Confronté à une forte hausse du nombre de réfugiés sans-abris, le gouvernement travailliste britannique a annoncé doubler la durée d’accueil maximale dans les logements provisoires de 28 à 56 jours. Les députés de l’opposition l’accusent déjà de revenir au coûteux système de l’hébergement en hôtel qui avait fait scandale lors du mandat des conservateurs.
Le gouvernement britannique va doubler la durée de logement provisoire des réfugiés dès le 9 décembre pour lutter contre le sans-abrisme, révèle la BBC. Jusqu’à maintenant, un migrant ayant obtenu un titre de séjour à la suite de l’examen de sa demande d’asile, pouvait rester jusqu’à 28 jours dans son hébergement – qu’il s’agisse d’une structure d’accueil ou d’une chambre d’hôtel. Désormais ce délais sera porté à 56 jours.
Avec cette mesure provisoire, qui sera réévaluée en juin 2025, le ministère de l’Intérieur espère réduire le nombre de migrants sans-abris, qui a fortement augmenté ces derniers mois en Angleterre.
Forte hausse du nombre de sans-abris
Selon une étude publiée en novembre par le réseau associatif No Accommodation Network, 1 941 adultes ayant obtenu un permis de séjour se sont retrouvés sans logement en 2023-24, soit le double par rapport à l’année précédente. Le réseau constate par ailleurs une hausse de 125 % du nombre de sans-abri, en particulier parmi les nouveaux réfugiés.
« Il est urgent de changer les choses pour que le système d’asile et d’immigration ne continue pas à aggraver le dénuement et le sans-abrisme, et à alimenter l’injustice dans les communautés de réfugiés et de migrants », avait alors réagi Bridget Young, la directrice du collectif.
Cette hausse du nombre de migrants sans-abris est notamment due aux tergiversations du précédent gouvernement conservateur sur sa politique d’accueil. En juin 2023, l’arriéré de demandes d’asile avait atteint des records avec 134 000 demandes en attente, avant de redescendre progressivement autour de 86 000 dossiers un an plus tard. Conséquence inévitable de cet embouteillage administratif, le coût de l’hébergement provisoire des demandeurs d’asile atteignait jusqu’à 8 millions de livres par jour en 2023.
Retour au coûteux système des hôtels
Pour remédier à ce problème, les autorités ont accéléré la procédure pour les ressortissants de l’Afghanistan, l’Érythrée, la Libye, la Syrie ou encore le Yémen. En parallèle, les conservateurs ont démobilisé plusieurs dizaines d’hôtels permettant d’héberger les demandeurs d’asile et réduit de 28 à 7 jours la durée maximale d’hébergement une fois le titre de séjour obtenu. Cette mesure a eu pour effet de pousser de nombreux migrants à la rue. Le gouvernement a rétropédalé quelques semaines plus tard, mais l’explosion du phénomène de sans-abrisme sur les migrants se constate encore aujourd’hui.
Le gouvernement de Keir Starmer fait donc de nouveau le pari de l’hébergement de moyen terme pour les réfugiés, y compris dans des hôtels.
Selon la BBC, 220 hôtels sont actuellement utilisés, soit sept de plus qu’en juillet dernier et la victoire des travaillistes aux élections législatives.
Critiqué par les députés de l’opposition, qui l’accusent de ne pas tenir sa promesse de réduction des coûts de logement pour demandeurs d’asile, le gouvernement a assuré qu’il continuait à identifier des solutions de logement alternatives.
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