finalement en recevoir que 300 000.
rfi