Le nombre de demandeurs d’asile sans-abris ne cesse d’augmenter en Irlande, à l’aube de l’hiver. D’après les derniers chiffres des autorités, plus de 3 000 personnes n’ont pas accès à un hébergement. C’est dix fois plus que l’an dernier.
Plus de 3 000 demandeurs d’asile se retrouvent sans-abri en Irlande, à quelques semaines du début de l’hiver, révèlent des chiffres du ministère de l’intégration irlandais.
Depuis décembre 2023, 5 671 des 6 407 demandeurs d’asile enregistrés par les autorités irlandaises se sont vus refuser l’accès à un hébergement.
Un an plus tard, plus de la moitié n’ont donc toujours pas eu accès à un toit, le temps que leur dossier soit examiné. « Nous ne pouvons pas continuer à normaliser le sans-abrisme et à faire en sorte que l’État délègue ses devoirs à des bénévoles et à des organisations caritatives manquant de ressources », a épinglé Nick Henderson, directeur général du Conseil irlandais pour les réfugiés, auprès du média Irish Legal News.
« Cette situation met en danger à la fois les personnes en quête de protection et ceux qui les aident. »
Mi-novembre, l’État irlandais a annoncé faire appel d’une décision de justice de la Haute Cour tombée en août, qui lui rappelait son obligation légale de répondre aux besoins fondamentaux des demandeurs d’asile, notamment l’accès à un logement. L’absence de solution constitue, selon cette décision de la Haute Cour, une violation de leurs droits fondamentaux.
Dix fois plus de demandeurs d’asile sans logement depuis un an
Cette procédure judiciaire avait été initié en décembre 2023 par la Commission irlandaise des droits de l’homme et de l’égalité. Celle-ci l’avait lancé dans la foulée de l’annonce officielle par le gouvernement que les hommes seuls ne seraient pas hébergés, en raison d’une « pression sans précédent » sur l’hébergement.
À ce moment-là, 259 demandeurs d’asile, tous des hommes, attendaient une offre d’hébergement, rappelle The Irish Times. Ce chiffre est donc dix fois plus élevé aujourd’hui.
Pour tenter de répondre à la demande croissante, les autorités avaient monté à la hâte des centres faits de grandes tentes militaires et de lits superposés, en périphérie de la capitale. « On est 16 personnes par tente, c’est beaucoup. Le soir, le bruit des autres m’empêche de dormir », expliquait début juillet à InfoMigrants un Afghan de 25 ans, hébergé dans le centre de Crooksling, à une vingtaine de kilomètres du centre de Dublin.
Après une nuit sous la pluie, une quarantaine de demandeurs d’asile mis à l’abri
Signe de ce contexte généralisé, un campement d’une quarantaine de demandeurs d’asile s’était particulièrement rendu visible en s’établissant près de Leinster House, dans le centre de Dublin. Des dizaines de tentes avaient été installées là, dans la nuit du mercredi 4 décembre, après que des demandeurs d’asile hébergés par le Service d’hébergement de protection internationale (IPAS) à Citywest dans le cadre d’un plan de mise à l’abri hivernal ont été forcés d’en partir.
Après un mouvement de protestation, jeudi 4 décembre au matin, ces demandeurs d’asile remis à la rue ont reçu un courriel leur proposant une mise à l’abri. D’après The Irish Times, les hébergements proposés se situent dans le sud-ouest de Dublin à Crooksling et dans le comté de Wicklow à Newtownmountkennedy.
Le Conseil irlandais pour les réfugiés s’était dit « très préoccupé » par la situation, notamment parce que la météo locale prévoyait « un temps humide et très venteux pour le reste de la semaine ». D’autant que les modalités d’hébergement restent incertaines, puisque ces courriels spécifiaient aux demandeurs d’asile d’emmener « tous leurs effets personnels avec eux, y compris les sacs de couchage et les tentes », rapporte encore the Irish Times.
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