La COP16 sur la lutte contre la désertification, qui se déroule actuellement à Riyad, en Arabie Saoudite, aborde des enjeux majeurs concernant la dégradation des terres et les solutions pour restaurer ces écosystèmes essentiels à la survie de nombreuses communautés.
Depuis le début de la conférence le 2 décembre 2024, un constat alarmant a été mis en avant : 40% des terres mondiales sont affectées par la dégradation, un phénomène qui touche plus particulièrement le continent africain, où 65% des terres arables sont modérément ou sévèrement dégradées. Une situation qui représente un défi écologique, social et économique majeur, notamment pour l’Afrique subsaharienne, où l’agriculture représente une part importante de l’économie.
Une situation alarmante pour l’Afrique
L’ampleur de la dégradation des terres en Afrique est d’autant plus inquiétante qu’elle touche directement la sécurité alimentaire, la résilience des communautés face au changement climatique, et l’ensemble des systèmes écologiques du continent. Selon Rémi Hémeryck, délégué général de SOS Sahel, cette situation s’explique par plusieurs facteurs.
D’abord, la sécheresse croissante et la variabilité climatique jouent un rôle majeur dans l’aggravation de la dégradation des sols. La surexploitation des terres agricoles, le déboisement pour le bois de chauffage, ainsi que les pratiques agricoles peu durables contribuent également à l’appauvrissement des sols.
Cette dégradation affecte non seulement les sols, mais aussi les écosystèmes qui en dépendent, entraînant des conséquences dramatiques pour les populations rurales. 65% des terres arables en Afrique sont désormais moins productives qu’auparavant, avec des conséquences directes sur la sécurité alimentaire, la biodiversité et la résilience climatique des communautés locales.
La réponse mondiale : la COP16 et ses enjeux
La COP16 met en lumière l’urgence d’agir face à cette situation. En Afrique, des initiatives de restauration des écosystèmes et de gestion durable des terres sont indispensables pour inverser cette tendance. Les discussions actuelles à la COP16 s’articulent autour de stratégies permettant de réhabiliter les terres dégradées, en combinant des solutions basées sur la nature, des technologies innovantes et une participation active des communautés locales.
Une des propositions majeures sur la table est la mise en œuvre de pratiques agricoles durables et intégrées, qui permettent à la fois de restaurer la fertilité des sols et de répondre aux besoins des agriculteurs. L’idée est de réduire l’érosion des sols et de maintenir leur capacité à produire sur le long terme tout en améliorant la résilience des écosystèmes locaux.
Parmi les outils présentés lors de la conférence, la Grande Muraille Verte, un projet de restauration écologique couvrant plusieurs pays du Sahel, est un exemple phare.
Ce projet vise à restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030, en intégrant des pratiques locales et en soutenant les communautés pour qu’elles deviennent des acteurs clés dans le processus de restauration. Rémi Hémeryck souligne l’importance de ce type de projet en raison de son approche participative, qui prend en compte les savoirs traditionnels et les besoins spécifiques des populations locales.
Le rôle crucial de la comptabilité écosystémique et des financements
Pour réussir la restauration des terres dégradées, les experts insistent également sur la nécessité de mettre en place des mécanismes de financement adaptés. À cet égard, la comptabilité écosystémique se présente comme un outil essentiel. Elle permet d’évaluer la valeur des services écosystémiques, comme la régulation de l’eau, la protection des sols et la biodiversité, et d’intégrer ces valeurs dans les décisions de planification et d’investissement.
Cela permettrait de mieux aligner les projets de développement avec les objectifs environnementaux et de garantir des financements durables pour la restauration des terres.
Des initiatives financières, soutenues par des organismes internationaux, devraient ainsi permettre de financer la mise en œuvre de projets de restauration à grande échelle. Ces financements doivent être ciblés et adaptés aux spécificités de chaque région, afin de maximiser l’impact sur les sols et les communautés locales.
Urgence d’une action collective
La dégradation des terres est un problème global, mais l’Afrique, avec 65% de ses terres arables dégradées, est particulièrement vulnérable. Les discussions à la COP16 montrent que des solutions existent pour restaurer ces terres et inverser la tendance. Cependant, il est impératif que les actions soient multilatérales, coordonnées et adaptées aux réalités locales.
La combinaison de la restauration écologique, de la participation communautaire, de l’innovation technologique et des mécanismes financiers est essentielle pour garantir un avenir durable pour les terres agricoles africaines et les communautés qui en dépendent. L’urgence d’une action collective pour lutter contre la dégradation des terres est plus forte que jamais.
VivAfrik