11 août 2014. Hollywood et le monde apprennent le décès de Robin Williams à l’âge de 63 ans. L’acteur a mis fin à ses jours, laissant derrière lui ses trois enfants, Zelda, Zachary et Cody, et sa troisième femme, Susan Schneider. Si l’annonce de sa mort prend tout le monde par surprise, son cercle proche sait pourtant que depuis quelques temps, rien ne va plus vraiment pour Robin Williams.
Dans Robin, un ouvrage consacré à l’acteur publié en 2018, Dave Itzkoff, reporter culture au New York Times, revient en effet sur les derniers moments de Robin Williams, et le déclin de ce dernier. Deux ans avant son suicide, l’acteur fait déjà face à de nombreux challenges. Du côté de sa carrière, qui n’est plus aussi prolifique qu’avant, et qui ne semble tendre que vers des rôles où Williams finit très souvent par mourir. Sa sitcom, The Crazy Ones, qui devait lui permettre de faire un retour triomphant à l’écran, peine quant à elle à trouver son audience sur CBS. Pour les besoins de cette dernière, Robin Williams vit seul à Los Angeles, dans un appartement modestement meublé qu’il loue. Il est loin de sa famille et de sa troisième compagne, qu’il a épousée en 2011 et qui, a contrario de sa seconde femme, est indépendante et ne gère pas les affaires quotidiennes de l’acteur. « Je m’en veux de ne pas lui avoir rendu visite à ce moment-là », confie Zachary « Zak » Williams dans Robin. « Parce que je pense que c’était une période très solitaire pour lui. Rétrospectivement, j’ai l’impression que j’aurais dû être là, passer du temps avec lui. Parce qu’une personne qui avait besoin de soutien ne recevait pas le soutien nécessaire. »
Et puis il y a ces soucis de santé, ce corps si agile qui ne répond plus aussi bien qu’avant : crampes d’estomac, indigestion, troubles de la vision, sommeil perturbé, tremblements, sautes d’humeur… Robin Williams subit mille maux, pour la plus grande inquiétude de son épouse. « C’était un défilé sans fin de symptômes », se souvient Susan Schneider dans Robin. « C’était comme jouer aux devinettes. Quel sera le symptôme du mois ? Je me suis demandée si mon époux n’était pas hypocondriaque. » Si Robin Williams reste évasif sur sa santé, son entourage amical comme professionnel voit bien que tout n’est pas rose : l’actrice Pam Dawber, invitée lors d’un épisode de The Crazy Ones, se souvient avoir dit à son époux que l’acteur avait « perdu l’étincelle », et que « quelque chose [n’allait] pas. »
Une lente descente aux enfers
Ce n’est que le 28 mai 2014 que la médecine met enfin des mots sur les maux : on diagnostique à Robin Williams la maladie de Parkinson, un mal dégénérescent qui attaque le système nerveux et touches les fonctions motrices et cognitives. Pour l’acteur, c’est le choc ; le voilà face « à l’une de ses plus grandes peurs », comme l’explique Dave Itzkoff dans son ouvrage : celle d’être atteint d’une maladie qui va peu à peu lui voler ses facultés, le menant éventuellement jusqu’à la mort. L’interprète de Madame Doubtfire ne dévoile ce diagnostic qu’à son cercle proche : ses enfants, ses amis les plus intimes et quelques contacts professionnels en qui il a toute confiance. Mais de sa souffrance, il ne partage rien, comme le révèle Zak dans Robin : « C’était très difficile de voir quelqu’un souffrir en silence. »
La maladie de Parkinson bouleverse le quotidien de l’acteur : agité, il refait le film de sa vie, culpabilise d’avoir fait souffrir ses enfants suite à son divorce avec sa seconde épouse, passe ses nuits à cogiter. Mais Robin Williams ne veut pas se laisser abattre non plus, et voit un thérapeute, en plus de pratiquer l’auto-hypnose que lui a apprise un spécialiste de Stanford, et de faire des exercices avec un coach sportif. En juin, le voilà qui entre en réhabilitation au sein du Dan Anderson Renewal Center, qui soigne entre autres les addictions à la drogue et à l’alcool. L’acteur lui, veut s’occuper de sa tête et son corps, même si l’une de ses amies, Wendy Asher, confie dans Robin que ce dernier buvait à son entrée en clinique. « Ce n’était pas le problème. Il s’agissait d’un problème médical. Susan pensait que tout pourrait être réglé via les Alcooliques Anonymes, mais ce n’était pas vrai. »
Des derniers jours tragiques
Sorti de cure, Robin Williams fête ses 63 ans, mais s’éloigne de plus en plus de son cercle d’amis, comme de son épouse, qui ne le reconnaît pas. Plus rien ne semble le faire réagir, il connaît des moments d’absence, a souvent le regard dans le vide. Dans la soirée du 10 août, Susan Schneider se met au lit, pendant que son mari reste debout, fait du rangement dans son dressing, avant de se coucher de son côté (le couple fait chambre à part depuis un moment), un iPad à la main, sur lequel il compte lire. « Il avait l’air d’aller mieux », dira plus tard Susan Schneider. « Il avait l’air d’être sur le chemin de quelque chose. » Le lundi 11 août, elle se réveille avant l’acteur, qui garde porte close, et décide de le laisser dormir, partant faire des courses. Aux alentours de 11h, Rebecca, l’une des managers de Robin Williams, et Dan, son époux, s’inquiètent de ne pas le voir émerger. Après plusieurs tentatives de prendre des nouvelles de l’acteur, Rebecca envoie un sms à Susan Schneider pour la prévenir qu’elle compte réveiller son époux. À l’aide d’un trombone, elle déverrouille la porte de la chambre de Robin Williams, et découvre le corps sans vie de ce dernier, qui s’est pendu à l’aide d’une ceinture.
Ce n’est que sept ans après son suicide que Susan Schneider prend la parole, revenant pour la première fois sur la mort de son époux dans les colonnes du Guardian. La troisième femme de Robin Williams révèle alors que le comédien souffrait de la maladie à corps de Lewy (MCL), qui est semblable à Parkinson et Alzheimer, et que les médecins n’avaient pas diagnostiquée à l’époque. La MCL serait ainsi responsable de 10 à 15% des cas de démence, et compte parmi ses symptômes l’anxiété, la perte de mémoire ou encore l’hallucination. « Les caractéristiques de la MCL sont très diverses et changeantes : elles ne surviennent pas toutes en même temps, elle alternent. Cela vous plonge dans la confusion, tant pour les médecins que le patient », avait-elle ainsi expliqué. Pour Susan Schneider, c’est cette maladie qui a poussé Robin Williams à mettre fin à ses jours le 11 août 2014 : « Je crois que c’était de peur qu’on ne l’enferme et qu’il ne retrouve plus jamais sa liberté. » Avec cet entretien-fleuve, Schneider a souhaité mettre fin une bonne fois pour toutes aux rumeurs qui entouraient le décès de son époux, et mettre en lumière cette maladie méconnue qui, « avec un traitement adapté et le soutien nécessaire, offre de belles années aux personnes qui en souffrent. »
Source: vanityfair
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