Tandis que le président Yoon affrontera une seconde motion de destitution du Parlement après son coup de force de la semaine passée, on apprend que son ex-ministre de la Défense a voulu mettre fin à ses jours.
Le principal parti d’opposition en Corée du Sud a fixé à ce samedi 14 décembre (8h GMT, 17h locales) la soumission au vote de sa deuxième motion de destitution contre le président Yoon Suk Yeol, a indiqué un porte-parole mercredi, une semaine après l’éphémère loi martiale déclarée par l’impopulaire dirigeant.
Parallèlement, la police a indiqué mercredi avoir perquisitionné le bureau présidentiel après la tentative manquée du président Yoon, alors que l’ex-ministre de la Défense en poste pendant ce coup de force a essayé de se suicider en détention, selon la justice.
«L’Equipe spéciale d’enquête a mené une perquisition au bureau présidentiel, à l’Agence de la police nationale, à l’Agence de la police métropolitaine de Séoul et au Service de sécurité de l’Assemblée nationale», a déclaré cette unité policière dans un message envoyé à l’AFP.
Yoon Suk Yeol a sidéré le pays en imposant la loi martiale par surprise dans la nuit du 3 au 4 décembre, avant d’être obligé de l’abroger six heures plus tard sous la pression du Parlement et de la rue. Il a depuis échappé de peu à une motion de destitution soumise au vote de l’Assemblée nationale, sauvé par son parti. Mais l’opposition a prévu de retenter le coup samedi.
L’ancien ministre de la Défense a essayé de se pendre
Mercredi, un responsable des services pénitentiaires a rapporté que l’ex-ministre de la Défense en poste au moment de l’éphémère déclaration de la loi martiale, Kim Yong-hyun, avait tenté de se suicider en détention quelques minutes avant son arrestation formelle, permise par la délivrance d’un mandat contre lui.
Mardi soir, peu avant minuit (15h GMT), «l’ancien ministre de la Défense Kim Yong-hyun a fait une tentative de suicide au centre de détention de Dongbu, à Séoul», a dit le commissaire-général Shin Yong-hae, lors d’une audition parlementaire. «Il a été confirmé que Kim Yong-hyun a essayé de se pendre», a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué transmis à l’AFP, assurant que son état de santé actuel était bon.
Accusé d’avoir joué un rôle «crucial lors d’une rébellion» et commis un «abus de pouvoir pour entraver l’exercice de droits», M. Kim était déjà en détention depuis dimanche, mais un mandat était nécessaire pour la prolonger. Il est actuellement sous protection et en bonne santé, selon M. Shin.
Première réaction de la Corée du Nord
Sous le coup d’une enquête pour «rébellion», l’impopulaire président Yoon, 63 ans, a interdiction de quitter le territoire, tout comme l’ancien ministre de la Défense, l’ex-ministre de l’Intérieur et le commandant de l’éphémère loi martiale. «L’entière responsabilité de la situation ne repose que sur moi», a affirmé mardi Kim Yong-hyun, dans un communiqué porté par ses avocats, indiquant qu’il s’excusait «profondément».
Cho Ji-ho, le commissaire-général de l’Agence de la police nationale, ainsi que le chef de l’Agence de la police métropolitaine de Séoul, Kim Bong-sik, ont aussi été arrêtés tôt mercredi, selon la police.
En matinée, les médias d’État nord-coréens ont réagi pour la première fois. L’acte «choquant de la marionnette Yoon Suk Yeol, qui fait face à une destitution et à une crise de gouvernance, déclarant soudainement un décret de loi martiale et brandissant sans hésitation les armes à feu et les couteaux de sa dictature fasciste, a semé le chaos dans toute la Corée du Sud», ont-ils écrit.
Provoquer un casus belli avec le Nord
M. Yoon, sans cesse mis en échec par une Assemblée nationale largement acquise à l’opposition, avait justifié sa décision d’imposer la loi martiale par sa volonté de protéger la Corée du Sud des «forces communistes nord-coréennes» et d’«éliminer les éléments hostiles à l’Etat».
Des hélicoptères et des soldats avaient été déployés au Parlement pour empêcher les députés de s’y réunir et de voter la levée de son décret. Mais 190 d’entre eux étaient parvenus à entrer et à adopter à l’unanimité la fin de cet état d’exception.
L’ex-ministre de la Défense Kim Yong-hyun a été accusé par des parlementaires de l’opposition d’avoir ordonné d’envoyer des drones à Pyongyang, dans une tentative apparente de créer un casus belli avec le Nord, qui aurait servi de prétexte pour proclamer la loi martiale. Ces députés l’ont aussi accusé d’avoir appelé à frapper des sites de lancements de ballons de déchets nord-coréens, qui ont volé par milliers vers le Sud à partir de mai.
Plan de sortie
Mardi, un groupe de travail du Parti du pouvoir au peuple (PPP) de M. Yoon a proposé une feuille de route sur le retrait du président. Elle envisage la démission de Yoon Suk Yeol en février ou en mars, avec une nouvelle élection présidentielle en avril ou en mai. La proposition n’a pas encore été acceptée par la totalité du PPP.
Même si elle l’était, il est improbable que l’opposition renonce à une nouvelle motion de destitution.
Celle-ci n’aurait besoin que de huit défections dans le parti présidentiel pour pouvoir passer. Lors de la première tentative le 7 décembre, seuls deux élus du PPP avaient voté en faveur. Mais mardi, deux autres ont dit qu’ils feraient de même.
AFP