Syndrome du loup-garou : plusieurs bébés touchés à cause d’un médicament anti-calvitie

À Navarre, 11 enfants, dont les pères utilisaient un traitement contre la perte de cheveux, ont développé une hypertrichose, se traduisant par une pilosité abondante.

Ce n’est pas la première fois que des cas pareils sont signalés en Espagne. En 2019, au moins 17 enfants avaient déjà été concernés par le syndrome du loup-garou. Cette fois-ci, plus précisément fin novembre, le Centre de Pharmacovigilance de Navarre a détecté 11 cas d’hypertrichose chez des nourrissons, selon le journal espagnol El País.

Pour rappel, il s’agit d’une augmentation de la quantité de poils n’importe où sur le corps.

Ces derniers « peuvent être fins, clairs et ras, ou épais, foncés et longs », peut-on lire sur le site du Manuel MSD. Chez les tout-petits, « l’hypertrichose risque de provoquer des complications au niveau du cœur et des reins, entre autres », d’après El País. Ainsi, la situation « peut être alarmante et être très stressante pour les familles des patients.

Elle peut conduire à de nombreux examens de laboratoire et d’imagerie pour écarter les problèmes endocriniens, car l’étude initiale de l’origine de l’hypertrichose peut se concentrer sur les propres causes du patient ».

Syndrome du loup-garou : un médicament contre la calvitie utilisé par les pères en cause
Tout a commencé en avril 2023. Selon le quotidien El Economista, le Centre de Pharmacovigilance a été, à ce moment-là, alerté sur un cas survenu dans la communauté autonome espagnole d’un bébé allaité qui avait progressivement développé une pilosité accrue sur le dos, les jambes et les cuisses pendant deux mois.

Lors de ce signalement, les pathologies ou autres traitements administrés à l’enfant qui pourraient justifier l’augmentation de la pilosité corporelle ont été exclus.

Durant l’entretien avec la famille, il a été découvert que le père utilisait du minoxidil à 5 % par voie topique pour traiter son alopécie androgénique et qu’il était en congé depuis un mois pour s’occuper de son fils. Après un retrait du contact avec le médicament, les symptômes du nourrisson ont complètement régressé. Ainsi, le syndrome du loup garou était un « effet indésirable grave » du médicament contre la perte de cheveux.

Face à cette observation, une revue des cas similaires signalés dans la base de données du système espagnol de pharmacovigilance (FEDRA) a été réalisée, détectant six autres cas présentant les mêmes caractéristiques, tous chez des bébés allaités dont les pères utilisaient du minoxidil. Par la suite, quatre nourrissons supplémentaires présentant une pilosité abondante pour les mêmes raisons ont été identifiés.

La transmission du minoxidil pourrait se faire par la voie orale ou le contact peau à peau
Le Centre de Pharmacovigilance de Navarre envisage l’hypothèse selon laquelle il existe un transfert du minoxidil des utilisateurs aux jeunes enfants dont ils ont la garde et que, lors du transfert, le traitement est absorbé par voie topique ou par voie orale en produisant un effet systémique chez les tout-petits. « La peau des jeunes enfants est plus perméable en raison d’une couche cornée plus fine et d’un rapport surface/poids corporel plus élevé.

C’est pourquoi il est plus facile pour eux d’absorber par voie systémique des médicaments administrés par voie topique. »

L’enquête menée par le Centre de pharmacovigilance de Navarre a conduit l’Agence européenne des médicaments (EMA) à modifier, depuis le mois d’octobre, les informations figurant sur la notice des lotions contenant du minoxidil dont la vente est autorisée dans l’Union européenne.

En juin dernier, le Comité européen pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) avait déjà émis une recommandation visant à inclure une mise en garde concernant ces cas d’hypertrichose chez les nourrissons après un contact cutané avec les sites d’application du minoxidil chez les parents y ayant recours sur les étiquettes et la notice d’utilisation.

pourquoidocteur

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