Le secteur du cacao, essentiel pour de nombreuses économies, notamment en Afrique de l’Ouest, traverse une période cruciale de transformation. Dans ce contexte, le « Dossier Cacao 2024 », réalisé par la Commission Cacao du collectif Commerce Équitable France et deux partenaires ouest-africains, examine les voies à suivre pour rendre la filière cacao plus juste, durable et équitable.
Ce dossier aborde trois grands axes : la mise en œuvre retardée du règlement européen sur la déforestation, la volatilité des prix du cacao sur le marché mondial, et les stratégies de transition écologique pour favoriser des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement.
1. Le règlement européen et la lutte contre la déforestation
L’un des grands défis de la filière cacao reste la déforestation, liée à l’expansion des plantations de cacao dans des zones tropicales sensibles. Le « Dossier Cacao 2024 » évoque le règlement européen visant à interdire l’entrée sur le marché européen de produits liés à la déforestation, comme le cacao, le café ou l’huile de palme. Ce règlement, censé entrer en vigueur en 2023, a été retardé et suscite des inquiétudes sur son efficacité, en particulier dans les pays producteurs de cacao comme la Côte d’Ivoire et le Ghana.
Le commerce équitable joue un rôle clé dans cette transition, en incitant les producteurs à adopter des pratiques agricoles durables et en garantissant un prix juste pour le cacao.
Cependant, la mise en œuvre du règlement européen doit être inclusive, c’est-à-dire qu’elle doit inclure les petits producteurs, souvent marginalisés, et les accompagner dans la transition vers une production respectueuse de l’environnement. Selon les experts, un cadre réglementaire clair et des mécanismes de financement adaptés sont nécessaires pour soutenir cette transition et garantir que les producteurs ne soient pas pénalisés.
2. La volatilité des prix du cacao et ses impacts socio-économiques
Un autre enjeu majeur souligné par le dossier est la forte volatilité des prix du cacao sur le marché mondial. Cette instabilité des prix, causée par des facteurs multiples tels que les conditions climatiques, la demande fluctuante et les tensions économiques, crée des incertitudes pour les producteurs. Beaucoup d’entre eux, surtout dans les régions les plus vulnérables, sont plongés dans une précarité économique qui les empêche de faire face aux défis environnementaux.
Les membres de la Commission Cacao soulignent que la volatilité des prix contribue à l’instabilité des revenus des producteurs et à la pauvreté des communautés agricoles.
Le commerce équitable, en garantissant un prix minimum et des primes de développement, permet de stabiliser les revenus des producteurs et de financer des initiatives en faveur du développement durable. Cependant, cette approche doit s’accompagner de politiques publiques fortes pour garantir la stabilité à long terme des prix et pour éviter les fluctuations destructrices du marché.
3. Les stratégies de transition écologique pour une agriculture durable
L’un des objectifs du « Dossier Cacao 2024 » est de mettre en lumière les stratégies de transition écologique pour une agriculture du cacao plus respectueuse de l’environnement. Parmi les solutions proposées, on retrouve la diversification des cultures, l’agroforesterie et la réduction de l’utilisation des produits chimiques. L’agroforesterie, qui consiste à intégrer des arbres dans les plantations de cacao, permet de restaurer les écosystèmes locaux, de protéger la biodiversité et de séquestrer le carbone.
La formation des producteurs à des pratiques agricoles durables, en particulier en matière de gestion des sols, d’utilisation des ressources en eau et de protection des forêts, est également un élément clé de la transition.
Le commerce équitable, en facilitant l’accès à la formation et à des techniques agricoles innovantes, joue un rôle crucial dans la mise en œuvre de ces pratiques. Des projets de reforestation et des programmes de certification de la durabilité du cacao deviennent également des outils précieux pour accompagner les producteurs dans cette transition.
4. Une transition inclusive : la nécessité d’impliquer les producteurs locaux
Enfin, le « Dossier Cacao 2024 » met l’accent sur l’importance d’une transition inclusive, qui tienne compte des réalités sociales et économiques des producteurs de cacao. L’inclusion des petits producteurs dans les processus décisionnels et la mise en œuvre des réglementations est essentielle pour garantir l’efficacité de ces réformes.
De plus, il est impératif que ces producteurs bénéficient d’un soutien technique et financier suffisant pour pouvoir accéder aux nouvelles technologies, aux formations et aux certifications de durabilité.
La filière cacao, dans son ensemble, doit être repensée pour favoriser une approche plus équitable, avec des prix justes et une production respectueuse de l’environnement. Il est urgent de mettre en place des solutions concrètes pour accompagner les producteurs dans cette transition et garantir que cette transformation profite à tous les acteurs de la filière.
Un avenir juste et durable pour la filière cacao
Les transitions nécessaires pour une filière cacao juste et durable sont complexes et multidimensionnelles. Elles exigent des actions concertées de la part des gouvernements, des organisations de commerce équitable, des entreprises et des producteurs. Le « Dossier Cacao 2024 » propose des pistes de réflexion et des solutions pour une agriculture du cacao plus équitable, plus respectueuse de l’environnement et plus stable économiquement.
Si ces transitions sont mises en œuvre de manière inclusive et adaptée, elles pourraient permettre d’assurer un avenir durable pour la filière cacao, bénéfique à la fois pour les producteurs et pour les consommateurs.
VivAfrik