En Corée du Sud, le président Yoon s’accroche au pouvoir avant le vote de destitution

La motion en destitution contre le chef de l’État Yoon Suk-yeol, qui a brièvement déclaré la loi martiale, sera soumise au vote samedi à 19h, a indiqué jeudi l’agence de presse Yonhap. Le chef de file du parti du président à l’Assemblée a promis que tous les députés de sa formation la rejetteront.

Le président conservateur sud-coréen Yoon Suk-yeol s’accroche au pouvoir jeudi 5 décembre, son parti annonçant qu’il fera échec à une motion en destitution déposée au Parlement par l’opposition après sa tentative ratée d’imposer la loi martiale.

Yoon Suk-yeol avait semé la stupeur en Corée du Sud mardi soir en décrétant la loi martiale et en ordonnant à l’armée d’investir le Parlement, avant de faire volte-face six heures plus tard sous la pression des députés et des manifestants.

Six partis d’opposition ont déposé, mercredi 4 décembre, une motion en destitution contre le président, l’accusant d’avoir « gravement violé la Constitution et la loi ». Cette motion sera soumise au vote samedi à 19 h locales (10 h GMT), a déclaré Jo Seoung-lae, un député de l’opposition, cité par l’agence de presse Yonhap.

La motion devant être adoptée à une majorité des deux tiers, la défection d’au moins huit députés du parti présidentiel sera donc nécessaire pour entraîner la chute de Yoon Suk-yeol.

Jeudi, le chef de file du PPP au Parlement, Choo Kyung-ho, a affirmé que sa formation voterait contre. « L’ensemble des 108 députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP) resteront unis pour rejeter la destitution du président », a-t-il dit à la presse.

Choo Kyung-ho a toutefois ajouté qu’il avait demandé à Yoon Suk-yeol de quitter le parti. Le PPP « n’est pas en train d’essayer de défendre la loi martiale inconstitutionnelle du président », a-t-il assuré.

Si la motion est adoptée, Yoon Suk-yeol sera suspendu de ses fonctions dans l’attente d’une confirmation de sa destitution par la Cour constitutionnelle.

Si les juges donnent leur feu vert, il quittera le pouvoir et une nouvelle élection présidentielle devra être organisée sous 60 jours.

 

Démission du ministre de la Défense

Yoon Suk-yeol n’est pas apparu en public depuis son dernier discours à la télévision nationale, mercredi à l’aube, pour annoncer la levée de la loi martiale qu’il avait décrétée la veille au soir. Et il ne fera aucune déclaration publique jeudi, a indiqué son secrétariat à la presse.

La police sud-coréenne a annoncé avoir ouvert une enquête pour « rébellion » contre le président après sa tentative ratée. « L’affaire est en cours », a déclaré le chef des enquêtes nationales de la police, Woo Kong-suu, devant les députés.

Il fait également face à des démissions de ses collaborateurs. Dernière en date : celle du ministre de la Défense, Kim Yong-hyun. 

Une manifestation pour réclamer le départ du président sud-coréen Yoon Suk Yeol, mercredi 4 décembre 2024 à Séoul.
Mercredi, des milliers de Sud-Coréens ont manifesté à Séoul pour réclamer le départ du président. D’autres rassemblements sont prévus jeudi.

« Notre démocratie sera piétinée si nous laissons Yoon Suk-yeol au pouvoir un instant de plus », a affirmé un manifestant, Park Su-hyung, 39 ans.

« Il fallait que je sois là ce soir, le président est fou », a jugé pour sa part Choi Moon-jung, 55 ans.

Dans un contexte de difficultés à adopter le budget 2025, le président avait justifié ce coup de force en disant vouloir « éliminer les éléments hostiles à l’État » et « protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes ».

AFP

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