Règlement européen anti-déforestation 2025 : La RDC face à des défis majeurs pour son économie et ses exportations de café et cacao

La République Démocratique du Congo (RDC) se prépare à l’entrée en vigueur, fin 2025, du règlement européen visant à lutter contre la déforestation et la dégradation des forêts. Ce règlement imposera aux importateurs européens de prouver que les produits liés à la déforestation, comme le café, le cacao, l’huile de palme, et d’autres matières premières, ne proviennent pas de terres déboisées après 2020.

Si les exportations congolaises de café et de cacao venaient à être exclues du marché européen, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques sur l’économie du pays.

Le règlement européen et ses enjeux pour la RDC

À moins d’un an de l’entrée en vigueur de ce règlement, qui pourrait affecter plusieurs produits agricoles de la RDC, le gouvernement de Kinshasa cherche activement à répondre aux exigences de l’Union européenne (UE). La RDC est un acteur majeur de l’exportation de café et de cacao en Europe, deux produits susceptibles de se retrouver au cœur de cette réglementation en raison de leur lien avec la déforestation, notamment dans le contexte de pratiques agricoles intensives.

Le gouvernement congolais se défend toutefois en soulignant que son territoire dispose de vastes zones agricoles distinctes de ses immenses forêts.

Avec 80 millions d’hectares de terres arables et 155 millions d’hectares de forêts, la RDC rappelle que la gestion de ses ressources naturelles est un enjeu crucial pour le pays. De plus, le taux de déforestation annuel y est relativement faible, estimé à seulement 0,03 %. Le pays met également en avant l’argument que la culture du café et du cacao participe activement à des initiatives de reforestation, ce qui pourrait, selon lui, être un atout pour satisfaire les critères européens.

Stratégies de diversification et mesures en préparation

Pour rassurer l’UE, la RDC envisage plusieurs mesures qui pourraient renforcer sa position, telles que la mise en place d’une certification nationale de la production agricole, qui garantirait la traçabilité et la durabilité des produits. Un autre projet ambitieux consiste à établir un couloir vert reliant le Kivu à Kinshasa, avec une cartographie détaillée des zones agricoles, forestières et urbaines.

Cette initiative vise à mieux planifier le développement économique tout en préservant les forêts congolaises.

Par ailleurs, la RDC prévoit également le lancement du Kinshasa Mercantile Exchange, une bourse destinée à réguler les prix des produits agricoles, afin de mieux contrôler l’économie du secteur et de soutenir les producteurs locaux. Ces initiatives s’inscrivent dans une vision plus large pour diversifier l’économie congolaise, aujourd’hui largement dépendante des exportations de cobalt et de cuivre.

L’ambition de tripler la production de cacao d’ici à 2030

Dans cette optique de diversification, la RDC a des ambitions de croissance pour le secteur du cacao. Le pays prévoit d’augmenter sa production de cacao de 150 000 tonnes à 3 millions de tonnes par an d’ici à 2030, ce qui permettrait de développer une filière plus rentable et moins dépendante des mines. Cette initiative fait partie d’une stratégie plus large pour booster des secteurs agricoles durables et renforcer les exportations vers de nouveaux marchés internationaux, tout en réduisant la dépendance à l’UE.

Diversification des débouchés : vers de nouveaux marchés internationaux

Parallèlement, la RDC cherche à diversifier ses partenariats commerciaux, avec un focus particulier sur les États-Unis, l’Inde et la Chine. Ce changement stratégique vise à réduire la dépendance du pays à l’exportation de ses ressources naturelles vers l’Europe et à ouvrir de nouvelles opportunités économiques pour ses produits agricoles. L’objectif est de sécuriser l’avenir économique du pays face aux évolutions de la réglementation européenne et aux risques potentiels pour son marché d’exportation traditionnel.

La RDC à un tournant stratégique

Alors que la RDC se prépare à répondre aux exigences du règlement européen de lutte contre la déforestation, elle met en place des stratégies pour préserver son environnement tout en développant des secteurs agricoles durables. L’avenir du cacao, du café et d’autres produits agricoles congolais dépendra en grande partie de la capacité du pays à concilier croissance économique et préservation des forêts.

Le défi est de taille, mais la RDC semble déterminée à diversifier son économie et à explorer de nouveaux horizons commerciaux pour sécuriser sa place dans un marché global de plus en plus tourné vers la durabilité.

VivAfrik

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