Un chef de la Tijaniyya a été enlevé au Mali par le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda, jeudi 26 décembre. La confrérie musulmane, très implantée en Afrique de l’Ouest, joue souvent un rôle d’intermédiaire avec les pouvoirs politiques.
Au Mali, un chef religieux de la Tijaniyya, confrérie très présente en Afrique de l’Ouest, a été enlevé par le groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (le JNIM), affilié à Al-Qaïda, jeudi 26 décembre. Le rapt du calife général de la localité malienne de Nioro, Amadou Hady Tall, a été revendiqué par le JNIM, samedi 28 décembre, dans un message audio qui circule sur les réseaux sociaux.
Ils le considèrent comme un « adversaire » des djihadistes, pour ses positions en faveur du camp des autorités maliennes. Sa confrérie religieuse, la Tijaniyya, est le groupe soufi le plus important en Afrique de l’Ouest.
Elle trouve pourtant ses origines au nord du continent, entre l’Algérie et le Maroc qui se disputent sa paternité. Son fondateur, Ahmed Tidjani (1737-1815), établit la confrérie dans sa ville natale Aïn Madhi, dans le sud de l’Algérie. Mais à sa mort, il est enterré au Maroc voisin, à Fès, où son mausolée fait depuis l’objet d’un important pèlerinage.
Au Maghreb, la confrérie a un impact limité. Elle a surtout vite traversé le Sahara pour s’implanter en Afrique de l’Ouest : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Sénégal…
Un rôle d’intermédiaire
La Tijaniyya, à sa création, s’inscrit dans un souffle de renouveau de l’islam. Elle se caractérise « par le surgissement de figures, de réseaux, de structures, qui, par-delà leur diversité, ont en commun une forte démarche éducative, missionnaire et militante, et une révérence particulière à l’égard du Prophète, de son modèle et de son enseignement », explique l’historien français Jean-Louis Triaud dans son ouvrage « La Tijaniyya : Une confrérie musulmane à la conquête de l’Afrique ».
Selon les régions, les engagements de la Tijaniyya peuvent varier. Mais elle joue souvent un rôle de médiation ou d’intermédiaire avec les différents pouvoirs politiques. Le JNIM met d’ailleurs une condition à la libération du chef religieux malien, Amadou Hady Tall : il doit prendre l’engagement de rompre toute relation avec les autorités maliennes.
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