Après les révélations concernant la vente du bail de l’académie de l’Olympique lyonnais à la présidente de sa section féminine, le club rhodanien essaierait-il de se débarrasser de sa plus grosse machine à trophées ? Et si oui, dans quel intérêt ? Alors que les Fenottes affrontent le Paris Saint-Germain ce samedi soir (21h), difficile d’y voir clair.
C’est peu dire que pour le Stade de Reims, la victoire aux tirs au but face à l’Olympique lyonnais en 16es de finale de la Coupe de France (0-0, 10-9 TAB) a été un double exploit.
Déjà, parce que s’offrir le scalp des décuples vainqueurs de la compétition n’est pas donné à tout le monde, mais aussi – et surtout – parce que la section féminine du club champenois fait partie, comme le rappelle L’Équipe, des plus grosses victimes des restrictions financières imposées aux équipes de D1 (masculine) : entre le départ de l’entraîneuse historique Amandine Miquel pour Leicester et celui de 12 joueuses en début de saison, la diminution drastique de la masse salariale et six défaites consécutives pour démarrer l’exercice 2024-2025, rien ne saurait minimiser cette victoire ô combien symbolique pour les Marnaises.
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— Stade de Reims (@StadeDeReims) January 12, 2025
En face, c’est une autre limonade.
Logiquement sonnées quand elles sont habituées à démarrer chaque saison avec l’objectif du triplé championnat, Coupe, Ligue des champions, les Lyonnaises ont déjà grillé une cartouche. Pas de quoi non plus complètement s’affoler. En D1, l’OL sort d’une victoire sans forcer face à Dijon (2-0) et compte désormais cinq points d’avance sur le rival parisien, freiné dans le même temps par Fleury (0-0).
Dire que le « choc » de ce samedi soir sera capital semble un poil exagéré, car, même en cas de victoire au Parc des Princes, les Parisiennes compteraient toujours deux unités de retard sur les leaders du classement, et avec l’introduction du Final Four, la saison régulière n’est plus seule juge du résultat final.
Il en va de même en Ligue des champions : malgré un resserrement global de la concurrence à l’échelle européenne, les Fenottes ont terminé leur phase de groupes par un score parfait (18 points sur 18 possibles) devant Wolfsburg, la Roma et Galatasaray et comptent toujours parmi les grandissimes favorites avant le tirage au sort de la phase finale, prévu le 7 février. Dit autrement, même sans le triplé prévu, l’OL a encore une chance de terminer sa saison en faisant honneur à son statut.
L’indépendance jusqu’où ?
Malgré ça, il semblerait que la direction lyonnaise souhaite mettre un peu plus à l’écart les bijoux de sa couronne, qui lui ont tout de même rapporté la bagatelle de 28 titres depuis le dernier de l’équipe première masculine (le Trophée des champions 2012, pour rappel). Le week-end dernier, L’Équipe révélait en effet que John Textor, de par sa volonté de recentrer ses efforts autour de l’équipe pro, serait sur le point de céder le bail de l’Académie des Gones à Michele Kang, présidente de la société détentrice de la section féminine à hauteur de 52%, dans le but de rapprocher les espoirs lyonnais des pros en les rapatriant à Décines.
Ce qui ressemble à un joli deal (20 millions dans les caisses de l’OL contre la possibilité pour Kang de construire le stade de 15 000 places dont elle rêve pour son équipe) relèverait plutôt du cadeau empoisonné : le terrain est en effet situé à Meyzieu, soit à 45 minutes de marche du Groupama Stadium (ou 30 minutes en transport), perdu entre un centre aquatique et un Carrefour Market. Autrement dit, on est loin d’un cadre attrayant pour un public qui, malgré des chiffres de fréquentation des stades de D1 en hausse, peine à franchir le pas d’assister à des matchs de football féminin journée après journée.
Dès lors, une question se pose : si ce nouvel éloignement devait être confirmé, quel serait l’avenir de la section féminine d’un Olympique lyonnais qui semble de moins en moins attaché à conserver ses bijoux de famille ? Cette dernière aurait-elle seulement intérêt à rester liée à un club en pleine crise, sur le terrain comme en dehors, et toujours sous la menace d’une relégation à titre conservatoire en Ligue 2 ?
À l’inverse, Michelle Kang pourrait tenter le pari de recréer ex nihilo une structure indépendante et centrée à 100% sur le football pratiqué par les femmes, en consolidant notamment le partenariat signé à son arrivée avec les Spirits de Washington (qu’elle possède également), un projet venu remplacer celui du défunt OL Reign, qui a, depuis l’été dernier, repris le nom de la ville de Seattle où il est basé.
Ce serait évidemment un grand coup d’épée dans l’eau, mais au moins, le potentiel ex-OL opérerait une petite révolution dans le milieu en allant à contre-courant de la tendance des clubs masculins qui traitent leur section féminine comme des faire-valoir.
sofoot