Après une année 2024 marquée par de profondes transformations, l’Afrique aborde 2025 avec des défis sur les plans politique, économique et diplomatique.
Plusieurs événements clés façonneront l’évolution du continent africain, influençant aussi bien les dynamiques internes que les relations internationales. Voici cinq grandes tendances à surveiller cette année dans le domaine des politiques publiques.
1- Elections présidentielles : des scrutins décisifs en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Gabon et en Tanzanie
L’année 2025 sera marquée par quatre élections présidentielles majeures, chacune soulevant des enjeux de gouvernance et d’alternance.
En Côte d’Ivoire, l’avenir politique reste incertain. Alassane Ouattara, après trois mandats, n’a pas encore exclu l’option d’un quatrième mandat tandis que l’opposition, portée par des figures comme Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan et Simone Ehivet Gbagbo, réclame une réforme du code électoral.
Au Cameroun, la principale interrogation concerne la candidature de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982 et aujourd’hui âgé de 91 ans. Son éventuelle reconduction suscite un vif débat, alors que Maurice Kamto a déjà annoncé sa participation au scrutin.
Au Gabon, l’élection d’août 2025 se tiendra dans un contexte particulier, après le coup d’Etat de 2023 qui a renversé Ali Bongo. Le président de la transition, Brice Oligui Nguema, a réformé la Constitution en renforçant les pouvoirs du chef de l’Etat, mais des incertitudes subsistent quant à sa volonté de céder le pouvoir à un gouvernement civil.
En Tanzanie, la présidente Samia Suluhu Hassan semble bien positionnée pour un second mandat, soutenue par une économie en croissance. Toutefois, des tensions persistent autour des droits de l’opposition et des libertés publiques.
2- Retrait des troupes françaises du Sénégal et de la Côte d’Ivoire
Après le départ des forces françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la réévaluation des bases militaires françaises en Côte d’Ivoire et au Sénégal marque une nouvelle étape dans la coopération militaire entre la France et l’Afrique de l’Ouest.
En décembre 2024, Alassane Ouattara a annoncé la restitution à la Côte d’Ivoire de la base du 43e Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMA), tandis que le Sénégal a exprimé sa volonté de mettre fin à la présence militaire française sur son territoire.
Ces décisions s’inscrivent dans un mouvement plus large de redéfinition des partenariats stratégiques, où la souveraineté militaire devient un enjeu central pour plusieurs Etats africains. Reste à voir comment ces retraits seront organisés et quels impacts ils auront sur la coopération sécuritaire régionale.
3- La sortie effective du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO
Actée en décembre 2024, la sortie du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO devient effective en janvier 2025. L’Alliance des Etats du Sahel (AES), formée par ces trois pays, a rejeté la proposition de délai supplémentaire offerte par l’organisation sous-régionale.
Les mois à venir permettront d’évaluer l’impact de cette décision sur la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que sur les relations économiques et diplomatiques avec les autres pays de la CEDEAO. Certains Etats, comme le Bénin, le Ghana et le Togo, ont exprimé leur volonté de maintenir des liens avec l’AES, tandis que celle-ci envisage de nouvelles structures de coopération régionale.
4- Les premières orientations de la nouvelle administration Trump
Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier 2025, les relations entre les Etats-Unis et l’Afrique entreront dans une nouvelle phase.
Si l’Afrique n’a pas toujours été une priorité pour l’ancien président américain, plusieurs décisions attendues en 2025 auront un impact direct sur le continent.
Parmi elles figurent le renouvellement de l’AGOA, un programme clé pour les exportations africaines vers les Etats-Unis, les investissements dans les ressources stratégiques comme les minerais critiques et les infrastructures telles que le corridor de Lobito. Par ailleurs, les politiques migratoires et commerciales de la nouvelle administration, qui pourraient être durcies, seront scrutées de près.
Les premiers mois de ce second mandat seront déterminants pour comprendre la direction que prendront les relations entre Washington et l’Afrique.
5- La question de la dette africaine
Depuis la covid-19, la dette africaine est au centre des préoccupations économiques. En 2024, l’ONU a estimé le service de la dette extérieure africaine à un montant record de 89,4 milliards de dollars.
Plusieurs pays, comme le Ghana, la Zambie et l’Ethiopie, ont entamé des restructurations dont les résultats devraient commencer à se concrétiser en 2025.
Les analystes surveilleront l’évolution des taux d’intérêt internationaux, qui influencent le coût du financement pour les Etats africains, ainsi que le retour possible des pays africains sur les marchés financiers après une période d’incertitude. Alors que l’économie mondiale demeure instable, la capacité des Etats africains à accéder à des financements durables sera un enjeu clé cette année.
Au-delà de ces cinq événements majeurs, d’autres sujets mériteront une attention particulière en 2025.
En République démocratique du Congo, la perspective d’un changement constitutionnel pourrait susciter d’importants débats. Les sommets économiques internationaux joueront un rôle central dans les discussions sur le développement du continent. Les défis sécuritaires et climatiques quant à eux continueront d’influencer les politiques nationales et régionales.
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