Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), près de 800 milliards USD seront nécessaires d’ici 2040 pour l’extraction des minéraux critiques. Le rapport « Shaping The Future of Minerals » du Future Minerals Forum fait une nouvelle estimation en prenant en compte d’autres paramètres.
Un rapport du Future Minerals Forum intitulé « Shaping The Future of Minerals » estime que 5400 milliards USD d’investissements seront nécessaires dans les minéraux critiques d’ici 2035 pour soutenir la transition énergétique mondiale.
Selon les auteurs, ces investissements aideront à répondre à l’accélération de la demande en cobalt, lithium, nickel, terres rares, etc., des ressources essentielles aux technologies bas-carbone, notamment les batteries pour véhicules électriques et les énergies renouvelables.
Les fonds devront être répartis, apprend-on, entre l’exploration, la transformation et les infrastructures nécessaires pour soutenir ces industries. L’Afrique et une zone élargie englobant l’Asie centrale et occidentale, sont présentées comme une « Super Région » au centre des dynamiques mondiales de la transition énergétique. Cette zone clé abriterait 59% des réserves mondiales de cobalt, 62% de manganèse et 67% de bauxite.
Un continent riche, mais sous-exploité
Malgré ces atouts, l’Afrique reste sous-exploitée par rapport à d’autres régions comme la Chine et l’Amérique du Sud. La plupart des minéraux extraits quittent le continent sous forme brute, privant les économies locales d’opportunités d’emplois et de revenus significatifs. Dans le cas du cobalt, utilisé pour les batteries des véhicules électriques, 80% du traitement mondial est effectué en dehors de l’Afrique.
Le rapport insiste sur la nécessité de transformer localement ces ressources pour en maximiser la valeur.
Selon les auteurs, cela pourrait générer des milliers d’emplois dans des secteurs comme la chimie et les technologies vertes, tout en rapportant des recettes qui pourraient être réinvesties dans les infrastructures sociales et économiques, telles que les écoles, les hôpitaux et les routes.
L’exemple de l’Indonésie, devenue un acteur majeur du nickel grâce à des politiques ambitieuses, est évoqué dans le document comme preuve de la faisabilité d’un tel modèle.
En outre, les auteurs indiquent que l’Afrique, avec ses ressources abondantes et sa proximité géographique des marchés européens et asiatiques, apparaît comme une alternative crédible à la domination de la Chine dans le raffinage et la transformation des minéraux critiques, un sujet d’inquiétude pour de nombreuses grandes économies.
Transformer ces opportunités en profits réels
Le rapport de Future Minerals Forum n’est pas le premier à faire de telles analyses. Selon l’AIE, près de 800 milliards USD d’investissements dans l’extraction seront nécessaires d’ici 2040 pour atteindre les objectifs climatiques, et la valeur de marché des minéraux critiques pourrait plus que doubler pour atteindre 770 milliards USD.
Selon plusieurs sources concordantes, l’Afrique héberge 30% des réserves mondiales de minéraux critiques, comme le cuivre, le lithium et le cobalt. À en croire les données de Tralac, malgré ce potentiel, l’Afrique n’a attiré sur la période 2019-2023 que 35,6% des investissements directs étrangers destinés à leur extraction, et à peine 2,8% des IDE alloués dans le monde à leur transformation.
Pour changer la donne, attirer davantage d’investissements et surtout transformer les différentes opportunités en profits réels pour se développer, l’Afrique doit relever un certain nombre de défis. Il y a notamment l’insuffisance des infrastructures, le climat des affaires, ainsi que la question de la main-d’œuvre et des compétences. De tous ces obstacles, la question du cadre réglementaire mis en place pour attirer les investissements est l’un des plus importants.
Ces dernières années, plusieurs pays ont pris conscience de l’ampleur du chantier et travaillent pour que leurs richesses minérales profitent davantage à leurs économies et populations.
Cela s’est traduit par une montée du nationalisme des ressources manifesté par plusieurs projets de réformes de codes miniers, des plans pour renégocier les contrats et des pressions sur les investisseurs pour la transformation locale, comme illustré dans un rapport d’Ecofin Pro intitulé « La tentation du nationalisme et de la nationalisation des ressources en Afrique ».
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