Entre obstacles divers et potentiels formidables, les acteurs et leaders de la finance en Afrique se mobilisent à Casablanca (Maroc) pour booster et développer un secteur en pleine évolution. C’est sous de bons auspices que s’est ouverte, ce lundi 9 décembre 2024, la 4ème édition de l’Africa Financial Summit 2024.
Le thermomètre affiche 12 degrés celcius dans les rues de Casa, la « maison blanche », ce matin de lundi 9 décembre 2024, mais on est bien au chaud dans les salons feutrés du Hyatt Hôtel où se tient l’évènement annuel de l’Africa Financial Summit 2024 qui regroupe plus de 1000 participants dont des acteurs et leaders de la finance en Afrique.
Gouverneurs de banques, institutions bancaires, secteurs privés, ils sont tous là lorsque le rideau se lève sur Mme Nadia Fettah Alaoui, ministre marocaine de l’Économie et des Finances.
« Transformer nos institutions financières pour mieux servir les aspirations de nos populations ». C’est ainsi que Mme la ministre traduit l’esprit de l’Africa Financial Summit 2024 qui démarre ce lundi jusqu’à ce mardi 10 décembre. Après une édition en virtuel pour cause de Covid 19 et les deux éditions tenues à Lomé au Togo en 2022 et 2023, la quatrième édition qui porte sur le thème central optimiste « Une nouvelle ère : le temps des puissances financières africaines est venu », reflète les évolutions actuelles du paysage financier africain, marqué par l’émergence de banques, fintechs et bourses qui innovent et renforcent leur présence sur la scène régionale et internationale.
En ouvrant officiellement le sommet, Mme Alaoui a cependant mis le doigt là où ça fait mal en indiquant qu’en Afrique où les besoins de financement pour les infrastructures, la transition écologique et l’inclusion sociale dépasseront les 1200 milliards de dollars d’ici à 2030, « la circulation des capitaux devient une nécessité stratégique or le continent fait face à des obstacles structurels, règlementaires et technologique qui freinent cette dynamique. »
En dépit des initiatives comme le PAPASS (Pan African payment and settlement system) conçu pour faciliter les paiements transfrontaliers, Mme Alaoui indique encore que « 80% des transactions intra africaines passent encore par des devises étrangères, augmentant ainsi les coûts et délais »
Pour sa part, Sérgio Pimenta, Vice-Président Afrique, IFC, reconnait que « l’Afrique est confrontée au retrait des banques internationales, à des taux d’intérêt historiquement élevés et à une volatilité des échanges commerciaux et des devises qui perdure ». Mais c’est pour souligner que l’investissement privé en Afrique reste « robuste et proche du record historique de 2021, malgré des conditions de marché difficiles (soit 6,3 milliards de dollars en 2022, BEI) ».
Nonobstant, l’initiateur de l’évènement, Amir Ben Yahmed, Président de l’Africa Financial Summit, par ailleurs CEO de Jeune Afrique Media Group, s’appuie, lui, sur 3 convictions très fortes à savoir la nécessité pour l’Afrique de conquérir sa souveraineté économique pour garantir sa place dans un monde multipolaire ; le renforcement de l’industrie la plus importante pour sa croissance, celle qui assure le financement du secteur privé, des grands projets d’infrastructures, celle qui doit être le garant de l’inclusion financière ; et une vision panafricaine d’une véritable « Afrique » des Service financiers « avec, malgré les obstacles, la volonté ferme d’abolir une grande partie des frontières financières ».
Construire une industrie financière robuste
Somme toute, il apparaît que des initiatives comme l’African Exchanges Linkage Project (AELP) jouent un rôle clé en facilitant l’intégration des marchés financiers et en stimulant les flux de capitaux intra-africains, tandis que les efforts pour harmoniser les cadres réglementaires contribuent à renforcer la souveraineté économique du continent.
Rappelons que l’objectif de l’AFIS est de construire une industrie financière robuste au service de l’économie réelle et du développement durable. L’initiative vise également à contribuer au succès de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF), qui devrait accélérer l’intégration et la croissance du secteur financier en Afrique.
Le millier de participants à cette édition de l’AFIS aura à faire avec pas moins de 50 sessions organisées autour de thématiques dont le rôle des champions nationaux dans la nouvelle ère de la finance africaine marquée par le retrait des acteurs internationaux ; les avancées technologiques ; l’énergie ; le capital-investissement ; la mobilisation des ressources nationales et internationales via des instruments financiers innovants, entre autres problématiques.
En marge, la publication des résultats du 4e Baromètre de l’Industrie Financière Africaine sera un moment fort.
Il s’agit d’une enquête annuelle auprès des dirigeants du secteur financier qui offre une analyse approfondie des orientations de l’industrie sur les réglementations, la finance durable et les obstacles à l’inclusion financière.
lejecos