Une nouvelle question facultative portant sur le lieu de naissance des parents va être posée lors de la campagne annuelle de recensement de l’Insee. Cinq syndicats et associations s’y opposent, disant craindre une instrumentalisation de ces données à des fins discriminatoires.
Cinq syndicats et associations appellent depuis décembre les personnes recensées à ne pas répondre à la nouvelle question portant sur le lieu de naissance des parents, introduite à partir de cette année par l’Insee, craignant une instrumentalisation politique, alors que la campagne nationale de recensement annuelle débute jeudi 16 janvier.
« Diffuser des chiffres par pays de naissance des parents aux niveaux géographiques fins, c’est en premier lieu donner à penser que ce comptage localisé est important pour décrire la population de notre pays », dénoncent dans un communiqué la Ligue des droits de l’homme (LDH), le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), ainsi que les syndicats (MRAP) CGT, FSU, Solidaires)
La question du questionnaire de recensement 2025 de l’Insee et les choix possibles, le 14 janvier 2025, « si la personne répond « en France’, une ligne de saisie du département de naissance apparaît ; si elle répond ‘à l’étranger’, une ligne de saisie du pays apparaît », précise l’institut.
La question du questionnaire de recensement 2025 de l’Insee et les choix possibles, le 14 janvier 2025, « si la personne répond « en France’, une ligne de saisie du département de naissance apparaît ; si elle répond ‘à l’étranger’, une ligne de saisie du pays apparaît », précise l’institut. © Insee
« Aujourd’hui, c’est l’extrême droite qui veut faire lire la réalité du pays au travers d’une identité liée à une origine géographique.
Non pas pour lutter contre les discriminations, mais pour faire croire à un ‘grand remplacement’ avec des territoires qui ‘sortiraient de la République’ du fait de telles origines », dénoncent-elles.
Une question facultative
« Nous ne sommes pas contre cette question, mais pas dans un questionnaire sur le recensement. Que l’on nous dise quelle politique ne pourrait pas être menée sans ces chiffres? », demande Jan Robert Suesser, membre du bureau national de la LDH, interrogé par l’AFP.
Interrogée sur le sujet, l’Insee qui présentait mardi le recensement annuel de la population avait expliqué que cette question introduite dans le prochain bilan démographique était facultative.
Elle permettra « de connaître la diversité des origines des personnes vivant en France y compris au niveau des territoires, et d’étudier la variété des situations selon l’origine, ainsi que les mobilités géographiques au fil des générations », avait justifié l’Institut national de la statistique.
« Cette question va permettre au fil de l’histoire familiale de savoir si les personnes retournent habiter dans le département où sont nés leurs parents », avait précisé Muriel Barlet, responsable du département de la démographie à l’Insee lors d’une conférence de presse.
Donnée présente dans d’autres enquêtes
« Cette question est présente dans d’autres enquêtes de la statistique publique »(notamment celles de l’emploi ou trajectoire et origine), avait également relevé la responsable, ajoutant qu’elle avait été rendue facultative après que des personnes interrogées (4 à 5%) ont dit être gênées par la question car elles ne connaissaient pas leurs parents ou parce qu’elles ne savaient pas où leurs parents étaient nés.
« Cela ne saurait suffire à protéger les personnes ayant une origine familiale située à l’étranger des utilisations délétères résultant de cette question dans le bulletin du recensement », insistent associations et syndicats qui interpellent les maires afin qu’ils alertent leurs administrés sur cette question.
AFP